30.6.07

214 - VA Potlatch .... 17 !

1 CINEMATIC ORCHESTRA & Fontella BASS – Breathe

The Cinematic Orchestra est devenu depuis son 2e album "Everyday" une référence mondiale pour tous les auditeurs recherchant dans la musique à la fois une beauté mélodique et une véritable émotion via les sens auditifs... Métissage d'un jazz puriste et de nappes électro cuivrées, l'instrumental du groupe a rarement flirté avec les voix, même si les résultats ont toujours été somptueux, avec notamment Roots Manuva ou la diva soul Fontella Bass. Ma Fleur réussit un terrible exploit : rendre l'univers de Cinematic Orchestra encore plus profond et plus accessible, en se libérant des références d'autrefois (Man With A Movie Camera) et en plaçant la voix et le piano au centre des compositions. Bien sûr, la contrebasse, chaude et grave, est toujours là ; les rythmiques jazz et les cordes sont encore plus au service d'une décharge émotionnelle, à la fois dramatique et cinématique... mais les voix (et donc les textes) placent le groupe encore une marche au-dessus, avec une once microscopique de pop et une dose magistrale de poésie.Vous aurez donc le bonheur de découvrir Patrick Watson, facilement comparable à la voix de Chris Martin (Coldplay), sur le sompteux "To Build a Home' ou encore sur "Music Box'... Vous retouverez la légendaire Fontella Bass avec sa voix quasi-androgyne sur "Familiar Ground' et "Breathe'... Et la surprise de taille est Lou Rhodes (chanteuse de Lamb) qui apporte une touche de perfection sur "Time And Space' et sur "Music Box'... Difficile de rêver un meilleur casting pour cet album, qui sans nul doute est un des meilleurs toutes catégories de cette année et le meilleur du groupe à ce jour. Dude Trip hop

2 Sidsel ENDRESEN – Here the moon

Par Philippe Robert (4 octobre 2005)
Alors que le label ECM sort le nouvel opus de Jon Balke / Batagraf dans lequel Sidsel Endresen est récitante, retour sur le dernier disque -passé inaperçu- de la chanteuse sous son nom.
Bien que cela fasse à peine plus de deux décennies qu'elle trace son chemin et façonne sa voix dans le sillage des aînés Terje Rypdal et Jan Garbarek qui ont également marqué ses compatriotes et contemporains, les influences de Sidsel Endresen s'avèrent plus larges que le seul jazz – elles englobent la soul (elle a repris Donny Hataway) et le folk –, en faisant autre chose qu'une nième diva nordique mâtinant son univers d'électronique tendance. On la connaît surtout pour avoir enregistré quelques opus majeurs pour l'écurie ECM, en compagnie des incontournables Bugge Wesseltoft et Nils Petter Molvaer notamment. Curieusement, ses étirements de tempo tout en langueurs tenaient autant de Joni Mitchell que d'une recherche sur la forme plus abstraite, et ils n'avaient pas beaucoup à voir avec l'essentiel des productions du label munichois. D'ailleurs, quelle que soit la place que l'on accorde à son excellent "Exile", ses oeuvres les plus singulières sont à chercher autre part : par exemple, du côté de sa collaboration avec le compositeur contemporain Rolf Wallin, de son album entièrement a cappella gravé bien avant le "Medulla" de Björk, ou de "Duplex Ride" dont la douleur contenue annonçait "Merriwinkle", son dernier opus. Ces disques sont probablement ceux qui témoignent avec le plus de justesse de l'art très subtil de cette Norvégienne qui a été l'élève de la chanteuse contemporaine Meredith Monk et le professeur de la turbulente Maja Ratkje -elle plus versée dans le noise comme le relate son ébouriffant "Voice" réalisé en compagnie de Lasse Marhaug de Jazzkammer.
Edité par un label branché sur des grooves n'ayant rien à voir, le fantastique "Merriwinkle" est difficilement étiquettable. Même s'il possède quelque chose d'irrémédiablement typique des créations musicales d'Europe du Nord (certains songeront certainement à Anja Garbarek, la fille du célèbre saxophoniste), il déborde néanmoins de ce seul crédo pour atteindre des hauteurs insoupçonnées, que son auteur n'avait jusqu'ici qu'effleurées, et qui sont le fruit d'exigences sans concessions à rapprocher, plutôt, de celles des réalisations d'une maison de disques comme Rune Grammofon. Sidsel Endresen semble avoir trouvé en Christian Wallumrod et Helge Sten des coloristes inventifs qui, ensemble, oeuvrent dans un registre proche de Matmos. Leurs arrangements, analogiques ou numériques, en oscillant entre élégance minimaliste et bruitisme échevellé, rappellent ce grain particulier que Paul Bley inventait au synthétiseur derrière Annette Peacock que la Norvégienne, au moins ici, évoque. Souvent déroutantes, ses chansons expérimentales sans filet font effectivement parfois penser à ce que l'Américaine développait à l'époque où elle avait mis sur pied le label Ironic. Avec ses vocalises étranges, "Merriwinkle" s'insinue durablement avant de vriller les neurones. "J'aime l'imprévu, l'inattendu, l'improvisation. Rien ne m'effraie plus que la complaisance" confie-t-elle, définissant ainsi au passage quelques-unes de ses évidentes qualités.




3 Airelle BESSON Sylvain RIFFLET – Désert


Premier album de Rockingchair, quintet mené par Sylvain Rifflet et Airelle Besson, représentants en vue de la jeune scène du jazz français, récompensés au concours de la Défense il y a quelques années déjà. On remarque immédiatement le gros travail de production, les arrangements sophistiqués, et le travail du son (mené par l’ingénieur du son Gilles Olivesi, véritable sixième membre du groupe) qui nous oriente, autant que la musique, vers un versant pop, plus que jazz / musiques improvisées. Comme de nombreuses productions actuelles, me direz-vous, dans lesquelles l’incontournable AlasNoAxis de Jim Black et plus largement le jazz contemporain new-yorkais sont des références évidentes et omniprésentes (l’intro de "Forget it" par la clarinette de Sylvain Rifflet nous renvoit indéniablement vers Chris Speed, celle de "Boo-Boo" lorgne selon toute vraisemblance en direction de Joint Venture). Rien à jeter dans ce disque il me semble. On se retrouve face à quelques bijoux dont les deux titres précédemment cités, mais également "Fly away", dont les arrangements efficaces servent une puissante énergie et on retient également la très belle retenue, tout au long de cet album certes, mais remarquable en particulier sur "Desert" et "Èternité", deux très beaux titres qui réservent des moments précieux à leur auditeur. Que dire de plus si ce n’est mon enthousiasme pour ce premier album si prometteur. J’attends la suite avec impatience et j’ai surtout hâte de découvrir cet univers transposé sur scène.
Pierre Villeret

Airelle Besson - Sylvain Rifflet
Rockingchair (Chief Inspector 2007)
Airelle Besson trompette, bugle & violon
Sylvain Rifflet saxophones, flûtes & clarinettes
Pierre Durand guitare
Guido Zorn contrebasse
Nicolas Larmignat batterie
Gilles Olivesi son

4 Ane BRUN - This Voice
This voice
Is it calling?
Is it calling?
It´s your choice.
She said
Take or let go
Is it calling?

When you´re all alone
In your own sweet home
Is it calling?
This voice
Is it calling?
I have to say

I choose get out of my way
Leave my ghost alone
Let me walk on by
This voice

It is calling
It is calling for me
If you still have´nt heard it
You should´nt ask for it
You should just leave it be
´cause you´re deaf until
the day for you it will
be calling
this voice
it is calling

5 ART BEARS - Civilisation

Punk rock...
Bretchien...

6 COLLEEN - Sun against my eyes

7 Anat FORT -
just now, var. 1

le piano d'Anat

8 David SYLVIAN - The Song Wich Gives You The Key To Perfection

Blemish

dead bees....

9 Julie TIPPETTS - Oceans and Sky (And Questions Why)
10 LOULE SABRONDE - Osperinet
11 Connie FRANCIS - Siboney
12 Sidsel ENDRESEN - Out here in there
13 The NATIONAL - Gospel
14 Hope SANDOVAL - Untitled
15 Patricia BARBER - You Gotta Go Home
16 CINEMATIC ORCHESTRA - Ode To The Big Sea

Un chemin inconnu, figurant sur nulle carte, jamais indiqué, ne disant pas où il mène, d'où il vient, Je sais seulement que je l'emprunte parfois, sur une petite distance, étant merveilleusement effrayé par ce que j’imagine pouvoir découvrir si un jour je vais au bout. J’imagine toujours des futurs incertains, différents. Aujourd’hui, ce sera toi, qui sera au bout, là où je n’arriverai jamais (qui sait ?)
Je chemine le plus loin possible, là où mes pas ne m’ont pas encore déplacé. Encore une illusion.
Il y a des ornières, des bas-côtés en friche, riche du désordre organisé de la nature qui reprend le dessus sur la volonté spécifique de vouloir toujours se déplacer droit, de tailler dans la masse vivante, aller ailleurs trop vite, ne pas se figer dans une immobilité équivalant à un acte d’abandon, celui de nier le mouvement. Les sons bruts de toute la vie invisible parviennent à mes oreilles, je m’arrête parfois, désarçonné par de brefs moments de révélations, touchant fugitivement à des vérités passagères, les oubliant tout aussi vite, ne reste alors que cette vibration dans l’air, ce son inaudible qui est le signe que je dois reprendre la route. Je peux alors, seulement dans ces rares silences absolus, me remémorer le but de cette quête buissonnière et si puissante, celui de réussir à parvenir jusqu’à l’origine de la mémoire à venir, de ce que j’imagine être au bout du chemin. Je suppose que je peux aussi me retourner, pour vérifier cette hypothèse, mais cela sera aussi la fin immédiate et éternelle de mes déplacements. Et j’aperçois encore tant de si belles lumières au loin, je ne voudrais pas rester trop dans l’ombre qui me suit.
C’est toujours au bout des chemins inédits que les rencontres se réalisent.

(liens dans le commentaire)

213 - Ecouter Naples et ... choisir



Louis Sclavis clarinettes, saxophones
Vincent Courtois violoncelle, electronics
Médéric Collignon pocket trumpet, voices, horn, percussion, electronics
Hasse Poulsen guitare

Title
1 Colleur de nuit (dedicated to Ernest Pignon-Ernest)
2 Napoli's Walls (dedicated to bambini)
3 Mercè (dedicated to Gesualdo)
4 Kennedy in Napoli (dedicated to Charles Mingus)
5 Divinazione moderna I
6 Divinazione moderna II (dedicated to Erri de Luca)
7 Guetteur d'inaperçu (dedicated to Daniel Mermet)
8 Les apparences (dedicated to Antonietta)
9 Porta segreta (dedicated to Enzo Tedesco)
10 Il disegno smangiato d'un uomo (dedicated to Vesuvio)

ECM, 2003 (ECM 1857)

Louis Sclavis has for decades dazzled and provoked listeners with his literate, ambitious musical projects that examine not only the many dimensions and directions of the sonic spectrum, but also his Renaissance-like embrace of literature, foreign cultures, and now, visual art. With a new quartet collaborating with him -- only cellist Vincent Courtois is retained from his previous outing, L'Affrontement des Prétendants -- Sclavis turns his eyes, ears, and spirit toward an investigation of the paintings of the French artist Ernest Pignon-Ernest on Napoli's Walls. Pignon-Ernest, born in 1942, is a curious and wonderfully captivating artist, since he works not on canvas but on public surfaces. From 1987-1995 he worked in Naples, digging through a knotty, tragic history that involved both Oriental and Occidental cultures and the aftermath of volcanoes, disease, defeat at the hands of many armies, and the poetry of its people through it all. Sclavis (playing both clarinets and saxophones), Courtois (on cello), Médéric Collignon (on pocket trumpet, electronics, voices, and horn), and Danish guitarist Hasse Poulsen engage Pignon-Ernest head-on. They explore the various musical traditions of Naples, but also of the entire region through the language of the postmodern, as improvisation, formal composition, ethnomusicology, and an aesthetic that attempts to illustrate the visual aurally. This is accomplished by stitching together the region's popular and antiquated song forms (from folk to opera to madrigals), jazz (through a Mingus-like engagement with history and the dissemination of cultural mores), sophisticated and striated harmonic sensibilities, and a nuanced aesthetic of dissonance. There are ten selections on Napoli's Walls, all but one of them dedicated to a person or place and all of them warm and utterly engaged in time and place, whether the piece has humor in its articulation, such as on the title track or "Kennedy in Napoli," with its wondrous counterpoint, or is more elegiac as in "Divinaziona Moderna, Pt. 1" and "Guetteur d'Inaperçu." The classical thematics and structure of "Les Apparences," with its lilting cello line that counters the pocket trumpet in creating a theme to which Sclavis adds his trademark rounded tone on clarinet, is among the most striking moments on the set, especially as Poulsen's guitar breaks the dynamic and then shifts it into a meditative improvisation. Simply put, Napoli's Walls is an album that moves jazz from its rarefied 21st century ghetto and engages it in a different dimension, as it offers the visual as another song form and place of investigation for sonic inquiry as well as dissemination for antiquated and popular culture. And far from being merely academic, this record is full of sensual pleasure and an utterly accessible, often deeply moving articulation of a new musical language. ~ Thom Jurek, All Music Guide


(déjà évoqué ici)

Achetez les alboumes de Louis SCLAVIS !

(lien dans le commentaire)

29.6.07

212 - Sigmatropic : Sixteen Haiku and Other Stories



On Sixteen Haiku and Other Stories, a slate of international guests help Akis Boyatzis and Sigmatropic recast their original, Greek-language interpretations of George Seferis' poetry into English, in the process bringing the Nobel laureate's evocative work to their own varied audiences. The recording's guest list is rather impressive, from an indie standpoint at least. Shoving off with no less an eccentric talent than the inimitable Robert Wyatt, Sixteen Haiku drifts soundtrack-like through 22 unnamed pieces ("Haiku Five," "Haiku Six," etc.) According to Boyatzis' liner notes, the guests involved recorded their respective vocal interpretations over Sigmatropic's existing tracks; the resulting musical threads tie together what might otherwise be a mess of tangled voices. The album percolates with electronic programming, and the grooves of what might be labeled indie electronica. Processed bits of guitar build subtle melodies over thick bass, wildly varied drum loops, faraway snatches, traditional instrumentation, and assorted blips of human laughter and muttering. Ultimately, however, Sixteen Haiku and Other Stories is about words and voices. Wyatt, Laetitia Sadier, Alejandro Escovedo, and Edith Frost dress their performances in personal nuance, but never outpace the poetry itself. (The artfully simplistic couplets are included in the accompanying booklet, along with a brief Seferis bio.) "I am raising now/A dead butterfly/With no make-up," Cat Power sings in "Haiku 10." It's brief at just over a minute. But the track's atmospheric buzz is sold by Chan Marshall's particular phrasing. This holds true throughout the album. Despite all the distinct personalities and their clever interpretations, no one piece ever really stands out. Instead, they each pour a spoonful of sparkling crystals into Sixteen Haiku and Other Stories' rejuvenating mineral spring. ~ Johnny Loftus, All Music Guide

In 2002 Akis Boyatzis (founder of Sigmatropic) released an album that put music to the Haiku poetry of Nobel Prize winning Greek laureate George Seferis. Now he is taking this work to an international audience by re-releasing Sixteen Haiku & Other Stories with newly recorded English vocals supplied by a collection of renowned alternative artists. Amongst the talent roster are Robert Wyatt, Lee Ranaldo (Sonic Youth), Edith Frost and Mark Eitzel. Stylistically the album spans everything from pop, world, ambient, acoustic and rock-lite. It's also littered throughout with unexpected twists that keep the music from being easily classified although the over-riding mood is cinematic, dramatic as well as meditative. Sigmatropic balance a combination of electronic and traditional instruments, beats and rich arrangements that create a surprisingly cohesive landscape despite so many styles being employed. Due to this it helps, rather than hinders having so many vocalists and vocal styles on hand. From the smooth Euro sound of Stereolab's Laetitia Sadier (Haiku One) to The Walkabouts Carla Torgerson (Haiku Five & Haiku Six) with her sparkling pop vocal. Robert Wyatt (Introduction 'On Stage') is, as usual; spooky as is Edith Frost on Haiku 8. Lee Renaldo speaks one his tracks (Haiku Twelve) like a man possessed but also delivers one of the softest and most beautiful songs (Haiku Sixteen). Pinkie Maclure's Warm Water is divine and Chan Marshall (of Cat Power) manages to keep it together long enough to deliver another one of the best tracks (Haiku 10) which also features one of the kookiest lyrics; "I am raising now a dead butterfly with no make-up". The lyrics, being Haiku poetry, are naturally brief, as are many of the songs although along with the sixteen Haikus this album also features five longer works. Limited quantities include a bonus disc which features two remixes and three of the Haikus recorded by different vocalists. All in all this is an intoxicating and brew and those not put off by the artiness of the project are likely to discover a unique and fine album. Wayne Davidson

Premièrement, excellente initiative: seize haïkus (court poème d'origine japonaise, apparu au XVIéme siècle), issus de l'oeuvre du poète Grec George Seferis, musicalement modernisés et chantés par des artistes reconnus (Robert Wyatt, Steve Wynn, Lee Ranaldo FROM SONIC YOUTH, Mark Eitzel, Howe Gelb, Cat Power, Laetitia Sadier, chanteuse Française, il faut le préciser, de Stereolab etc...) et moins connus mais tout aussi talentueux (James Sclavunos, Edith Frost, Carla Torgerson, Akis Boyatzis, Simon Joyner...).Deuxièmement, un résultat au delà de toute espérance. Toutes les interventions, je dis bien toutes, sont absolument magnifiques et dressent un panorama musical très large et d'une qualité inespérée. De l'électro au rock débridé en passant par le folk, la pop le jazz ou l'expérimental, chaque morceau envoûte, que ce soit par la trame musicale servant d'écrin aux oeuvres de Seferis (mandolines, guitares, violoncelles, sampling, piano, harpe celtique, glockenspiel, basse....), ou par la splendeur des voix (olala la petite Laetitia sur "Haïku one", par exemple!).Je ne mentionnerai aucun morceau en particulier, même si évidemment, je me réjouis de la présence de Lee Ranaldo. Ils sont tous superbes et cet album s'écoute du début à la fin sans sauter le moindre titre; c'est tout simplement un grand album, de ceux qui accompagnent votre vie au quotidien, et toutes les humeurs qu'elle engendre.De plus, avec vingt-deux titres sur l'album et six autres sur sur le bonus disc, vous en avez pour votre argent et surtout, pour un sacré moment de bien-être et de bonheur musical intense.Même pas à écouter, à "pomper" ou à se procurer de telle ou telle façon: à acheter, ni plus ni moins, et à garder précieusement et jalousement à portée de main, dans l'ipod, dans le mp3, bref sur soi. (25/04/2006) Tatapoum


01. Robert Wyatt Introduction
02. Laetitia Sadier Haiku One
03. Martine Roberts Haiku Two
04. Mark Mulcahy Haiku Three
05. Alejandro Escoedo Haiku Four
06. Carla Torgerson Haiku Five
07. Carla Torgerson & Akis Boyatzis Haiku Six
08. Akis Boyatzis Haiku Seven
09. Edith Frost Haiku Eight
10. Mark Eitzel Haiku Nine
11. Cat Power Haiku Ten
12. Simon Joyner Haiku Eleven
13. Lee Ranaldo Haiku Twelve
14. Alex Gordon Haiku Thirteen
15. Akis Boyatzis Haiku Fourteen (a)
16. John Grant Haiku Fourteen (b)
17. James William Hindle Haiku Fifteen
18. Lee Ranaldo Haiku Sixteen
19. James Sclavonos The Dead Sea
20. Pinkie Maclure Water Warm
21. Howe Gelb This Human Body
22. Steve Wynn The Jasmine

Bonus

01 Robert Wyatt Intro (Rhodes mix)
02 Mark Mulcachy Haiku 1
03 Edith Frost Haiku 6 (Vangelis Zisis mix)
04 Carla Torgerson Haiku 13
05 Dead Sea (original Sigmatropic version)
06 Howe Gelb This Human Body (Antonis Livieratos mix)

(lien dans le commentaire)

27.6.07

211 - L'exil de Sidsel Endesen






Fort logiquement, c'est en 2002, après le succès qu'a rencontré la vague nordique emmenée par le claviériste Bugge Wesseltoft (écouter les productions de son label Jazzland) et le trompettiste Nils Petter Molvaer, que ce deuxième opus qui fait suite à So I Write, réalisé en 1994, ressort. Ce que l'on entend aujourd'hui chez la Norvégienne était déjà en place, à savoir ce mélange de jazz et de folk qui évoque, çà et là, pour le meilleur, Annette Peacock, Joni Mitchell ou Julie Tippett plutôt que sa consœur Mari Boine. Très à l'aise dans tous les registres, elle passe du murmure à un chant plus expansif et expressionniste avec une déconcertante facilité due à son talent de virtuose, jamais mis en avant en tant que tel. Pour l'épauler, un quintette de rêve a été réuni qui compte Nils Petter Molvaer, Django Bates, Bugge Wesseltoft, David Darling et Jon Christensen. --Hervé Comte

Sidsel Endresen voice

Django Bates piano, tenor horn

Nils Petter Molvær trumpet

Jon Christensen drums, percussion

Bugge Wesseltoft keyboards

David Darling cello

(lien dans le commentaire)

19.6.07

210 - Astrakan Cafe



Anouar Brahem (oud)
Barbaros Erköse (clarinette)
Lassad Hosni (bendir, darbouka)


Un Orient indéfini prête son cadre à la rencontre de trois instruments complémentaires. Oud et percussions -bendir, darbouka- réfèrent certes à une géographie précise ; mais la clarinette qui se tient à mi-chemin entre les traditions des Balkans et un traitement plus moyen-oriental (Erköse est turc), voire indien lorsque, par ses glissandi, elle évoque la flûte bansouri, élargit le rapport circonscrit d’une mémoire et d’une terre à l’espace illimité du royaume des songes. Comme dans les déserts où la ligne d’horizon, toujours tremblante, s’évapore dans le ciel, l’haleine chaude, la douceur boisée, l’ample vibrato de l’instrument enveloppent l’auditeur d’une torpeur qui a bientôt raison de toute approche analytique. Le pari fait de l’envoûtement porte à une écoute nonchalante qui se laisserait submerger d’images et de parfums pour ne demander qu’à s’offrir aux clichés d’une poétique vague mêlant rudesse et préciosité. Une même ambivalence traverse la résonance des cordes, la frappe des peaux et le souffle exhalé. La limite s’estompe entre caresse et pincement, les sonorités s’épaulent mais les attaques peuvent se contredire, fugitivement. Le climat général, proche de l’alanguissement n’est pas démenti par de soudains emportements dont la fonction demeure ornementale. Ce qu’il y a d’abandon, de repliement parfois sur les abîmes de la méditation lorsque l’oud soliloque, n’aborde jamais les zones dangereuses d’une vraie douleur, toujours certain hédonisme vole au secours d’une âme à la dérive et la saisit sur sa pente pour la mettre sur le chemin d’une nostalgie plus aimable.

S’il est des mélodies faciles aux contours simples (Astrakan café), d’autres se lacent et se délacent sans se fixer, au gré d’équilibres subtils et transitoires (Hijaz pechref). Selon qu’on épousera le flottement des durées, la retenue nocturne, le versant fantasmatique et sa chaîne d’associations infinie ou qu’on exigera au moins de loin en loin la morsure d’un angle vif, cette même musique prendra le goût du miel ou celui d’un agréable sédatif. Verveine ou thé à la menthe, chacun doit savoir ce que son corps réclame. Mais les indécis trouveront aussi leur compte.

Chronic'Art




Depuis vingt ans qu’il laisse chanter son oud (ce luth traditionnel oriental) en toute liberté, Brahem a exploré tous les continents stylistiques auxquels l’instrument s’est trouvé lié un jour au cours de son histoire. Mêlant avec grâce différentes sensibilités modales du Proche-Orient et du Maghreb et les confortant amoureusement à divers types d’improvisations, le musicien tunisien s’est ainsi forgé au fil du temps une manière originale, à la fois aventureuse dans ses écarts pris avec la règle et respectueuse de l’esprit syncrétique de la musique arabe, évitant tout autant clichés orientalistes qu’hybridations mondialistes. Astakan Café apparaît, dans cet esprit, comme une sorte d’aboutissement esthétique de cette plongée personnelle au plus intime de la tradition. En trio, avec des complices de longue date, le clarinettiste turc d’origine rom, Barbaros Erköse, et le percussionniste tunisien Lassad Hosni, Brahem nous embarque dans un étonnant voyage mental, entre confidence amicale sur le ton de la conversation et rêverie méditative. Une musique rigoureuse et sensuellement ascétique qui tend à redéfinir les contours d’un univers poétique et culturel composite oscillant sans cesse entre pudeur et hédonisme, nostalgie et recueillement.
Stéphane Ollivier
Les Inrocks

Le SITE d'Anouar BRAHEM

Anouar Brahem est né en 1957 à Halfaouine dans la medina de Tunis. Sa vie de musicien débute lors de sa dixième année lorsqu'il entre au Conservatoire National de Musique de Tunis pour y apprendre le oud.

A 15 ans il se produit déjà dans les orchestres locaux et à dix-huit il décide de se consacrer entièrement à la musique. Durant quatre années, chaque jour, Anouar Brahem rejoint son maître Ali Sitri pour approfondir ses connaissances de la musique arabe classique et les subtilités de son instrument. Rapidement le musicien élargit son univers en le confrontant aux modes musicaux venus d'Inde ou d'Iran et découvre le jazz. Dès ses premières compositions il démontre que les possibilités du oud vont bien au delà du simple rôle d'instrument d'accompagnement. Ses concerts le font remarquer par la critique de son pays, mais les possibilités de travail que lui offre la scène musicale tunisienne ne sont pas satisfaisantes. La seule source de revenus pour un joueur de oud consiste à suivre des chanteurs de variétés interchangeables dans les mariages ou sur les plateaux de télévision.
En 1981, Brahem s'installe en France, où son talent s'épanouit au contact d'autres artistes. Il compose pour le chorégraphe Maurice Béjart et, en 1983, collabore avec Gabriel Yared pour la musique du film de Costa Gravas "Hanna K". Pendant quatre années il se produit avec succès dans différents festivals à travers l'Europe. En 1985, Anouar Brahem réunit à Carthage des musiciens turcs tsiganes, tunisiens et des jazzmen français, pour interpréter sa pièce instrumentale "Liqua 85" qui lui vaut le grand prix tunisien de la musique. En 87, il accepte la direction de l'ensemble musical de la ville de Tunis. Il transforme cette lourde machinerie en créant des petits groupes qui alternent répertoires classiques et créations. Il remet au goût du jour la forme originelle de l'orchestre traditionnel le "takht" où chaque instrument devient tour à tour soliste en improvisant sur le thème de base. Il travaille sur d'anciens manuscrits et collabore avec le poète Ali Louati pour créer des chansons qui reprennent les formes anciennes. La suite chantée "Ennaoura el achiqua" lui apporte la consécration nationale.
Par la suite il travaillera avec de grands chanteurs tels Nabiha Karaouli, Sonia M'Barek, Saber Rebaï ou Teresa de Sio. Ironie du sort sa chanson "Ritek ma naaref ouin" inspirée du folklore et interprétée par Lotfi Bouchnak deviendra un immense succès dans les bals de mariage. En 1990, Anouar Brahem quitte l'ensemble musical de la ville de Tunis et s'embarque dans une tournée en Amérique du Nord. Peu après il devient responsable du "Centre des musiques arabes et méditerranéennes" mais il désire se concentrer sur sa carrière. Sa rencontre avec Manfred Eicher, le fondateur du mythique label ECM, va lui donner la possibilité de donner libre cours à son imaginaire musical. Son premier album "Barzakh" (91) fruit de sa collaboration avec les virtuoses tunisiens Bechir Selmi et Lassad Hosni et le second "Conte de l'incroyable amour" (1992) avec le clarinettiste Barbaros Erköse et le joueur de nai turc Kudsi Erguner lui permettent de développer de riches idées sur la musique méditerranéenne contemporaine. En 1993, il décide son maître Ali Sitri à remonter sur scène en sa compagnie pour une série de trente concerts à guichets fermés, basés sur le répertoire traditionnel maghrébin et oriental, instrumental ou chanté par Sonia M'Barek. En 94 c'est un profond respect mutuel qui réunit Brahem et le saxophoniste norvégien Jan Garbarek.

Leur disque "Madar" enregistré avec l'aide du joueur de tablas pakistanais Shaukat Hussain est un bel exemple d'échanges fructueux entre deux musiciens à la quête similaire, celle d'une tradition universelle. L'album de 1995, "Khomas", est pour le Tunisien l'occasion de reprendre librement des thèmes qu'il a composés pour des films avec un sextet qui comprend notamment l'accordéoniste Richard Galliano. Le disque "Thimar", sorti en 97, est le témoin d'une nouvelle rencontre qui transcende les genres avec le bassiste Dave Holland et le saxophoniste-clarinettiste John Surman. Ils présenteront ce répertoire sur les scènes du monde entier. Avec l'an 2000, Anouar Brahem atteint, selon ses dires, la fin du second cycle de sa carrière. L'album "Astrakan Café", enregistré en compagnie de ses fidèles amis Lassad Hosni et Barbaros Erköse, propose une collection d'une limpide cohérence de thèmes traditionnels, d'anciennes compositions et de nouvelles pièces. Une nouvelle fois il nous prouve que la musique tunisienne peut à la fois être riche, fière de ses racines et totalement moderne.
Benjamin MiNiMuM
Mondomix

(lien dans le commentaire)

209 - Songs of The Spanish Civil War




Alboume déja évoqué ici en août dernier... (mais juste évoqué, sans la musique)








Place maintenant à la musique.

« Quand j'ai commencé la batterie, une des choses qui me sortait de ma pratique était d'aller manifester pour la démocratie. Le bourdonnement des matraques me hante encore. J'ai ces sons dans ma tête » (Ramon Lopez - JazzoSphère n° 10).

Les chants désespérés sont souvent les plus beaux... C'est Charlie Haden qui, le premier dans le jazz, a mis le doigt avec son Liberation Music Orchestra -- plusieurs années après les "colères" de Charles Mingus ou de Max Roach -- sur un répertoire emprunté à des chants de lutte, de libération ou de résistance de peuples opprimés du monde entier (Salvador, Portugal, Chili, Nicaragua, Venezuela, Afrique du Sud...) et tout particulièrement à différents épisodes de la révolution espagnole de 1936 à 1939.
La guerre d'Espagne symbolise en effet à elle seule les conflits du 20e siècle : préfigurant la seconde guerre mondiale dans la mise en scène des tactiques et des stratégies de ses principaux protagonistes -- en particulier fascistes et staliniens -- elle est aussi exemplaire des actions de "communisme réel" et de collectivisme prônées et menées par les anarchistes de la C.N.T. - F.A.I. (freinées par le parti communiste, plus attentif à la ligne militaire de Staline qu'à la révolution sociale) dans les régions qu'ils contrôlaient : collectivisation spontanée des terres en Aragon, des usines en Catalogne, et aussi dans les écoles, les transports, les milices, etc.
La lutte anti-fasciste en Espagne fut aussi une lutte pour la culture se caractérisant par l'ouverture à tous des bibliothèques et des musées et par le développement -- spontané et le plus souvent collectif -- de tout un courant d'art populaire qui se manifestera d'abord (tout comme en mai 68 en France quelques décennies plus tard) dans une floraison d'affiches aux grandes qualités graphiques. On assista également à une véritable renaissance de la poésie et la musique populaire pendant la révolution -- de nombreux musiciens, poètes et comédiens joignant en masse la C.N.T. -- tout particulièrement dans la réappropriation par les combattants de chansons traditionnelles que l'on dota de nouvelles paroles, mais aussi de chansons venant d'autres révolutions avec des paroles nouvelles.
Aujourd'hui encore, ces chansons restent inscrites de manière indélébile dans la mémoire, l'inconscient et le c¦ur du peuple espagnol, certaines étant devenues des standards à leur façon, comme La sardana de les monges ou La santa espina, vieux chant catalan repris par les combattants républicains, comme El himno de riego, chanté lors de l'insurrection républicaine de 1820 et devenu l'hymne officiel de la république espagnole ou Els segadors, l'un des plus anciens des airs populaires révolutionnaires, devenu l'hymne de la république catalane. Certains de ces airs étaient à l'origine de vieilles chansons d'amour, comme Ay Carmela, chantée par les partisans espagnols en lutte contre les armées napoléoniennes en 1808 et qui, par détournements successifs de ses paroles, s'est aussi appelée selon les circonstances Ay Manuela, Rumba la rumba, El ejercito del Ebro ou El paso del Ebro (on en retrouve même d'autres adaptations ultérieures en Amérique du Sud), comme Los cuatro muleros, devenue successivement Los cuatro generales et Coplas de la defensa de Madrid, comme la chanson traditionnelle Los contrabandistas de Ronda, devenue El tren blindado.
Et le batteur Ramón López, né en 1961 à Alicante (Espagne) et installé à Paris (France) depuis 1985, avait à coeur de réinvestir à sa manière et à la lumière de son histoire propre ces témoignages de son patrimoine intime. Percussionniste à l'assise rythmique impeccable et aux fortes qualités mélodiques, doté d'un sens très raffiné des couleurs et de la dynamique, il s'est produit avec Denis Colin, Jean-Marc Padovani, l'Orchestre national de jazz de Didier Levallet (ONJ 1997-2000), l'ensemble Lousadzak de Claude Tchamitchian, mais aussi avec Ivo Perelman, Charles Gayle, Hans Koch ou Ernst Reijseger. Après un superbe album de batterie seule en 1998 qui fit swinguer la jazzosphère ("Eleven Drums Songs", Leo Lab CD 044), il décide de monter son propre quartette, à partir du répertoire de ces "chants de la guerre d'Espagne" ouvert aux improvisations les plus débridées, en compagnie de quatre fortes personnalités de la scène internationale des musiques improvisées. Compositeur et improvisateur, aussi à l'aise dans le jazz conventionnel que dans l'improvisation radicale, le contrebassiste Paul Rogers promène sa sonorité ronde et sa virtuosité dans les univers de Paul Dunmall, Sophia Domancich, Evan Parker ou Paul Rutherford. Spécialiste du trombone basse aux sonorités grasses et puissantes, Thierry Madiot se produit abondamment en solo, avec la danseuse Li-Ping Ting, en compagnie d'Alfred Spirli, Sophie Agnel ou Hélène Breschand. Engagé depuis les années 80 dans les méandres tourbillonnants de l'improvisation libre, Daunik Lazro est un saxophoniste au lyrisme généreux et au phrasé porteur d'une infinie tendresse, partenaire privilégié et fidèle de Joe McPhee, Raymond Boni, Annick Nozati, Claude Tchamitchian ou Carlos Zingaro. Invité exceptionnel, le volcanique chanteur basque ("du nord") Beñat Achiary intervient ici avec fougue sur ce répertoire déterminant, entre fureur et étreinte. Ensemble, imprégnés de ces danses traditionnelles (la buleria, la sardane...) et de ces chansons (où apparaissent, en filigrane, des évocations de Federico García Lorca -- "une de mes lumières sur terre" confie Ramón López -- de Buenaventura Durruti, de La Passionaria, des Brigades internationales, des miliciens et combattants anonymes, guerilleros de "no pasarán"...) qui forment l'épine dorsale de leurs improvisations, ils réinventent -- à la lumière de l'axiome libertaire "l'initiative individuelle mise au service de la collectivité" -- une musique bouleversante, mordante et constamment sur le fil, à l'expressivité sombre et cependant pleine de vie, en ravivant magistralement l'Histoire et la mémoire.
Gérard ROUY






Drummer/percussionist Ramon Lopez follows up his 1999 "Leo Records’ release with a quartet outing based upon the Songs of the Spanish Civil War. And if some of you have already formulated notions that this is some sort of historical retrospective, forget it! Here, the drummer has assembled a crew of top-flight European jazz musicians for a set that embodies off-kilter, free-jazz style renderings of traditional compositions rearranged by Lopez. Vocalist Benat Achiary lends his wares to three of these largely abstract pieces, as bassist Paul Rogers, saxophonist Daunik Lazro and bass trombonist Thierry Madiot round out this relatively unique offering. Basically, there are some parallels to bassist Charlie Haden´s famed "Liberation Music Orchestra’; however, the musicians delve much further into the avant-garde here, as they present us with a disparate canvas of disjointed themes and steamy interplay atop Lopez´ wavering, polyrhythmic endeavors. Overall, there is an abundance of fine soloing atop cat and mouse type exchanges and Achiary´s curiously interesting torch song approach to the music, as the vocalist casts a notable twist to this set consisting of boisterous dialogue, stinging opuses and climactic movements. Without a doubt, Songs of the Spanish Civil War is an attractive and cleverly produced actualization of Lopez´ musical visions.
GLENN ASTARITA. ALLABOUT JAZZ.COM

My friend Morton heard "Els Segadors" the opening track from this CD and declared that it sounded as if Beñat Achiary's vocal were operating in a different universe to the rest of the band. I would not normally argue with Morton, particulary since he recently lent me his recording of Yoko Ono and Ornette Coleman playing together and did not think the same situation applied. The fact is on this rare occasion Morton and I do not hear the music in the same way (though personally I do not have a problem with the concept of a parallel universe). Before I listened to this CD I went back to the first Charlie Haden Liberation Music Orchestra recording which, superficially at least, covers the same ground. I found that "El Quinto Regimiento" is on both sessions, and another 'song' which Signor Lopez has adopted, "La Santa Espina", is also to be discovered on the end of Mr. Haden's later "The Ballad of The Fallen" album for ECM. I am glad that these cross-overs have been made with the two 196's/80's war-horses, because by drawing attention to the 'common ground', it is easier to hear how very different the Ramon Lopez Civil War Quartet is from the old American Liberation Orchestra. Whereas the latter always had something of a repertory band about it, albeit one that could flame these beautiful melodies with a strong political commitment and a 'free jazz' ascetic, the new Leo collection of Spanish Civil War tunes feels much more 'integral'. The Quartet take many more liberties with the source material, sometimes bending things completely out of shape. It is as if the original music, refashioned from fragments of a heroic past, is abstracted out of historical existence. If that sounds like a criticism it is not meant to be. How we deal with the past reflects how we deal with today. The effect here is to give a real weight to the lengthy imprvised passages.The Quartet play, but are never merely playful, yet on something like "Los Cuatro Generales", with the added dimension of Beñat Achiary's vocals, the music almost soaks up the crazy irony of the situation. The carnival becomes the funeral becomes the carnival.
My reading of the Spanish Civil War is that, perhaps like all bloody conflict, events often degenerate into tragic farce. The fighting and killing, at times became the product of a gross social absurdity rather than a defence of "Land & Freedom". If this is how I read it, it is also how I heart it. In my view, this recording is a genuine soundtrack, it deals with the subject but it does so using the sound of musicians improvising. The title "Songs Of The Spanish Civil War" might give the impression that this is a vocal based session, it isn't. Benat Achiary is only on three of the cuts. For my money the real joy of this session is how all four players act as a true collective. Thierry Madiot's bass trombone is exceptional, operatic in its willingness to describe it self as well as the subject. When Daunik Lazro blows baritone sax alongside the slide horn it feels like the bottom of the well is being lifted to the surface. Ramon Lopez is wonderful clattering drummer (I'd love to see what his kit looks like), on "El Paso Del Ebro" he generates a head of steam under Daunik Lazro's alto wich is Sunny Murray proportions. Regular Avant readers will already know where I place Paul Rogers. On the same track he takes a bass solo that is as articulate as profound language. Throughout this session Mr. Rogers draws the whole Quartet together whilst producing his own porfolio on the state of the bass. Since his move to France some years ago his profile in Europe has increased markedly. Paul Rogers presence in the Ramon Lopez Quartet is important. I hope we get to witness this line-up during on Spring/Summer's gig circuit. Time is too short. If we are going to listen, there has to be for a reason. Ramon Lopez's music is an intense statement of improvisation on an theme. "Songs Of The Spanish Civil War" does justice to its subject, not simply by being a broadsheet for anti-fascism; true artistic endeavour gets beyond the boundaries. Hey! Morton try this one again!
STEVE DAY. AVANT
Hace un par de años, el batería Alicantino afincado en Paris en París sorprendía a propios y estraños con un disco grabado a solo, "Eleven Drums Songs". Por entonces militaba en la Orquesta Nacional de Jazz de Francia. Ese disco tenía mucho de reivindicación personal y de toque de atención. Ahora, acabada la relación con ese destacado orgánico del jazz francés, nos presenta este proyecto que tiene todo de confirmación y proyecto de futuro. Para su grupo, Ramón cuenta con destacados libreimprovisadores de la escena europea. Paul Rogers, ahora en la ONJF, miembro entre otros de Mujicians, al contrabajo; Daunik Lazro, ayleriano militante, a los saxos alto y baritono y Thierry Madiot, uno de los "nombres nuevos" de esta escena, un especialista del solo al trombon bajo. Cuenta además en tres temas con un todoterreno, el cantor y organizador Beñat Achiary. Para su presentación ha elegido una temática especial. Una selección de los temas de la Guerra Civil Española. Sobre este repertorio ya hay trabajos anteriores. Charlie Haden en "Liberation Music Orchestra" o en "The Ballad of the Fallen" ya ofrecía destacadas relecturas. La diferencia con estos y otros precedentes radica en la visión que se les da. Frente a relecturas basadas en arreglos, Ramón propone estos temas como referencias para lanzarse a la libre improvisación. Las melodías, más o menos completas, más o menos alteradas, van apareciendo en los diversos temas, pero su reconocimiento no es el fin sino que son puntos de partida, momentos de encuentro en un discurso que se plantea abierto y de total libertad. Los cantos que animaban a combatir en pos de utopías propician vuelos libres cuyo techo está en la ceatividad del momento. La grabación, aunque de estudio, refleja fielmente la intensidad que el grupo consigue en el directo. Frente a los agoreros que durante años han propiciado la propagación del convencimiento de que para que un músico nacional destacara debía de hacerlo en un terreno propio en el que no tuviera competencia - clara referencia a la fusión jazz/flamenco -, discos como este de Ramón o los de Agustí Fernández vienen a demostrar que nuestros músicos pueden codearse con la primera división de la escena internacional sin mayores complejos, sólo hace falta estar al nivel.
JESÚS MORENO. MARGEN Nº 22 invierno/primavera 2001


(lien dans le commentaire)

12.6.07

208 - Khmer




Attention chef-d'oeuvre. Le trompettiste norvégien Nils Petter Molvaer entre dès son premier disque dans la sphère très restreinte des géants du jazz moderne, dans la grande lignée tissée à peine quelques mois plus tôt par un autre trompettiste, français celui-là, Erik Truffaz. Impossible de ne pas les comparer ces deux-là, avec un son tout autant avant-gardiste, electro-jazz diront certains, trip-hop jazz pour d'autres... Bref, cela n'a aucune espèce d'importance.Fortement inspirée du Kind Of Blue de Miles Davis qui lui a un peu ouvert les portes de ce son si atypique pour l'époque, la performance de Molvaer se trouve dans la densité de son Khmer, qui s'écoute aussi bien doucement en musique de fond, ou très fort en fermant les yeux. Le mot qui me vient à l'esprit quand je parle de cet album, c'est envol, car il n'existe aucun autre disque capable de me faire ainsi partir en fumée en à peine quelques minutes, à l'exception peut-être du The Dawn de Truffaz (on y revient !).

Je ne m'amuserai pas dans cette chronique à vous citer les meilleurs titres de ce disque puisque aucun ne ressort à mon avis. Pour moi, Khmer s'écoute en entier comme un long et fabuleux morceau, plein de ruptures et de changements de rythmes, plein de nouvelles rythmiques électroniques plus intéressantes les unes que les autres, plein d'improvisations à la trompette.Vous l'aurez compris, je considère ce Khmer comme un des meilleurs disques electro-jazz de tous les temps, indispensable dans votre discothèque, à ranger entre les meilleurs Miles Davis pour la trompette et les meilleurs Massive Attack, Portishead ou le premier Archive pour l'ambiance...

X Silence

(lien dans le commentaire)

9.6.07

207 - le bonheur (et un peu de mélancolie)



Cet homme est formidable. Sa voix si particulière, ses textes magnifiques, son univers fascinant. John Greaves est formidable. Je ne vous referais pas ici son entière biographie qui vous raconterait comment il fut le bassiste emblématique d'une scène dont le gourou était Robert Wyatt. Autant vous dire que ce disque m'a profondément chamboulé. Je passe vite sur les considérations simplement musicales qui au final ne sont que secondaires. Il ne s'agit pas à proprement parler de musiques improvisées (quoique quelques plages d'improvisation réaffirme la justesse de Vincent Courtois et Sophie Domancich). Il ne s'agit pas non plus de chanson (quoique certaines mélodies sont rares et les textes magnifiques). L'écoute de ce disque n'a pas été comme toutes les autres. D'abord affairé à d'autres choses, je me suis progressivement, et sans que je m'en rende compte, ralenti, pour finalement me trouver assis sur une chaise, la tête haute et les yeux dans le lointain. Cette musique m'avait pris au plus profond, avait réveillé en moi quelque chose : ces jours sans occupations précises où l'on sort pour se perdre, ces petits matins où l'on redécouvre la ville après avoir été baigné dans le bruit et l'agitation. Le doux malaise de ne savoir quelle est la nature de l'état qui nous emporte : et si il s'agissait de mélancolie, de tristesse ou simplement de bonheur ? "The trouble with happiness", voilà le titre de cet album.

Jean Delestrade
Macao

Chanteur, bassiste, compositeur, membre fondateur du groupe Henry Cow, figure incontournable du rock progressif anglais des seventies, un des chantres de l'école de Canterbury, proche de Soft Machine et de Robert Wyatt, le gallois John Greaves installé aujourd’hui à Paris est un artiste complet qui a toujours travaillé dans les marges, aux confins d’univers aussi disparates que le cabaret, le rock, le jazz, la poésie chantée...Après «The caretaker» plus électrique, John Greaves revient à un album de «songwriting» versé dans la ballade poétique, projet plutôt classique -il avoue que la scène contemporaine free ne l’intéresse plus guère- en trio acoustique composé du subtil violoncelliste Vincent Courtois et de la fidèle Sophia Domancich, pianiste de jazz sensible et inspirée.Ce sont «ses» Jazzsongs qui composent l’album The trouble with happiness dont le titre paradoxal et un rien oxymorique ne sera pas pour étonner les amateurs du musicien. John Greaves ne reprend pas, même à sa façon particulière, des standards de jazz. C’est de son répertoire dont il est encore et toujours question, textes et compositions qu’il malaxe, ressasse, recycle depuis des années. Seule exception, la reprise dans un français très étiré et "mouillé" de Saturne de Georges Brassens. Sur les onze compositions de l’album, sept ont déjà été enregistrées précédemment (In the Real World, How Beautiful You Are, Deck of the Moon, The World Tonight ) et certaines sous d’autres titres (All Summer Long, The Price we pay). La voix tendue, le ton passionné, le timbre vibrant de John Greaves arrivent à faire remonter ce qui semblait disparu, enfoui, creusant l’idée de poursuivre un chemin en dévoilant de nouveaux paysages, de neuves manières d’arranger l'ensemble.Il est accompagné magistralement par deux partenaires entrés de plain-pied dans ses histoires tristes, servant les nouvelles versions avec émotion et talent. Ces trois-là étaient à l’évidence faits pour se rencontrer. Le caractère mélancolique, voire intimiste de la pianiste trouve des résonances dans le travail de John Greaves entre repentirs et fulgurances, tensions harmoniques et résolutions mélodiques. Vincent Courtois souligne certains élans d’une façon encore plus manifeste, très charnelle dans son travail à l’archet ou dans des pizzicati enlevés. La sonorité du violoncelle est en plein accord avec la voix dont le piano fait retentir la plainte. Un disque insolite au charme irrésistible.

Sophie Chambon
Jazz Break

Achetez les alboumes de John GREAVES

(lien dans le commentaire)

206 - Open VIEW (hello Peter)




While the back cover of Open View says “Live at the CCB (Centro Cultural de Belem), Lisbon” and the liner has a picture of Carlos Bechegas and Peter Kowald on a stage, I heard no audience noise or applause on this recording.
Perhaps they meant recorded live with no studio post-processing. In any case, the sheer range of sounds, with and without complementing electronics, is simply amazing.

Yes, Kowald is playing a string instrument, but he makes it growl, moan, screech, dance, slide and slap, all sometimes at breakneck speeds and with total control. The record's first four tracks consist of two solos by Kowald and then two by Bechegas.

Kowald's bowing sound is extremely strong—he presses very hard—and he starts off with a low bowed note mixed with vocalism mixed in. He then is off with a stupendous display of bowing and fingering, drawing air raid sounds and what sounds like cow mooing, only to switch to slapped harmonics, changing to bowed harmonics that sound like a flute. There is much more in the rest of the first solo and the second. He is simply amazing, especially since it sounds as if there are no electronics to add to his blizzards of notes and effects.

Bechegas relies much more on the mix of flutes and electronics, and also with his voice mixing with his playing. How he is set up electronically and how he controls what happens, I have no idea. What is attractive is that, unlike Kowald, Bechegas is limited by his breath, and he manages to press so much into each phrase, sometimes totally distorting his flute, other times playing straight, while occasionally adding a second instrument by the electronics. The effect is fascinating, surprising, and intriguing.

The last three tracks have these two marvels playing together and, after exposure to the solos, the way they work together makes a lot of sense. I again cannot say anything about the notation (if any), the preparation (if any), or the cueing for changes in texture or styles. The music is extremely energetic, and, while the men are partners, I was continually drawn to the things that Kowald was doing, perhaps because I am more familiar with string instruments.
If this really was a live concert and the audience was cut out of the recording, they must have been blown away after the fifty minutes had passed—if they knew what they were getting into—or maybe even if they had no idea what hit them.

Track listing:

solo 1 (6:00), solo 2 (9:52), solo 3 (7:05), solo 6 (5:47), Open View 1 (9:48), Open View 2 (8:20), Open View 3 (3:12)


Personnel:

Carlos Bechegas - flutes, electronics and voice
Peter Kowald - contrabass and voice

Budd Kopman
All About Jazz



Peter KOWALD

Achetez / buy Open VIEW

(lien dans le commentaire)

3.6.07

205 - le piano d'Anat FORT


On pense beaucoup au trio de Tord Gustavsen durant les premières mesures de " Just Now ", splendide thème inaugural de ce premier album d'Anat Fort, qui ressurgit d'ailleurs à deux reprises par la suite : douceur veloutée du toucher, goût de la lenteur et de la solennité, sens de l'espace, sobriété quasi ascétique de la contrebasse (Ed Schuller) et de la batterie (Paul Motian). Née à Tel Aviv, la pianiste israélienne a émigré aux Etats-Unis au milieu des années 1990 pour s'y frotter à la scène jazz et y parfaire sa formation ; elle va depuis d'un monde à l'autre en passant des clubs et du jazz à la musique israélienne et de New York à Tel Aviv. C'est cette "longue histoire" qu'elle met en scène dans A Long story, bel album à la délicatesse un peu empruntée et à l'uniformité de ton à la fois envoûtante et lénifiante. Auteur de la totalité des morceaux, Anat Fort joue sur un terrain balisé, côté références, par Bill Evans, Keith Jarrett et Paul Bley ; à ces imprégnations fortes s'ajoute l'originalité d'une touche traditionnelle relevée par Paul Bley, et qui l'a d'ailleurs conduit à accepter de collaborer à l'album : "J'ai d'abord refusé parce que je ne savais rien d'elle et de sa musique. Mais j'ai été agréablement surpris par la qualité de la musique proposée par Anat, notamment cette façon d'intégrer dans ses compositions effluves musicales venues du Moyen-Orient". On pense aussi volontiers aux derniers albums de Charles Lloyd, à partir du troisième morceau, le trio devient quartet avec l'entrée en scène, toute en retenue là aussi, de la clarinette de Perry Robinson. Au risque de manipuler un cliché, on donnera sans doute une idée aussi fidèle que possible de la tonalité générale de A Long story en disant qu'il n'aurait été nulle part mieux que sur ECM : les amateurs applaudiront, les autres regretteront peut-être la monochromie un peu trop tranquille de l'ensemble, tout en reconnaissant à Anat Fort un remarquable talent de compositrice et un univers qui, à défaut d'originalité, ne manque pas de poésie.
Bernard Quiriny
Chronic'Art



Si le jazz fait la part belle aux chanteuses (on en connait des myriades, toutes uniques), le sort réservé aux instrumentistes n’est pas le même : si la regrettée Alice Coltrane ou Carla Bley ont su se faire un nom aux côtés de leurs confrères, la relève n’est pas des plus fournies. De même chez ECM, le personnel de studio est surtout masculin. Sauf qu’Anat Fort est une demoiselle.
Il est des pianistes éthérés, qui aiment à se perdre dans d’evanescentes abstractions, et d’autres qui préfèrent la robustesse des mélodies. L’Israélienne Anat Fort privilégie cette dernière approche. Si en compagnie de ses musiciens (dont Ed Schuller, à la contrebasse efficace), elle se permet quelques soli, mais c’est toujours en collant au plus près des lignes mélodiques, sans dévier vers de vastes improvisations qui la détournerait du sujet (un jazz subtil, précis, pointilleux dans son genre... classe), laissant plutôt ce plaisir à Perry Robinson (clarinette, ocarina). Avec ces compositions signées par elle (dont une, "Chapter two", co-écrite avec Perry Robinson), Anat Fort nous mène donc sans détours inutiles vers le plaisir. Un plaisir simple, comme cet album enregistré à New York.
Comme Martin Speake sur "Change of heart", Anat Fort a réalisé son rêve pour enregistrer son premier album : entrer en studio avec l’un de ses mentors, le batteur Paul Motian. Anat Fort qui se dit fan de Bill Evans, Keith Jarrett, Paul Bley, ainsi que la plupart de la musique enregistrée sur ECM (comme on la comprend). Cela s’entend, félicitations.
Jean-Marc Grosdemouge
M la musique

(lien dans le commentaire)

204 - Les sessions "noires" de The National (black sessions)

1 All the wine
2 Secret meeting
3 Driver surprise me
4 Lit up
5 Cherry tree
6 Baby, we'll be fine
7 Geese
8 City Middle
9 Looking for astronauts
10 Mr November
11 Daughters of the soho riots
12 Abel
13 Wasp net

Rien d'autre à ajouter, vous connaissez tous The National.

(lien dans le commentaire)

203 - les belles (chansons) mers froides






"Chansons des mers froides" (Sony Music, 1994)

Issu d'une communauté contestataire post-soixante-huitarde du nom de "Barricade", Hector Zazou forme avec Joseph Racaille le tout aussi expérimentale ZNR au milieu des années 1970. Au début des années 1980 il prend une nouvelle direction et entame un fructueuse collaboration avec le chanteur zaïrois Bony Bikaye. Avec "Géologies", en 1989, il enregistre "un hommage aux banquises fondantes, aux siroccos des pôles". Avec "Chansons des mers froides", il propose une nouvelle lecture musico-géopraphique des univers glacés.
Hector Zazou tisse des paysages sonores électroniques et acoustiques pour les voix du quatuor finlandais Värttina, de l'islandaise Björk (qui chante ici dans sa langue maternelle), de Suzanne Vega, John Cale , Siouxie (chant chaman de Sibérie), Tokiko Kato (chant aïnu du Japon), Elisha Kilabuk, Koomoot Nooveya et Marina Schmidt (chant inuit), Lioudmila Khandi (chant iacoute)...
Loin d'être un album de collaborations dépareillées, "Chansons des mers froides" propose un magnifique voyage, riche et cohérent, ou les sons peuvent se faire très doux mais aussi quasi "industriels".
Neosphères

Hector Zazou est un compositeur aussi inclassable, comme le prouve une carrière riche en expériences aussi diverses que le rock (Barricades), la musique impressionniste (le duo ZNR) et la world music en général (scandinave, celtique, africaine, etc...). Écriture pour cordes, vents, voix classiques ou synthétiseurs, Hector Zazou surprend à chaque nouvelle création, illustrant sa passion des mélanges les plus inattendus.
XSilence




Aller chez ZAZOU :
A quoi sert la musique si ce n'est à changer le monde ?

(lien dans le commentaire)

202 - du Bosphore au Mont de Piété (?)



de la métaphore à la réalité



de la chute dans l'immobilité

Denis DARZACQ

201 - Tord Gustavsen Trio : de la lenteur (l'épure d'un trio)






Changing places, voici deux ans, avait provoqué une sorte de petit séisme tranquille dans le monde du jazz : avec une grâce insolente, une personnalité musicale bien affirmée et une manière très culottée de ne rien changer aux règles du trio piano-basse-batterie ("Pas besoin d’inventer une nouvelle langue pour raconter une nouvelle histoire", disait-il) tout en inventant un son reconnaissable à la première note, Tord Gustavsen s’imposait d’emblée parmi la congrégation très intime des jeunes pianistes qui comptent. Tout au plus pouvait-on lui reprocher, histoire de ne pas exagérer sur la brosse à reluire, une légère tendance à la répétition dans les compositions : tout à la fabrication d’un monde musical qui soit le sien et celui de personne d’autre, Gustavsen piochait peut-être un peu trop facilement dans une palette de couleurs un peu étroite, du bleu-gris au blanc, d’où la petite impression d’uniformité mélodique et rythmique qui pouvait ressortir d’une écoute prolongée et multipliée.
De fait, The Ground préserve tout ce qui faisait la magie de Changing places mais semble mieux affirmé du point de vue de l’écriture : la plume de Gustavsen se fait plus diverse, sans jamais quitter toutefois le registre paisible, quiet, minimal qui est naturellement le sien ; les influences blues, gospel (certains morceaux ont tout de l’hymne tranquille : "Le caractère gospel passablement abstrait de notre jeu est devenu très central ces deux dernières années", confie le pianiste), slaves ou caribéennes ressortent plus nettement, la dramaturgie semble plus efficace, les couleurs plus tranchées.
Pour le reste, rien ne change et c’est tant mieux : ode à la lenteur, délicatesse absolue du toucher, jouissance de la note parfaite au bon moment, sobriété de l’accompagnement (le métronomique Harald Johnsen à la basse, Jarle Vespestad, compagnon de route de l’aventure electro nordique Supersilent à la batterie, tout en pointillisme cuivré), suspension du temps, patience (Gustavsen aime à retarder le moment de l’improvisation, étirant le thème pour effacer la frontière entre mélodie et solos), minimalisme à tous les étages (jamais de bavardage inutile dans les solos, jamais une phrase en trop dans les mélodies), bref, un état d’apesanteur et de gravité sereine qui ne va pas sans évoquer la prière.
Et pour cause : Gustavsen a passé une bonne partie de son enfance à jouer du piano dans les églises. "Cette dimension religieuse correspond à une attitude que je qualifierais de sacrée dans notre approche générale de la musique et qui, si elle ressort d’une certaine postmodernité, n’en reste pas moins sincère. Ces hymnes sans paroles sont peut-être nés d’un besoin personnel de considérer la musique comme un médium d’espoir et de réconfort dans des périodes de peine". Illuminé, Tord ? Plus illuminé que romantique, en tous cas, même si la comparaison avec certaines ballades du dernier Bill Evans vient naturellement sous la plume. S’il doit en sortir d’autres disques du calibre de The Ground, on veut bien prier avec lui aussi longtemps qu’il le voudra.
Bernard Quiriny
Chronic'Art