29.1.12

non au Centre national de la musique

LA MUSIQUE N’EST PAS UNE MARCHANDISE !
Appel des 333 — Non au Centre National de la Musique !
 
Le ministre de la Culture vient d’annoncer publiquement la création prochaine d’un Centre National de la Musique en s’appuyant sur le rapport « Création musicale et diversité à l’ère numérique ».
Force est de rappeler qu’en aucun cas, les artistes, dans leur diversité, n’ont été consultés ; ce qui augure mal de la défense de la diversité culturelle dont se prévaut le rapport.
Par contre, les représentants des industries culturelles (majors et gros entrepreneurs de spectacles) l’ont été amplement. Et pour cause, ils seront les bénéficiaires de cet organisme dont le conseil d’administration aura un président nommé par l’État, une majorité de membres représentant l’État, et puis quelques personnalités désignées (par qui ?). Aucun représentant des organisations professionnelles et des artistes n’est prévu(1). Bonjour, la démocratie !
Sans même s’attarder sur les financements encore hypothétiques de ce centre, nous constatons que l’orientation en est erronée. Le rapport stipule que les principaux bénéficiaires seront les « investisseurs ». La grossièreté du propos est telle, que la musique est définie, disques et spectacles vivants confondus, comme étant une « filière » économique. On pourrait ajouter au même titre d’ailleurs que la filière du soja transgénique ou du poulet élevé en batterie.
Par-delà le charabia, les précautions verbales d’usage et la distribution de quelques miettes pour amadouer les naïfs, il saute aux yeux que le but de ce CNM est de soutenir les « investisseurs » à produire des machines à tubes commerciaux. Or c’est justement la concentration économique de la production musicale entre les mains de quelques grands groupes économiques et médiatiques (majors et filiales, grande distribution qui a tué les disquaires indépendants), agrémentée des conceptions « marketing » de ces mêmes majors et leurs suivistes qui porte la responsabilité des difficultés de ce secteur. «Voler à leur secours » comme le préconise le gouvernement actuel en leur donnant la totalité du pouvoir n’améliorera en rien la vie musicale, mais l’aggravera.
Les dégâts sociaux et crises dramatiques provoqués par le « Tout Rentabilité Financière » dans le monde entier aujourd’hui sont suffisamment évidents pour considérer scandaleuse cette extension de la main mise du marché sur la musique grâce au concours du ministère de la culture. Rappelons que la musique n’est pas une marchandise mais un art. Rappelons que la musique n’est pas la propriété privée de Universal ou Sony, de Fimalac, Lagardère active ou Live Nation. La musique est un bien public. Rappelons que les artistes et le public ne sont pas au service des producteurs mais l’inverse.
Avec le CNM s’organise une disparition programmée du ministère de la culture et la privatisation des politiques culturelles. Depuis de nombreuses années, nous assistons à une dégradation voulue des politiques publiques culturelles à l’image des attaques que subissent les autres secteurs du service public (santé, éducation nationale, transports etc.). Les artistes musiciens connaissent des difficultés accrues en raison des budgets dérisoires accordées à la musique vivante et aux réseaux artistiques de diffusion et distribution (scènes et disques).
Nous voulons une redynamisation des politiques culturelles qui passe entre autre par une augmentation budgétaire et une distribution des subventions publiques réellement démocratique, transparente et répondant à des critères exclusivement professionnels. L’argent existe pour cela, il est entre les mains de tous les bénéficiaires des cadeaux fiscaux octroyés aux privilégiés et des spéculateurs (souvent les mêmes) qui ont fait de la dette publique une manne rentable pour leurs intérêts. Il faut leur reprendre notre argent, l’argent public.
Nous voulons que cessent ces politiques menées dans l’intérêt de quelques intérêts privés.
Nous disons non au Centre National de la Musique !
Nous exigeons un renouveau sensé des politiques culturelles en direction de la musique.
Nous en sommes les acteurs et les producteurs ! Nous appelons à une mobilisation de tous pour la défense de la Musique !

(1) Depuis que cette pétition a été lancée, une concertation précipitée agite la dite “filière”. Le projet CNM est désormais accompagné d’un protocole d’accord dont les concessions formelles - une représentation minoritaire d’organisations professionnelles - permettent le financement de la mise en place du CNM sur le budget du Ministère de la Culture (15 millions d’euros minimum – sans dépenses justifiées - sont annoncés).