28.10.08

603 - Emilie Lesbros




Cet été, Émilie était à Assier.

(Diane, même si tu ne le sais pas, j'emprunte tes photos, vu qu'il est difficile d'en trouver. Merci beaucoup !)

Bientôt, d'autres nouvelles d'Emilie. Très bientôt !

Émilie & Fonetic.
Puis Emilie & Rosa.

.... @ suivre car là, pour ce soir, c'est suffisant.

602 - eRikm & Akosh S


Zufall (hasard) est un album construit à partir de l'enregistrement de deux concerts, l'un au Point Ephémère (Paris) et l'autre aux Halles de Scharbeek (Bruxelles).

Akosh S. saxophones ténor et soprano, clarinette basse, clarinette métal, Kalimba, cloches, bombarde Tibétaine
eRikm . platines + électronics & sampling live

Quand 2 improvisateurs / sculpteurs de sons croisent leurs arts, leurs sons et leurs souffles ! Loin, très loin de la tiédeur qui enveloppe nos oreilles, nous assistons éblouis à une alchimie en marche, un "work in progress" qui n'est ni recherche d'une voie moyenne, ni lutte de pouvoir, ni même exercice de style.

Un véritable dialogue perce, même s'il met du temps à s'installer. Mais tout ce temps mis en oeuvre EST la base même de ce dialogue, qui a le mérite d'être.
Ce n'est pas tous les jours que des éclats de lumières jaillissent de la matière sonore triturée, malaxée, exhumée, improvisée et (dois-je préciser ?) venue d'ailleurs.

(lien là où vous savez)

27.10.08

601 - Matt Elliott "Howling Songs"


Après Drinking & Failing, voici le troisième alboume de la trilogie "songs".

Intense, magistral, en phase avec notre monde stupide et désespérant, Matt Elliott poursuit son chemin avec une force inouïe, celle de sa belle musique poignante et de sa voix chaleureuse
encore plus belle qu'avant.

Un artiste engagé dans le monde d'aujourd'hui, un témoin qui affirme "sa manière d'Etre au Monde" en empruntant le chemin de l'Art.


(lien là où vous savez)

6 Cent - Sidsel Endresen "Live Bergen 21 11 1990 - Si I write Tour"



Sidsel Endresen - voc
Nils Petter Molvaer - trumpet
Jon Christensen - drums
Jango Bates - piano

1. Titre inconnu
2. Titre inconnu
3. This is the movie
4. Happiness
5. Words
6. Titre inconnu
7. Spring
8. Don't worry, it's only cetchup (working title)
9. Dreamland
10. Intro N.P. Molvaer - Truth
11. Horses in Rain
12. Titre ionconnu
13. Amelia (Joni Mitchell)

Il y a déjà 18 ans.
Je sais, il y a une traque pour la nouveauté, sur-consommation pseudo-hédoniste érigée en dogme.
J'y participe, n'empêche qu'il faut absolument freiner.
Prendre le temps, en passant.
Sidsel nous aide.
Immensément.

liens là où vous savez

26.10.08

599 - Le traitement des étrangers, c'était pire demain

598 - Mike Westbrook Orchestra "On Duke's Birthday"


Mike Westrbrook : piano, compositions, arrangements
Tony Marsh : batterie
Steve Cook : basse
Brian Godding : guitare
Dominique Pifarely : violon
Georgie Born : violoncelle
Chris Biscoe : saxophones alto, soprano, baryton, piccolo, clarinette alto
Danilo Terenzi : trombone
Kate Westbrook : cor ténor, piccolo, flûte en bambou, voix
Phil Minton : trompette, voix
Stuart Brooks : trompette, bugle.

Checking in at Hôtel Le Prieuré
On Duke's birthday 1
East Stratford too-doo
On Duke's birthday 2
Music is…

En ces temps lointains où la musique était création (elle l'est encore aujourd'hui, mais il y avait plus de possibilités pour les festivals de mettre en oeuvre des créations au lever de ces années 1980, car les budgets étaient un peu supérieurs à ceux de maintenant, sachant qu’aujourd’hui n'y a des fonds que pour ceux réussissent ce tour de magicien de faire disparaître en quantité immense et colossale … de l’argent !), un musicien anglais nommé Mike Westbrook pouvait donc donner des ailes à ses projets, là, sur scène, pour de vrai, en proposant un jazz contemporain et populaire.

Cet alboume dédié à Duke Ellington est né pour le festival d'Amiens et celui d'Angoulême (les spécialistes pourront peut-être me le préciser, si je m'égare).

Soyons précis, il n’y a pas là de reprise de thèmes de Duke Ellington, mais bien d’un hommage. Les musiques sont celles de Mike Westrook, librement inspirées de l’œuvre de Duke.

Et c’est une réussite. Belle, ample, avec des combinaisons et des tessitures riches (voyez l’impressionnante liste des membres de ce "band" héroïque ! C'est réellement hallucinant : comment réunir autour d'un "projet" autant de talents, voilà ce qui est difficile aujourd'hui...), avec des arrangements parfois stupéfiants de belles envolées.

Le temps est une des clés de cet alboume, les thèmes viennent de loin, cheminent lentement, prennent leur temps.

Et vous savez bien que ce temps lent est l’une des voies préférées des passantes.


(lien là où vous savez)

23.10.08

597 - Sécurité Sociale : privatisons !

SANTÉ PRIVATISÉE : FAUX-CULS CONTRE SÉCU
[Le Canard Enchaîné du mercredi 15 octobre 2008 – Prof. Canardeau]

Cela fait longtemps que les assureurs privés lorgnent la Sécurité Sociale. Mais cette fois, ils ne sont pas loin de marquer encore des points.

Récapitulons : le 28 juillet dernier, le gouvernement annonce qu’il va taxer les mutuelles à hauteur de 1 milliard d’euros sur leur chiffre d’affaires en 2009. La France en vacances se réjouit : on taxe les grosses entreprises ! Certes, mais en échange de cette taxe, la Mutualité française a obtenu une contrepartie de première importance et passée sous silence : la promesse de pouvoir accéder aux données de santé des français sous prétexte de pouvoir mieux « gérer le risque ».

Promesse confirmée le 18 septembre par le Président de la République dans son discours prononcé à Bletterans (Jura) : « Les complémentaires santé doivent contribuer à l’amélioration de la qualité des soins, à la gestion du risque et à la maîtrise de la dépense, dans l’intérêt des assurés ». Gestion du risque : qu’ès aco ?

Concrètement, mutuelles et assureurs privés revendiquent ces données pour savoir ce qu’ils remboursent et ajuster leurs contrats à chacun de leurs clients. Aujourd’hui, ils sont ce que l’on appelle des « payeurs aveugles » : ils remboursent en complément de la Sécurité Sociale sans savoir de quel médicament ou de quelle consultation de spécialiste il s’agit. Mais donner aux mutuelles, et surtout aux assureurs privés le droit de « gérer le risque », au moyen des données individuelles de santé, c’est leur donner la possibilité de sélectionner leur clientèle, de contrôler les prescriptions des médecins, de surtaxer les patients coûteux, d’exclure ceux qui consomment trop de médicaments, qui font trop d’examens, qui sont trop malades…

Et cela ressemble grandement au système de santé américain qui nous fait tous rêver : 47 millions d’américains sans couverture santé, des primes d’assurances privées tellement élevées que les inégalités dans l’accès aux soins sont devenues effrayantes. Bien sûr, en France, on a encore la Sécurité sociale comme assurance-maladie de base, qui couvre tout un chacun, quel qu’il soit, en respectant les principes de solidarité et d’universalité : chacun cotise selon ses revenus et se soigne selon ses besoins. Mais la part de la Sécu recule d’année en année, au profit des assurances complémentaires à la suite des déremboursements de médicaments, de la hausse du forfait hospitalier et de l’explosion des dépassements d’honoraires. Aujourd’hui, la couverture complémentaire est devenue essentielle pour accéder aux soins. Si celle-ci est entre les mains d’assureurs privés, ayant accès aux données de santé pour, comme ils disent « faire leur métier », on pourra parler d’un système privatisé.

Le 29 septembre dernier, le projet de loi de financement de Sécurité sociale (PLFSS) a été présenté par le gouvernement. L’accès aux données de santé n’y est alors pas évoqué ! Oubli ? NON : ruse. En ce moment, des lobbyistes du privé font circuler auprès des députés un projet d’amendement prévoyant que cet accès aux données pourra être accordé à « des organismes à but lucratif ou non » et « à des fins de gestion du risque ou pour des préoccupations de santé publique ». C’est sûr qu’après l’affaire du fichier Edvige, il n’était pas évident d’avancer à découvert. A quel moment, cet amendement va-t-il se glisser discrètement dans le débat parlementaire qui débute à l’Assemblée nationale le 15 octobre ? Quel député va le reprendre à son compte ?

En tout cas, nous voilà prévenus : loin du « grand débat » promis sur le financement de l’assurance-maladie, la « rupture » est du genre à s’avancer ni vu ni connu.

22.10.08

596 - Surveillance

595 - Hadopi et autres petites restrictions

Hadopi : 3.000 recommandés et 1.000 suspensions chaque jour !

Dans le cadre de son audition par la Commission des Affaires Culturelles du Sénat, Christine Albanel a avancé les objectifs chiffrés de la Haute Autorité pour la Diffusion des Oeuvres et la Protection des Droits sur Internet (HADOPI).

Comme l'avait déjà indiqué le futur président de la Haute Autorité, 10.000 courriels par jour devraient être envoyés aux abonnés à Internet dont l'accès à été utilisé pour mettre à disposition une oeuvre protégée. Par ailleurs, l'Hadopi devrait envoyer chaque jour 3.000 lettres recommandées aux abonnés récidivistes, et 1.000 décisions de suspension seront prises quotidiennement par l'Autorité, pour une durée de 3 mois à 1 an, qui pourra être réduite jusqu'à un mois en cas de négociation dont le cadre reste encore flou.

Ce qui permet de déduire que le ministère de la Culture mise sur une efficacité de 70 % des premiers messages de prévention, et de 90 % après réception de la lettre recommandée.

Mais ça permet surtout de constater l'effroyable mécanique que veut mettre en place le gouvernement. Quel est l'intérêt de placer trois magistrats à la tête de l'Hadopi s'ils doivent prendre 1000 décisions par jour ? Soit, pour une journée de travail de huit heures, plus d'une décision de suspension toutes les 30 secondes. On voit bien, par ce simple chiffre, l'absence complète d'étude des dossiers. Christine Albanel a d'ailleurs expliqué aux sénateurs dans un grand sourire que tout ceci se faisait "par de simples clics" entre les ayants droits, l'Hadopi et les FAI, par paquets. La seule intervention humaine sera de placer les courriers dans les enveloppes et de lécher les timbres.

Pour justifier le mécanisme, la ministre de la Culture a fait appel à de nombreuses reprises à la comparaison avec les infractions de la route, qui donnent lieu automatiquement à des retraits de points et, à épuisement, de permis. Mais Christine Albanel ne peut et ne doit pas feindre d'ignorer que les relevés d'infractions routières sont soumis à des exigences de preuves extrêmement stricts, qui ne laissent pas de place au doute, avec notamment la prise d'une photo de flagrant délit qui permet d'identifier le véhicule lorsqu'un agent assermenté n'est pas sur place. Or les relevés d'infraction utilisés par l'Hadopi n'auront pas, en l'état du projet de loi, les mêmes garanties de protection des droits de la défense. Des internautes pourront, massivement, être condamnés à tort.

Source

Protéger ? Oui, mais protéger quoi, exactement ?

594 - Akosh S solo "aki"

Seul face à ses instruments, seul dans une petite église en Hongrie.
Seul au monde, en cet instant d'enregistrement.
Exercice plus que risqué, périlleux et magique.
Restitué vivant, tel quel.
Il est question de recueillement, voire même d'ascèse.
De profondeur, celle qui est en nous, là, immuable et inconnue.
De voyage aussi, intérieurs.
D'histoires, celles des conteurs éternels.
Souvenez-vous des berceuses de vos enfances lointaines.
Rappelez-vous comment vous étiez parfois touchés par les contes de vos vies passées.

Un titre ( "apaink" bizarrement nommé "solo 2") est présent dès le potlatch 2.
C'est dire le bonheur en passant, le bonheur pour Akosh S, artiste rare et précieux.

1 tarva
2 apaink
3 fuvallat
4 ünnep
5 feladat
6 2g
7 vilagi papok


(lien là où vous savez)

593 - David Lynch loves Quinoa !



part 1



part 2

592 - Musica Nuda "55 / 21"


Petra Magoni : voix / Ferruccio Spinetti : contrebasse

invités : Gianluca Petrella, Nicola Stilo, Stefano Bollani, Sanseverino, Jacques Higelin

01.Fazzo il mondo !?
02.Si viaggiare (feat. Gianluca Petrella)
03. Bocca di Rosa
04.La canzone dei vecchi amanti (feat. Stefano Bollani)
05.Fronne (feat. Nicola Stilo)
06.Io so che ti amero’ (eu sei que vou te amar)
07.Anema e core
08.Marinaio
09.Two for one
10.It had better be tonight (feat. Sanseverino)
11.The very thought of you (feat. Stefano Bollani)
12.La pittrice di girasoli
13.Una carezza in un pugno
14.While my guitar gently weeps
15.Crocodail (feat. Jacques Higelin)
16.Km em dolori
17.Basta un colpo di vento

Défense de bouder sa joie, la "voie" de ce duo nous offre une pause nommé "plaisir".
Légère, mais pas sans insouciance.

(lien dans le commentaire)

591 - Vic Chesnutt "North Star Deserter" (à nouveau)


Quelques rares éléments par ici.

(lien dans le commentaire)

590 - Vic Chesnutt & Elf Power "Dark developments"


1. Mystery
2. Little Fucker
3. And How
4. Teddy Bear
5. We are Mean
6. Stop the Horse
7. Bilocating Dog
8. The Mad Passion of the Stoic
9. Phil the Fiddler

Nulle chronique ou autre avis (même en passant), vu l'impossible objectivité.

Comment plaquer des mots (dits) sur les mots et la musique de Vic Chesnutt qui sont suffisamment forts et explicites, sans tomber dans une forme de paraphrase qui s'apparente à un exercice vain.
Sans jouer l'artiste "solitaire" (donc mettre de côté une part d'individualisme), Vic Chesnutt se tourne vers d'autres, pour enrichir une oeuvre profonde, sombre, grinçante, dérisoire et essentielle.

Essentielle à nos vies de passage.


(lien dans le commentaire)

17.10.08

589 - Victor Hugo - Les deniers de la culture

Le 10 novembre 1848, à l'Assemblée Nationale, le député-écrivain Victor Hugo prononçait un discours qu'il avait intitulé :

Les deniers de la culture
« Personne plus que moi, messieurs, n'est pénétré de la nécessité, de l'urgente nécessité d'alléger le budget.
J'ai déjà voté et continuerai de voter la plupart des réductions proposées, à l'exception de celles qui me paraîtraient tarir les sources même de la vie publique et de celles qui, à côté d'une amélioration financière douteuse, me présenteraient une faute politique certaine.

C'est dans cette dernière catégorie que je range les réductions proposées par le comité des finances sur ce que j'appellerai le budget spécial des lettres, des sciences et des arts.

Que penseriez-vous, messieurs, d'un particulier qui aurait 500 francs de revenus, qui consacrerait tous les ans à sa culture intellectuelle, pour les sciences, les lettres et les arts, une somme bien modeste : 5 francs, et qui, dans un jour de réforme, voudrait économiser sur son intelligence six sous ?

Voilà, messieurs, la mesure exacte de l'économie proposée. Eh bien ! Ce que vous ne conseillez pas à un particulier, au dernier des habitants d'un pays civilisé, on ose le conseiller à la France.

Je viens de vous montrer à quel point l'économie serait petite ; je vais vous montrer maintenant combien le ravage serait grand.

Ce système d'économie ébranle d'un seul coup tout net cet ensemble d'institutions civilisatrices qui est, pour ainsi dire, la base du développement de la pensée française. Et quel moment choisit-on ? C'est ici, à mon sens, la faute politique grave que je vous signalais en commençant : quel moment choisit-on pour mettre en question toutes les institutions à la fois ?

Le moment où elles sont plus nécessaires que jamais, le moment où, loin de les restreindre, il faudrait les étendre et les élargir. Eh ! Quel est, en effet, j'en appelle à vos consciences, j'en appelle à vos sentiments à tous, quel est le grand péril de la situation actuelle ?

L'ignorance. L'ignorance encore plus que la misère. L'ignorance qui nous déborde, qui nous assiège, qui nous investit de toutes parts. C'est à la faveur de l'ignorance que certaines doctrines fatales passent de l'esprit impitoyable des théoriciens dans le cerveau des multitudes. Et c'est dans un pareil moment, devant un pareil danger, qu'on songerait à attaquer, à mutiler, à ébranler toutes ces institutions qui ont pour but spécial de poursuivre, de combattre, de détruire l'ignorance.

On pourvoit à l'éclairage des villes, on allume tous les soirs, et on fait très bien, des réverbères dans les carrefours, dans les places publiques ; quand donc comprendra-t-on que la nuit peut se faire dans le monde moral et qu'il faut allumer des flambeaux dans les esprits ?

Oui, messieurs, j'y insiste. Un mal moral, un mal profond nous travaille et nous tourmente. Ce mal moral, cela est étrange à dire, n'est autre chose que l'excès des tendances matérielles.

Et bien, comment combattre le développement des tendances matérielles ? Par le développement des tendances intellectuelles ; il faut ôter au corps et donner à l'âme. Quand je dis : il faut ôter au corps et donner à l'âme, ne vous méprenez pas sur mon sentiment. Vous me comprenez tous ; je souhaite passionnément, comme chacun de vous, l'amélioration du sort matériel des classes souffrantes ; c'est là selon moi, le grand, l'excellent progrès auquel nous devons tous tendre de tous nos voeux comme hommes et de tous nos efforts comme législateurs. 

Eh bien la grande erreur de notre temps, ça a été de pencher, je dis plus, de courber l'esprit des hommes vers la recherche du bien matériel.

Il importe, messieurs, de remédier au mal ; il faut redresser pour ainsi dire l'esprit de l'homme ; il faut, et c'est la grande mission, la mission spéciale du ministère de l'instruction publique, il faut relever l'esprit de l'homme, le tourner vers la conscience, vers le beau, le juste et le vrai, le désintéressé et le grand. C'est là, et seulement là, que vous trouverez la paix de l'homme avec lui-même et par conséquent la paix de l'homme avec la société. Pour arriver à ce but, messieurs, que faudrait-il faire ?

Il faudrait multiplier les écoles, les chaires, les bibliothèques, les musées, les théâtres, les librairies. Il faudrait multiplier les maisons d'études où l'on médite, où l'on s'instruit, où l'on se recueille, où l'on apprend quelque chose, où l'on devient meilleur ; en un mot, il faudrait faire pénétrer de toutes parts la lumière dans l'esprit du peuple ; car c'est par les ténèbres qu'on le perd.

Ce résultat, vous l'aurez quand vous voudrez. Quand vous le voudrez, vous aurez en France un magnifique mouvement intellectuel ; ce mouvement, vous l'avez déjà ; il ne s'agit pas de l'utiliser et de le diriger ; il ne s'agit que de bien cultiver le sol.

L'époque où vous êtes est une époque riche et féconde ; ce ne sont pas les intelligences qui manquent, ce ne sont pas les talents, ce ne sont pas les grandes aptitudes ; ce qui manque, c'est l'impulsion sympathique, c'est l' encouragement enthousiaste d'un grand gouvernement. Je voterai contre toutes les réductions que je viens de vous signaler et qui amoindriraient l'éclat utile des lettres, des arts et des sciences. Je ne dirai plus qu'un mot aux honorables auteurs du rapport. Vous êtes tombés dans une méprise regrettable ; vous avez cru faire une économie d'argent, c'est une économie de gloire que vous faites. Je la repousse pour la dignité de la France, je la repousse pour l'honneur de la République. »

12.10.08

587 - Pierre Boespflug et René Dagognet duo "Matinale"


01. mister post-it (5’10)
02. unisson (3’23)
03. valse pour I (6’45) à Isabelle et Ines
04. matinale (5’55)
05. 7, rue bonfa (5’15)
06. CH 7 (3’05)
07. Banda Atjeh (6’29)
08. 20 mn contre l’entropie (3’46)
09. souffleur de rêves (4’26)
10. spirale (4’08)
11. t’as entendu ? (4’16)

René Dagognet : trompette & bugle
Pierre Boespflug : piano & composition

En écoute, sur le site de YOLK : "Unisson"

A télécharger ici, "Matinale"

Dans tous les cas, disponible chez (l'incroyable) YOLK !

Et une bien belle approche par ici.
Avis que je partage, d'où le lien.

Et hop !

586 - Secret Chiefs 3 à Mercat de les flors, Barcelone, le 28 septembre 2008

Selon diverses sources, ce concert aurait eu comme interprètes :

ANONYMOUS 13 , viola
TIMB HARRIS , violín
JAI YOUNG KIM , teclados
RICH DOUCETTE , sarangi y esraj
TREY SPRUANCE , electrónica, guitarras, saz, teclados
JASON SCHIMMEL , bajo
PEIJMAN KOURETCHIAN , batería.

Ceci en version originale, c'est à dire dans la langue du pays où ce concert a eu lieu.
Mais voilà, qui connaît avec précision la composition de ce "groupe" ?

Je n'ai pas (circonstance aggravante !) les titres.
Il y en a 14, et ça joue furieusement.

Je vous livre tel quel un texte assez hilarant (en version originale anglaise) qui tente de "résumer" l'OMNI (Objet Musical Non Identifié) Secret Chiefs 3.

Nothing is true, everything is permitted.

Hassan-i-Sabbah

Legend has it that 11th Century Persian sheikh Hassan-i-Sabbah inspired fanatic, even suicidal, devotion from his legions. His method of initiation was to kidnap and drug his foes' fiercest soldiers, then bring them to his fully functioning Garden of Earthly Delights, which was complete with exotic delicacies, fountains of wine, and good-to-go virgins. When his captives came to, dazed and suggestible in their psychedelic stupors, they were told they had died and entered heaven. Sabbah had only to promise that each of his subjects would return to Paradise if fortunate enough to martyr himself in his service. For a century, Sabbah's Hashishim — "Hash Eaters," from which we derive the word assassin — were the most feared killers in the known world.

It seems that Sabbah and Trey Spruance have something in common. Spruance, Secret Chiefs 3's chief composer and a former guitarist for Mr. Bungle, is a visionary madman capable of instilling both fear and respect in his listeners. Secret Chiefs 3 have existed in various incarnations over the course of the past eight years, and have served as the funnel for Spruance's remarkably far-flung studies of the hermetic mysteries and musical traditions of unknown and underappreciated subgenres. Album titles like Grand Constitution and Bylaws and Book MBook of Horizons is Secret Chiefs' most expansive and coherent statement, an alchemical fusion of Morricone-esque cinematic grandeur, midnight surf guitar, traditional Middle Eastern rhythms and time signatures, demonic death metal, and electronic deviance that yields a work of undeniable force. hint at the music's vaguely metaphysical bent. Over three years in the making,

The album seems to develop a more acute, galloping schizophrenia as it progresses. The opening quartet of tunes — each attributed to a different sub-group of Chiefs — moves from solemn to wanton: "The End Times," with plaintive bowed saw and string section, moves to the black-market Bollywood funk of "The 4" by Ishraqiyun, which, after a brief, eerie dub interlude, bleeds into to the brutal screamfest "Exterminating Angel" by the Holy Vehm. Though the variance is great between the songs, each stays within the format of its genre.
That respect to structure unravels quickly and intoxicatingly in the album's midsection. As the cast of players rotates, so do the names of the ensembles — a narrative touch that lends Book of Horizons an epic feel. Common threads like copious strings and exotic percussion provided by William Winant (Thurston Moore's go-to skins man), Shazad Ismaily (Brian Eno, Elysian Fields), and Phil Franklin (Sunburned Hand of the Man) maintain some semblance of order. By the time "The Owl in Daylight" appears — sweeping from creepy electro grind to soothing acoustic guitar and chimes — and the hallucinatory beachfront kasbah groove of "On the Wings of Haoma" by The Electromagnetic Azoth takes flight, unpredictability has taken the reins. Potentially the album's pivot point, UR's "Book T: Exodus" is a remake of the Exodus movie theme, incorporating immense string and horn ensembles created purely through meticulous overdubs. It's a gorgeously orchestrated moment that wouldn't be out of place in the closing credits of a 1970s Godzilla flick.

As the album nears its close, two of the final pieces move through so many styles that trying to peg them all would be impossible. The titles speak for themselves: "DJ Revisionist (The Spin Masta, Kultur Killa, with da Mad Crypto-Colonial Skillz)" and "Anthropomorphosis: Boxleitner" are exercises in new wave Middle Eastern electro freak lullaby majesty. This is the kind of music that really must be heard to be understood, bound by a surreal logic both ridiculous and unforced; a true accomplishment, indeed.

Whether or not Spruance and his Secret Chiefs 3 are the intermediaries between heaven and earth is, um, hard to say, but with Book of Horizons it seems they're certainly communing with a power beyond the merely human. Virtuosity, paired with a fearless love of divergent styles and the humor and talent to skillfully, unmercifully mash them up, pushes this album into rarified heights. Bungle's major label connections and early association with John Zorn have given them a mainstream exposure that Secret Chiefs 3 will probably never receive. But Spruance's mongoloid baby is a golden child, effortlessly balancing aplomb, apocalypse and apoplexy to create a truly daring, mystifying journey.

— Jonathan Zwickel, June 15th, 2004


(lien dans le commentaire)

585 - Sylvie Courvoisier "Lonelyville" à Schaffhausen le 22 mai 2008


Assister en temps réel à l'émergence d'une histoire musicale dont les épisodes sont tous des déclinaisons riches et fortes d'un alboume essentiel relève du conte incroyable de vérité et de beauté.
Les silences ne sont jamais aussi intenses que pendant ces concerts où toute la beauté et la fragilité de la création musicale prend une dimension qui dépasse le propos initial et acquiert ainsi une force intemporelle.

Vous trouverez dans ces pages quelques témoignages sonores de l'oeuvre de Sylvie Courvoisier, qui vous apportera de quoi créer un chemin à part.

Sylvie Courvoisier - piano
Mark Feldman - violin
Vincent Courtois - cello
Ikue Mori - electr.
Gerald Cleaver - drums

01. texturologie
02. présentation sylvie courvoisie
03. cosmorama
04. le squads scordatura

(lien dans le commentaire)

10.10.08

584 - Omerta sur les clandestins, par Eva JOLY

S'adressant au pape, Nicolas Sarkozy affirmait que "c'est en pensant à la dignité de l'homme que nous affrontons la si délicate question de l'immigration, sujet immense qui demande générosité, respect de la dignité et en même temps prise de responsabilités". Il est temps de lever le voile sur la triste réalité que cachent ces belles paroles.

Depuis vingt-cinq ans, la Cimade porte le regard de la société civile au coeur des centres de rétention français. Cette association avait été approchée par le gouvernement dès la création en 1984 de l'enfermement administratif des étrangers, car son histoire était liée, plus que toute autre, à cette problématique. Au fil des ans, la Cimade s'est adaptée à une législation sans cesse modifiée par les gouvernements successifs, pour exercer tant bien que mal sa mission : la mise en oeuvre de l'exercice effectif du droit des étrangers enfermés.

Depuis 2003 avec l'instauration d'une politique chiffrée des expulsions, la Cimade a dû réagir. Le plus souvent dans l'indifférence générale, elle a tenté d'alerter l'opinion publique sur ce dont elle seule pouvait témoigner : la dégradation considérable de la situation des étrangers "retenus".

Mais aujourd'hui le rôle de cet organisme indépendant est menacé. En effet, cette mission répond à un marché public, qu'à l'occasion de son renouvellement, le gouvernement s'apprête à transformer en profondeur. Désormais, il n'y aura plus sur le territoire français un seul observateur à même de publier des rapports couvrant l'ensemble des sites de rétention, mais une multiplicité d'intervenants locaux.

Plus personne ne sera en mesure de relever les disparités de pratique administrative et judiciaire de la rétention sur le territoire ; et ce d'autant plus que les titulaires de ces marchés seront tenus par une clause de neutralité et de confidentialité. N'importe quelle "personne morale" pourra répondre, de l'organisme parapublic - à l'indépendance très relative à l'égard du gouvernement - à l'entreprise privée.

La rédaction de l'appel d'offres suscite le doute sur la nature de la nouvelle mission : alors que la Cimade aide activement les "retenus", les assiste pour rédiger des recours administratifs, le nouveau marché semble ne prévoir que la distribution d'un fascicule d'information "en vue de l'exercice de leurs droits". Soit un double feuillet en guise d'introduction au code des étrangers, voilà une touchante attention qui ne risque pas de rendre les retenus trop procéduriers.

Je ne veux pas prendre la défense de cette association à laquelle je ne suis liée en aucune manière, mais je veux témoigner de ce que la mission qu'elle occupait jusqu'à présent est d'une importance fondamentale. A ceux qui m'objectent qu'aucun pays européen n'est doté d'une telle structure, je réponds que la Chine et les Etats-Unis non plus ; et qu'il n'est en cette matière aucune norme supérieure à celle que nous dictent nos principes, dont le fondement doit demeurer la Déclaration universelle des droits de l'homme.

Cette réforme mineure en apparence est emblématique de la perte de repères de notre pays et de sa dérive vers des pratiques toujours plus éloignées des idéaux qui l'ont fondé. Les étrangers sans papiers sont vulnérables et c'est l'honneur de notre pays que de leur garantir de pouvoir exercer réellement ce peu de droits que notre législation leur concède.

Chacun sait que la lutte contre l'immigration clandestine est un arbitrage permanent entre le respect des droits humains et la volonté de réduire le flux migratoire. Cette équation n'a pas varié depuis que le pays a fermé ses frontières en 1974. Ce que chacun doit comprendre, c'est que cet arbitrage ne peut pas être indéfiniment en défaveur des droits de l'homme. Il arrive un moment où le dispositif ne peut plus être durci sans trahir ce que nous sommes.

Cette limite atteinte, il faut savoir admettre - publiquement - que malgré tous les efforts de la force publique, le dispositif laisse du jeu. Même la Corée du Nord ne parvient pas à rendre totalement étanche ses frontières. Je m'étonne de ce que la question de cette limite ne soit pas publiquement posée. Il faut dire qu'elle comporte certains aspects peu reluisants.

La politique du chiffre est en effet une course en avant. Des résultats tangibles en valeur absolue étant hors de portée (la diminution du nombre de clandestins sur le territoire par les reconduites demeure dérisoire), le gouvernement focalise sa communication sur l'augmentation du chiffre de reconduites d'une année sur l'autre. La mise en oeuvre de cette augmentation statistiquement marginale a un coût moral tout à fait exorbitant.

Mais le spectacle du volontarisme politique ne s'encombre pas de ce genre de détails. Ainsi, si la France ratifie la directive retour votée récemment au Parlement européen, autorisera-t-on l'enfermement des étrangers pendant dix-huit mois consécutifs ? Cette mesure est aussi cruelle qu'inutile puisque l'on sait qu'une reconduite matériellement réalisable intervient presque toujours dans les premières semaines de la rétention. De même, doit-on redouter qu'en vertu de ses objectifs chiffrés, la France n'entérine le principe des reconduites de mineurs isolés vers des pays de transit où ils n'ont aucune attache.

Cette politique recèle d'autres dangers : la pression grandissante exercée sur les préfectures, les services de police, de gendarmerie et sur la justice est une incitation permanente à franchir la ligne rouge de la légalité républicaine. Des traquenards autour des écoles aux guets-apens devant les guichets de préfecture en passant par les rafles aux sorties de métro, la réalité d'aujourd'hui menace d'ores et déjà notre identité nationale. Ne louvoyons pas avec l'Etat de droit, nous avons tout à perdre et rien à gagner.

Alors que dans les services publics, l'heure est à la modernisation, les administrations concernées par l'immigration clandestine s'enfoncent tous les jours, un peu plus, dans des méandres kafkaïens.

Je sais que dans le pays de Voltaire et de Rousseau, il est devenu chic de mépriser le "droit-de-l'hommisme", je sais que le terrain est idéologiquement quadrillé et que quelques formules lapidaires ont chauffé à blanc les opinions : "angélisme", "régularisation massive", "appel d'air", "immigration choisie"...

Je sais aussi que la gauche est pétrifiée par ce sujet, mais je veux prendre ici à témoin ceux qui ont l'espoir de refonder une démocratie sociale sur des idées claires : nous ne gagnerons jamais en reniant nos principes.

Eva Joly, ancienne magistrate, est candidate de l'union des écologistes aux élections européennes.

Article paru dans l'édition du MONDE du 04.10.08.

583 - Les Droits des étrangers ne peuvent se réduire à un marché

582 - L'argent dette, de Paul Grignon


L'Argent Dette de Paul Grignon (Money as Debt FR) from Bankster on Vimeo.

A diffuser largement, en ces temps de matraquage.

8.10.08

581 - Lizzy MERCIER DESCLOUX

En ces temps là

Jouissance...

Loin, très loin de l'aphone étatique...

Vie.

Lizzy, vit.


(lien dans le propos)

580 - EST Leucocyte

Difficile, évidemment, de chroniquer comme un album « ordinaire » ce sixième disque du trio EST, étant donné qu'il sera le dernier : Esbjörn Svensson, comme chacun sait, est mort dans un accident de plongée au large de Stockholm, le 14 juin 2008, à l'âge de 44 ans. Un mois plus tôt, le 16 mai, il avait remis à son label les bandes définitives du disque, enregistré en deux jours à Sydney en 2007, pendant une tournée australienne, puis mixé en Suède durant les premiers mois de 2008 avec l'ingénieur du son habituel du trio (qui, du coup, était plus ou moins un quartet, étant donné la place primordiale que tenait l'aspect sonore au sens « technique » dans son travail), Ake Linton. Leucocyte n'est donc pas un témoignage inachevé mais un tout soigneusement terminé, révélateur, sans doute, des chemins qu'aurait empruntés le groupe dans les prochaines années ; en tout état de cause, c'est aussi, inévitablement, une sorte de disque-testament, dont la valeur dépasse forcément un peu l'aspect proprement musical

En ce qui concerne la musique, précisément, Leucocyte est sans doute le disque le plus expérimental enregistré par EST. Le matériau « de base » a été entièrement improvisé par le trio ; le résultat final, après mixage, tire presque du côté de la musique électronique ou d'avant-garde que de celui du jazz, fût-ce dans la version pop qu'avait inventée le groupe au fil de ses albums. Ironiquement, un morceau précisément intitulé « Jazz » flotte au milieu du disque, comme en guise de retour temporaire aux fondamentaux avant continuation des explorations. Pour le reste, c'est une musique dense, parfois bruitiste, tantôt percussive voire agressive (les rafales de caisse claire militaires de Magnus Olström dans « Premonition »), tantôt contemplative et bizarroïde (la suite « Leucocyte » finale, en quatre mouvements séparés par de longs espaces de silence un peu angoissants), où émergent par bribes des éléments habituels de la musique du trio (mélodies, tourneries de basse, batterie binaire mate et trafiquée). C'est un peu déconcertant durant les premières écoutes, et globalement passionnant sur la durée. Un coup d'œil dans le dictionnaire, pour réactiver nos souvenirs de lycée, nous rappellera que les leucocytes sont les globules qui protègent contre les maladies, et qui doivent se régénérer régulièrement pour continuer. Leucocyte était-il conçu par Svensson et ses acolytes comme une mue, la régénération nécessaire avant d'aller plus loin, ou ailleurs ? On aurait aimé écrire : « à suivre ».

Bernard Quiriny

Cela commence par quelques notes amenées de la plus douce des manières. Un débit acoustique qui pourrait laisser croire à un album de jazz très honnête et très propre sur lui. Ce serait ignorer la conception artisitique très poussée de ce trio. Car très vite l’on s’aperçoit qu’il y a quelque chose derrière les choses. Quelque chose de caché là, un drame immanent, une tension qui point. Tension sourde mais toujours palpable.

Paradoxalement cet album-ci, le dernier enregistré avant la mort, cet été, d’Esbjörn Svensson lors d’un accident de plongée, est à notre sens le meilleur du trio. Peut être le plus abouti artistiquement. Paradoxalement en effet puisque que cet enregistrement, réalisé en Australie, est le résultat d’une longue séance d’improvisation. Rien d’écrit. Tout au feeling dans le studio. Il faut atteindre un point extrême de fusion et d’intimité télépathique pour parvenir à vibrer comme ici sur la même intention spontanée. On appelle cela l’osmose. Dépassant les canons du jazz, ces trois-là vont puiser leur inspiration à d’autres sources. Elle vient de la pop pour beaucoup et de Radiohead certainement, mais ne renie pas les apports de grands trio de jazz comme celui de Meldhau, référence réciproque avouée.


Dès le deuxième titre, c’est du E.S.T reconnaissable entre mille. Svensson prend son temps, utilise l’espace et s’affranchit de toute contrainte formelle tandis que la rythmique crée une mise en tension permanente. La musique exerce alors son pouvoir de fascination totale, suggère moins qu’elle ne dit, nous laissant captivés, captés dans la toile qu’ils tissent autour de nous. Il y a là un effet très visuel qui évoque de longs travellings. Dan Berglund dans le rôle du bassiste-guitariste livré à lui-même porte littéralement tout l’album, inspirant autant de respiration régulière que de sauvagerie folle. Magnus Östrom utilise sa caisse claire comme des balles de mitraillette juxtaposant à ce no man’s land des images de guerre et de chaos. Et puis il y a ce sublime morceau de 9 mn, "Still" où derrière un espace patiemment construit se dessine une mélodie, comme une ligne d’horizon qui, lentement, se détache du paysage, se rapproche à pas comptés et s’installe enfin, nettement, dans un moment d’émotion rarement atteint chez E.S.T. Beau à pleurer.

Au début de Leucocyte, pièce conçue en quatre parties ("Ab Initio" ; "Ad Interim" ; "Ad Mortem" ; "Ad Infinitum"), c’est un univers de chaos et de fureur qui s’installe. Vient ensuite une plage entière de silence total, "Ad Interim", comme une césure obligée après une expression paroxystique irrésistible. "Ad infinitum" clôt cet album de manière envoûtante sur une sorte de carillon d’église fantomatique dans une mise en scène angoissante que ne renierait pas un dramaturge comme Castelluci.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit tout au long de cet album : d’un drame à l’antique où le paradis le plus pur côtoie l’enfer de Dante. Les dernières notes nous laissent sur une interrogation manichéenne où les frontières du paradis et de l’enfer semblent mêlées. Ces notes, parce qu’il s’agit précisément des dernières enregistrées par Svensson, sont poignantes. Et le silence qui suit est assourdissant.

Jean-Marc Gélin

(liens dans le propos)

Achetez l'alboume !!!

579 - Gérard MANSET "Jeanne et l'Album Blanc" (publié à nouveau)


Il faudra bien un jour que ce "Blanc" soit réédité.
Pour celles & ceux qui ne peuvent pas oublier ce chemin.
Pour les autres, qui ne savent pas encore ce qu'il en est.


(lien dans le commentaire)

578 - Marche forcée vers "base élèves" : "on" sanctionne désormais !

Un directeur d’école maternelle de la Vienne sanctionné pour avoir refusé de « renseigner cette base ».

« Vous vous rendez compte monsieur, vos élèves ne sont pas immatriculés ! » C’est la phrase quelque peu incongrue prononcée par la personne chargée à l’inspection académique de la mise en œuvre de ma sanction. Celle-ci au demeurant très sympathique et sincère, essayait de me persuader d’entrer dans l’application informatique à caractère personnelle Base élèves pour mon bien et celui des élèves. Je crois ne pas m’être véritablement rendu compte avant cette phrase de l’ampleur de la pesanteur administrative de l’éducation nationale, du fait que l’on puisse (outre les problèmes d’éthique et de légalité douteuse sous-jacents à la mise en place de Base élèves), entrevoir cette base de données comme un plus pour le fonctionnement des écoles et surtout pour l’intérêt premier des élèves. Il y a un tel décalage entre les missions d’enseignant et de directeur, et cette rhétorique bureaucratique que ma première réaction a été l’hilarité.

Je suis directeur d’une petite école maternelle. Depuis le 1er octobre, je subis apparemment chaque jour qui passe un retrait sur salaire d’une journée, pour ne pas avoir commencé la saisie de données sur les élèves de mon école et leurs parents. Je passe sans doute trop de temps en face d’enfants de 4 ans, ce qui m’éloigne des réalités du vrai monde de l’éducation, la hiérarchie, les services faits ou non faits, la gestion d’effectifs, les statistiques. Je suis encore un jeune enseignant, j’ai malheureusement toujours la candeur de croire que ma mission première de directeur est d’assurer le bon fonctionnement de l’école dans laquelle j’exerce en garantissant la concorde entre les différents acteurs liés à celles-ci.

Base élèves est, depuis quelques mois, une priorité absolue pour l’inspection académique qui avance coûte que coûte sans perdre le temps d’un réel débat. Sur le chemin, elle prend acte des suppressions annoncées par le ministre et donne une marge de manœuvre à des directeurs volontairement sous-informés pour qu’ils renseignent le « minimum syndical », de quoi permettre le calcul du sésame, l’Identifiant National Elève.

L’administration observe aussi les réfractaires donner quitus au ministre de ces avancées significatives en oubliant simplement que le projet initial est éminemment contestable et que l’objet même d’une immatriculation des élèves devrait suffire à justifier la résistance. J’ai pour ma part pris conscience récemment que nous nous étions tous trompés de débat, peut-être depuis le début.

Si l’on observe aujourd’hui les champs obligatoires à renseigner, Base élèves peut paraître anodin, et il est compréhensible que la majorité des directeurs n’y voient pas une menace pour les élèves. La multiplication des missions nous incombant ne nous permet malheureusement pas toujours de raisonner sur le long terme, ce qui ici est pourtant essentiel. Lorsque tous les élèves seront intégrés dans le fichier, le piège se sera alors refermé. Base élèves deviendra un outil usuel comme un autre et les nombreuses attaques à venir contre l’école feront passer au second plan le débat sur celle-ci et les modifications qu’elle ne manquera pas de subir comme son aîné SCONET (fichier informatique en place dans les établissements du 2nd degré). Alors reviendront sans doute la prévention de la délinquance, les statistiques sur la nationalité des élèves, la nécessité de connaître les besoins éducatifs particuliers des élèves ...

Ma sanction elle est tombée depuis peu, vendredi 26 septembre, un fax que je suis allé chercher à la mairie pendant la récréation et une lettre recommandé de trois lignes, sanction totalement disproportionnée, punissant le directeur et l’enseignant sans distinction. Je ne sais pas si celle-ci est réellement applicable, ce qui finalement n’est pas vraiment le plus important, le symbole qu’elle représente l’est plus, la brutalité avec laquelle on se permet de traiter les directeurs qui portent pourtant sur leurs épaules le fonctionnement des écoles républicaines françaises. La manière d’intimider et de vouloir faire plier un fonctionnaire sur un aspect financier est également tellement infantilisante qu’elle discrédite aujourd’hui l’administration qui l’applique. Pour ma part, payé ou non je serai demain matin dans mon école et par cela et quoi qu’il se passe dans les semaines à venir, j’ai déjà à mon actif cette petite victoire pour ma conscience.

Poitiers, le 05 octobre 2008

Christophe Brunault

En savoir plus sur base élèves, sur le site de la LDH de Toulon.

577 - Rodolphe BURGER "No sport"


Dans la "chanson" française, il y a quelques géants.
En voici un, dans un alboume qui est un diamant.
D'inspiration rock, blues, jazzy et électro, les mots de Rodolphe posent parfois question, problèmes, ne peuvent pas laisser indifférents, tant les thèmes abordés sont déstabilisant, envoutants, sublimes, ou tout simplement "autres".
Le duo avec Rachid Taha nous donne LA leçon d'érudition qui nous manquait cruellement, tant nous sommes assaillis par les brutes galonnées qui veulent nous faire croire que "l'Autre" serait un "danger" pour notre démocratie malade car rongée de l'intérieur.

Une voix unique, belle, grave, nous touche immédiatement, sans nous laisser le temps de souffler, de nous adapter.
Le plongeon est instantané ou différé, car parfois il faut réellement se laisser absorber.
Et l'addiction apparaît comme l'une des plus belle porte vers ces chemins appropriés.

Avance
Lover Dose
Elle est pas belle ma chérie ?
Rattlesnake
Vicky
Je tourne
Arabécédaire
Ensemble
J'erre
Marie
Blue Skies
Ski-doo
Avec toi
Un Nid ?

Le site de Rodolphe Burger.

(lien là où vous savez)