29.7.07

228 - AlasNoAxis de Jim BLACK



Jim Black «AlasNoAxis»

Winter & Winter Music Edition N°910 061-2, 2000,

distrib. Abeille Musique (non, ce n'est plus Harmonia Mundi)

1. M m
2. Optical
3. Maybe
4. Ambacharm
5. Garden frequency
6. Poet staggered
7. Backfloatpedal
8. Icon
9. Luxuriate
10. Boombye
11. Aug and dromedary
12. Trace
13. Nion
14. Melize
15. Angels and artiface


Skuli Sverrisson - guitar
Jim Black - drums
Hilmar Jensson - electric guitar
Chris Speed - sax clarinet

Il y a un très bon commentaire de ce premier album d'AlasNoAxis, mais la reproduction est interdite, alors voilà, c'est
sur le site d'Abeille Musique

Alboume trés chaudement reccomandé, ainsi que tous les autres alboumes d'AlasNoAxis.

(lien dans le commentaire)

28.7.07

227 - Blue (encore)


Toujours aussi magique.... de retour ici pour ne pas se faire oublier (si c'est possible).
(lien dans le commentaire)

27.7.07

226 - VA Potlatch 20 (vin, vain)

1 Pura FE You still take
2 Marty ERLICH spirit of Jah
3 Jean-Louis MURAT fort Alamo
4 Trigve SEIM Mmball
5 Meredith MONK braid 1 and leaping song
6 AM4 the sadness of Yuki
7 Sidsel ENDRESEN distances
8 Petra MAGONI & Ferruccio SPINETTI imagine
9 PORTISHEAD (live 2005) roads
10 Abbey LINCOLN down here below
11 Sara MACLACHLAN dirty little secret
12 HALF ASLEEP sailors on the rafts
13 Djivan GASPARIAN a cool wind is blowing
14 Delphine DORA & the Unexpected something about the world



Je l'ai entendu lui dire : « Toutes les dernières plages me rendent triste ». Il est revenu avec la marée. De retour autour d'Elle, comme un rôdeur de passage, un amant évanoui.

Noter dans l'urgence pour ne pas oublier. Faire une liste, pour se souvenir des choses essentielles. Ne pas s'effacer dans le sommeil. Dresser le constat de l'urgence, des trésors quotidiens, des merveilles oubliées toutes les nuits qu'il faut redécouvrir le lendemain. Se souvenir et l’écrire. Pour mieux oublier.

Renaitre tous les jours, poser ses yeux sur Elle.


Ne pas suivre l'èbe, la précéder. Décrire exactement la puissance de sa couleur, l'intensité de son regard, l'ombre de ses pas. Voir sa joie, en doubler l’intensité. Rester.


Elle : son silence dit « I can see right through you ». Rêve nue. Revenue.
Lui : tu es celle qui m'empêche de me suffire, jusqu'à la fin des temps.
Un soupçon de lueur traverse leurs yeux, à peine un souffle, juste une note, une simple introduction à l'éternité de l'instant présent. L'eau de l'oeil voile le regard, une perle de bonheur s’évapore entre les deux corps. Se souvenir de tout ce que l'on sait, ne pas oublier le bleu, les voiles, les mots. Le fil invisible de leur union coupe le monde en deux, sépare la terre du ciel, libère l'eau des nuages et transforme les êtres de chairs en esprit désincarnés. Nul poids sur les épaules, que celui d'un regard qui voit l'autre, même dans l'obscurité. L'obscurité n'est plus qu'une idée, un fantôme, un vieux voile.
Et maintenant, les yeux grands ouverts nous voyons tous ces corps danser sur la dernière plage. Tourner les pages. Lire encore quand le livre est terminé. Vivre encore tous les matins renouvelés. Inventer de nouveaux chapitres.... Laisser les empreintes des pieds sur le sable lavé. L’empreinte des corps, dans les chairs des passants. Nos démons, nos merveilles.

Elle : tu es ma merveille. Pour l'instant présent. Mon idéogramme éternel.
Lui : je mène des batailles quotidiennes et fracassantes contre le chagrin...

(lien dans le commentaire)

225 - un concert de la blogothèque à emporter... pour être heureux !


#58.1 - Architecture in helsinki - Heart it races
envoyé par lablogotheque

25.7.07

224 - Merci Meredith



"JE NE ME SUIS JAMAIS PENSÉE COMME UN NOM, J'AI TOUJOURS EU LA SENSATION D'ÊTRE UN VERBE"

Mercy, huitième album de Meredith Monk chez ECM a été publié le 29 octobre 2002, peu avant son 60e anniversaire le 20 novembre 2002. Depuis presque quarante ans, cette artiste interdisciplinaire renverse les catégories et dépasse les limites de tous les styles. Dans son travail, le mouvement, par exemple, n'est qu'un élément d'une perception globale riche et complexe. La presse continue pourtant à lui demander si elle se voit comme une chanteuse-compositrice qui danse ou comme une danseuse qui écrit de la musique et chante. Comme si c'était si simple ! Elle réplique :

"Je ne me suis jamais pensée comme un nom, j'ai toujours eu la sensation d'être un verbe", réponse qui traduit l'idée de travail comme processus.

"J'ai toujours lutté contre le fait d'être cataloguée. Je pense que tout se nourrit de tout."Si son travail aborde un certain nombre de domaines, il est axé sur le chant, l'exploration de toutes les possibilités de la voix humaine. Elle a d'ailleurs décrit sa reconnaissance du potentiel de la voix comme une apparition : "C'était comme si tout s'était éclairci, je voyais que la voix comprenait des textures, des nuances, des manières d'émettre le son différentes, des sexes, des âges, des personnalités, des façons de respirer, des paysages différents." Elle ajoute aujourd'hui : "La musique est le centre absolu et la source de mon travail.

C'est ma discipline quotidienne. De temps en temps, j'accumule assez d'idées pour produire un grand projet multiforme, comme une œuvre de théâtre musical ou une installation, mais ce qui me satisfait et me représente pleinement, c'est de d'interpréter ma musique, seule ou avec l'Ensemble."Ses innovations dans ce qu'on appelle maintenant la "technique vocale élargie" ont eu une influence énorme. Lorsqu'elle a entamé ses expérimentations vocales, en 1965, ce domaine était en grande partie inexploré. Depuis, le retentissement de son travail est sensible dans de multiples genres musicaux, influençant des artistes aussi divers que Joan La Barbara, Kate Bush, Laurie Anderson et Björk (qui a repris un morceau d'elle, "Gotham Lullaby").

Mercy a d'abord été lancé aux Etats-Unis comme une œuvre scénique multimédia montée avec Ann Hamilton, artiste célèbre pour ses installations. Celle-ci avait été inspirée par l'aspect irréductible du travail de Meredith Monk, depuis qu'elle en avait pris connaissance au début des années quatre-vingts, lors d'un concert solo de Meredith. Cet album présente les premiers enregistrements réalisés avec le groupe original, les membres surdoués du Meredith Monk and Vocal Ensemble. Il est cependant bien plus qu'une "bande sonore".

Non seulement une partie des compositions est antérieure à l'œuvre scénique - plusieurs ayant été écrites par Meredith avant qu'elle ne s'associe à Ann Hamilton -, mais la musique du spectacle a été réarrangée soigneusement et comporte "de nombreux changements, des compressions et des extensions". Ces dernières comprennent la remarquable œuvre conçue pour les clarinettes de Bohdan Hilash, qui n'était pas dans le spectacle, et de nouveaux morceaux comme "epilogue" qui constitue une élégante transition entre les sections "prisoner" et "shaking". C'est aussi la première fois que Meredith Monk compose des pièces pour des instruments à maillet, magnifiquement interprétées par John Hollenbeck au vibraphone et au marimba.

UNE ŒUVRE PERTINENTE APRÈS LES ATTENTATS DU 11 SEPTEMBRE.

Méditation sur la nature de la pitié dans l'histoire et plaidoirie humaniste en faveur de la pitié dans une époque agitée, Mercy (pitié) a puisé sa force à des sources très éparses, qui vont de la littérature mondiale contemporaine aux documents historiques en passant par les actualités, toutes passées par un filtre poétique. Comme l'a écrit le New York Times : "Mercy ne s'attache pas seulement à transformer des idées et des pensées en action, il se transforme lui-même." Le Times a également dit : "On dirait que les créateurs de l'œuvre ont pensé au mystère, à la beauté et à la tristesse de la vie. La sensation d'être perdu dans ses pensées est renforcée par la musique vocale tranquillement lyrique et souvent éloquente de Meredith Monk, qui utilise les soupirs et les mélopées sans paroles.

Les mélodies passent du plaintif et de l'obsédant au majestueux et au noble." Le Chicago Tribune a parlé d'une "délicieuse tension créative... La musique de Meredith Monk est à la fois provocatrice et splendide." Et le Los Angeles Times a conclu que "ce que cette œuvre de musique méditative et de mouvement, intensément émouvante, superbe - superbe à mourir - et inclassable présente, c'est une immersion dans le processus de la transcendance."Plusieurs critiques américains ont laissé entendre que l'œuvre est particulièrement pertinente après les attentats du 11 septembre, "alors que notre monde est tellement dominé par les réactions vengeresses". Meredith Monk précise : "Nous avons été sidérés de la résonance prophétique de Mercy, après le 11 septembre. Ça avait l'air d'être exactement ce sur quoi il fallait travailler à ce moment-là. C'était très choquant, que nous ayons été capables d'anticiper quelque peu. Je ne crois pas que ça ait transformé notre façon de jouer... Nous n'avions aucun moyen d'exprimer cette sensation, sinon en étant encore plus purs dans notre manière d'interpréter l'œuvre.

"L'album contient beaucoup d'émotions, d'humeurs et d'atmosphères. Il laisse pourtant une sensation chaude et tonique. C'est aussi, sur le plan structurel, le plus riche de Meredith Monk depuis Atlas, sorti en 1993. L'ensemble vocal y est exceptionnel, tandis que les percussions de John Hollenbeck et les clarinettes de Bohdan Hilash y jouent un rôle crucial.

Ching Gonzalez et Allison Easter sont les vétérans de l'ensemble, puisqu'ils y sont entrés respectivement en 1984 et 1985. Gonzalez dit qu'il est "honoré et étonné" de sa longue collaboration avec Meredith Monk. Lorsqu'il ne chante pas avec elle, il présente ses propres œuvres de danse et de théâtre. A. Easter a reçu un Bessie Award pour son rôle dans The Politics of Quiet. La plupart des musiciens ont rejoint Meredith Monk au moment d'Atlas. Theo Bleckmann, dont la carrière de chanteur de jazz et de musique contemporaine comprend des collaborations avec Anthony Braxton, Steve Kuhn/Sheila Jordan et Philip Glass, est entré dans le groupe en 1994. Katie Geissinger, très en avant dans Volcano Songs, a participé à la tournée mondiale de l'opéra de Philip Glass et Robert Wilson, Einstein On The Beach et est un des membres fondateurs du trio vocal Cascabel. La multi-instrumentiste Allison Sniffin a pris part aux tournées de Meredith Monk pour The Politics of Quiet, A Celebration Service et Magic Frequencies, qui a démarré à Munich à l'automne 1998.Les contributions de Meredith Monk au paysage culturel lui ont valu de recevoir la prestigieuse bourse de la MacArthur Foundation en 1995. De nombreux prix lui ont été décernés pendant sa carrière, notamment deux Guggenheim Fellowships, un Brandeis Creative Arts Award, trois Obies (dont un pour ses Réalisations durables), deux Villager Awards, un Bessie pour ses Réalisations créatives durables, le National Music Theatre Award de 1986, seize ASCAP Awards de Composition musicale et Dance Magazine Award de 1992. Elle est plusieurs fois docteur honoris causa - de la Juilliard School, du Boston Conservatory, du Bard College, du San Francisco Art Institute, du Cornish College of the Arts et de l'University of the Arts de Philadelphie. Son album Dolmen Music a remporté le Prix de la critique allemande. Sa musique est présente dans de nombreux films, notamment Nouvelle vague et Histoire(s) du Cinéma de Jean-Luc Godard (dont les bandes-son ont été publiées chez ECM New Series) et The Big Lebowski de Joel et Ethan Coen.

bio sur universal music

(liens dans le commentaire)

223 - On Croit qu'On En Est Sorti


Textes :
Georges Hyvernaud.
Quelques extraits de son livre "la peau et les os".

Site de la Société des Lecteurs de Georges Hyvernaud

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Hyvernaud, écrivain-citoyen


Un numéro de la revue Plein chant (témoignages, inédits, oeuvre critique) et la réédition de Le Wagon à vaches : un double hommage à celui qui racontait la condition humaine avec une infinie authenticité.


C'est souvent la même histoire quand il s'agit d'écrivains avec lesquels on se sent proches et que les manuels ont négligés. On a tendance à vouloir les réhabiliter, en consignant leurs témoignages, pour qu'ils assurent eux-mêmes leur propre défense. On décortique les textes, on fouille l'oeuvre, on recense leurs humeurs, à la recherche de quelques vertes sentences, pleines de ressentiments sur la médiocrité de leurs contemporains. Avec Georges Hyvernaud (1902-1983), la partie est perdue d'avance. "Je ne nourris pas d'illusions. On ne me lira pas dans cent ans, ni dans dix. (...) Triompher des siècles? Mais il faut travailler dans le bronze ou sur le marbre, pas sur les mots (...) lorsque on rêve de durer, on pense à un adolescent enthousiaste, à une ardente jeune femme. Et on n'aurait à faire qu'à des pédagogues et des écoliers." 1 Tout comme ses livres, Georges Hyvernaud était d'une grande modestie et d'une extrême lucidité. Ironie aussi, quelque peu désenchantée. La littérature? Elle s'adresse "à quelques douzaines d'originaux qui ont des loisirs, un fauteuil, le goût de la solitude et l'horreur du bruit", s'est-il plu un jour à noter. Attentif aux êtres, à leurs souffrances, à leur dignité, à leurs manières de s'arranger avec la vie, Hyvernaud était animé d'un humanisme à fleur de peau, avec cette petite pointe d'idéalisme attachante : il a toujours pensé que la culture -et ce conférencier savait de quoi il parlait- pouvait sauver l'homme de sa condition. Hyvernaud n'a jamais cherché les honneurs, méfiant et un peu revêche derrière ses lunettes à verres épais. Sartre et Les Temps modernes lui offriront pourtant l'hospitalité en 1946, qu'il déclinera. Toute sa vie, il l'aura consacrée à la littérature en l'enseignant à des générations d'instituteurs, à Arras, à Rouen puis à Paris. Déjà, à l'âge de 14 ans, rappelle sa femme, Andrée Hyvernaud, à qui la revue Plein chant a confié la direction de ce dossier hommage d'une très grande richesse, le futur professeur d'École normale assurait le cours de français à ses petits camarades pendant que le maître révisait sa licence dans un coin de la classe. Plus tard, de 1958 à 1972, Hyvernaud collaborera à Plaisir de lire, une collection à l'usage des collégiens, lancée par les éditions Armand Colin et dirigée par Jean Guéhenno. Critique également, ses articles étaient d'une étonnante sagacité. Stendhal et Montaigne avaient sa préférence, sans oublier Kafka et "notre frère Charlot", deux témoins importants de l'absurdité de notre quotidien.


Il a donc fallu attendre ces dix dernières années (grâce à Ramsay, Seghers et Le Dilettante) pour que les oeuvres complètes de Hyvernaud soient enfin disponibles. Deux de ses livres furent publiés de son vivant, largement autobiographiques, que l'histoire -peu soucieuse de contempler ses propres infirmités- préféra ne pas retenir. Jugés politiquement incorrect. Trop brutal, trop trivial. Lui, la grande histoire, il ne l'a pas oubliée. Elle aura eu au moins le mérite de révéler une oeuvre à venir. Le lieutenant Hyvernaud fut emprisonné dans un oflag de 1940 à 1945. Il y connut l'humiliation, la résignation, le dépouillement de soi : La Peau et les os (1949) est le récit de sa captivité; Le Wagon à vaches (1953), le journal de l'après-libération. Deux livres indissociablement liés par un même écoeurement. La déchéance contée à ras d'homme, sans fards, ni douleurs. Une description frontale de la réalité, en demi-teinte, à contre-jour, avec des phrases limpides et sèches qui claquent au visage des survivants. Deux récits d'une lente lobotomie : celle d'un homme cassé, vaincu, l'âme hébétée, une tumeur partout le corps, impossible à dissimuler : "Nous avons pris nos plis. Nous ne nous défriperons plus." Le narrateur du Wagon à vaches est un "pauvre type". Il est comptable chez Busson Frères, Eaux gazeuses. Sa vie est morne, bien loin du "complet sport" et des "bonheurs vernis". Il en bave et continue d'en baver, remontant à contre-courant le cours d'une époque poisseuse, aussi enfumée qu'une arrière-salle de bistrot. Un destin de pierre. Une grenouille dans un bocal. L'écrivain s'en excuse : "La vie manque de romanesque quand on est obligé de la gagner." Quelqu'un que l'on a parqué pendant cinq ans ne peut que claudiquer sa vie durant. "On marche, on marche, et au bout du compte on n'est pas plus avancé." Alors, il fait croire à ses voisins qu'il écrit un livre, pour gagner du temps, pour avoir une occupation, faire son chemin, comme les autres. Les autres, c'est Bourladou, l'entrepreneur en maçonnerie, emmaillotté dans ses conformismes de petit bourgeois; c'est le député Flouche que l'on soupçonne de culbuter la veuve Louchère; c'est la floppée de trouillards, de courageux qui baissent la tête ou haussent la voix en attendant le passage de l'équarrisseur. C'est aussi l'heure des grands débats. Marécasse est mort à Dachau. Il aurait été dénoncé par la Gestapo. Sa femme couchait avec "un Boche". "C'est un monument aux Résistants que nous voulons élever, ou un monument aux cocus?", clame-t-on au café du commerce.


Le Wagon à vaches est le récit d'un captif des temps modernes, englué dans un présent anémié et sans lendemain. C'est le constat amer d'une société alvéolée, fondée sur l'éphémère et l'efficacité dans laquelle les moins costauds sont laissés sur le bas-côté. À sa façon, avec un ton toujours pince-sans-rire, Hyvernaud place son regard sur la face pourrie de l'humanité. Et ce n'est pas les larmes qui lui viennent, mais la pitié et la révolte. Aujourd'hui, à une époque où règne la vacuité idéologique, son oeuvre est salutaire parce qu'elle évite tout écueil consensuel. Sans prendre les armes, juste la plume, le citoyen Hyvernaud organise la contre-résistance : un énergique plaidoyer pour la libération de l'homme par l'homme. Au moment de voter (?) la loi sur la cohésion sociale, ce monsieur aurait eu sûrement deux ou trois choses à dire.


Philippe Savary Le Matricule des Anges

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février 2001.
j’ai vraiment paniqué durant les minutes qui ont précédé cette rencontre. j’ai presque eu envie de m’enfuir. parce que serge teyssot-gay et son dernier album, on croit qu’on en est sorti, cette adaptation musicalement violente du non moins violent la peau et les os de georges hyvernaud (ce bouquin qui raconte les camps de prisonniers commme aucun autre), tout cela m’effrayait. oui, cela m’effrayait. ces évènements ont pourtant déjà eu lieu, "nous les connaissons", me direz-vous. ces évènements sont "acquis". c’est vrai. mais personnellement je ne les assume toujours pas. et là, c’était trop dur. en réinventant le disque qui s’écoute, teyssot-gay réinventait le disque impossible à écouter en entier. le disque inaudible. quant au livre, je n’ai jamais dépassé la page cent. parce que là, on ne parle ni de radio, ni de fanzine, ni de musique. on ne parle plus de choses temporelles. tout de suite, on n’est plus limité, on devient universel. finalement, cet entretien s’est transformé en simple discussion. et à la fin de ce concert expressionniste et profondément sincère, je me suis senti soulagé. voire apaisé. dans la rencontre qui suit, vous ne sentirez peut-être pas ces émotions particulières. mais comme moi, l’écoute du disque ou la lecture du livre ne vous laisseront pas indemne.

Dans Noir Désir, il y avait un penchant pour Nietzsche dans les textes, des allusions à Holderlin ou Maïakovski. On dirait que toi, comme les autres membres de Noir Désir, avez toujours voulu conjuguer la musique et la littérature. Etait-ce le cas et voulais-tu justement approfondir ce penchant grâce à ce disque ?

Serge Teyssot-Gay : Je crois que je n’ai pas choisi, en fait. C’est surtout ça. Je suis tombé sur le bouquin d’Hyvernaud, La Peau Et Les Os, et je n’ai pas choisi de m’y lancer. Au bout d’un moment ça s’est plutôt imposé comme ça, parce que rythmiquement c’est unique, mélodiquement aussi ce que ça peut amener comme développement ou comme idée dans tous les cas... Ca donnait plus qu’envie d’y aller. Je vois plutôt ça comme un besoin de pouvoir essayer de faire de la musique à partir de ce bouquin. Et donc ce n’est pas tant un choix que ça, mais ceci dit je pense que il y a énormément de choses à faire, avec des textes d’auteurs qui ne sont pas forcément des auteurs de chansons comme ceux de Bertrand -chanteur guitariste de Noir Désir-, par exemple, ou d’auteurs de chansons en général. C’est vrai que ce n’est pas le même boulot car il y a des textes qui ne sont pas pensés pour être mis en musique... Il y a des choses superbes à faire, c’est super ouvert. Il y a des auteurs qui ont un sens rythmique, peut-être écrivent-ils leurs bouquins en le disant...Je sais qu’il y a des gens qui font cela. Même le gueuler c’est pas mal, il paraît que ça fait quelque chose de voir comment ça sonne. Et c’est assez rare, je trouve, de tomber sur des auteurs comme Hyvernaud, c’est bouleversant, par ce qu’il raconte, et par son style, c’est génial.

Comment l’as-tu découvert ? Car Hyvernaud est méconnu et vient à peine d’être réhabilité par la sortie en poche du livre...

Par quelqu’un de très proche, qui m’as mis le bouquin dans les mains. Il était méconnu, La Peau Et Les Os a été très mal accueilli, et Le Wagon à Vaches, son deuxième roman, aussi, parce que c’était quelqu’un qui tombait mal en fait. Au sortir de la guerre -qui est sorti en 47-, lui a fait cinq ans de captivité dans les camps de prisonniers pour officiers, les oflags, et il se retrouve, pour survivre intellectuellement, à écrire, car c’est un mec qui aimait profondément ça, et qu’il était coupé de sa vie intellectuelle (écriture et lecture). Donc il se retrouve là-dedans avec cette espèce d’obsession du mot juste et que ce soit jamais empâté ou grandiloquent ou voyeur ou démonstratif... Démonstratif des fois ça l’est, comme pour Les Cabinets, il explique concrètement, ou l’enterrement dans les fosses communes à propos des Russes, c’est aussi descriptif, mais c’est très riche... Je mélange un peu tout. C’est ce qu’il a dans sa tête qui est intéressant, c’est au-delà des camps. Dire que c’est limité au camps, c’est trop réducteur dans tous les cas. c’est contemporain, il parle de l’enfermement au sens large, c’est quelque chose qui touche tout le monde, ou dans nos habitudes de tout les jours par exemple. et il a une façon de l’écrire qui est superbe, c’est extrêmement puissant, ça bouleverse et puis il touche aussi à la poésie des fois, c’est très beau. Avec un espèce de mélange de paroles qui sont très dures et après, presque comme si c’était presque trop dur, il part sur quelque chose de poétique, c’est superbe.

Quelle est la première émotion que tu aies ressenti quand tu as commencé le bouquin ?

Le bouleversement. Le bouleversement, c’est vraiment ça.

Au début du bouquin, il raconte qu’il rentre chez lui, et il y a une émotion vraiment particulière, la sensation de ne pas être à sa place finalement...

Oui, c’est vraiment ça. Tu l’as lu, donc.

En fait, je n’arrive pas à le terminer. Je bloque.

(il rit) Ah, c’est étrange. Ca te bouleverse trop ou ça te fait chier ?

Je trouve cela trop fort. C’est dur à supporter.

Moi je trouve que c’est un bouquin qui fait du bien, après être bouleversé. Entendre quelqu’un qui défend la vie comme la défend Hyvernaud. Alors c’est vrai que c’est terrible ce qu’il raconte, mai c’est super courageux, et puis tu sens qu’il est honnête, je trouve ça superbe. Et puis c’est tellement autre chose que les écritures de bouquins qui sont fades ou, au-delà des bouquins, en musique, les artistes qui s’autocensurent. Tout le monde trouve ça normal et tout le monde trouve ça très bien. C’est l’inverse qu’il faut se dire ! Hyvernaud c’est droit.

C’est précis, direct et en plus c’est intemporel. On le lit aujourd’hui et c’est aussi efficace qu’à l’époque.

Oui. A l’époque, c’était l’après-guerre et il fallait faire des héros. C’était important pour que le pays se redresse et il fallait que la France ait une image forte, et que les Français une bonne image d’eux-mêmes. Et Hyvernaud disait que ce n’était pas ça qui s’était passé, mais d’autres choses, qu’on était en train de reconstruire notre société et que ce n’était pas le rêve qu’on nous vendait qui allait faire qu’on serait obligé de le prendre et qu’on n’avait pas le choix... Normalement on a le choix même si on ne prend pas forcément le bon. Ou à force d’être gavé on ne va plus savoir qu’on a le choix et on va trouver ça normal. C’est affreux et on est là de toute manière. Il en parlait déjà à cette époque. Mais évidemment forcément il était mal accueilli. Les gens, après la guerre, ils n’avaient pas envie d’avoir les pensées d’un mec comme Hyvernaud. Ca faisait trop mal, je pense. il dérangeait dans tous les cas.

C’était l’homme à abattre ?

Non, pas à abattre, je pense que les gens s’en foutaient, c’est tout.

La femme de Georges Hyvernaud a rappelé que son mari pensait que la musique et la littérature allaient se lier un jour. Est-ce une pensée qui a conforté ton choix de mettre le bouquin en musique ? D’une certaine manière tu prolonges son travail ?

D’une certaine manière, c’est plutôt passer le relais de son écriture. J’ai vraiment ce sentiment-là. Hyvernaud, c’est quelqu’un qui aimait la musique, il aimait le théâtre -il faisait du théâtre, il en était professeur et montait une pièce chaque année avec ses élèves-, il écoutait des contemporains en musique aussi. C’était quelqu’un à la tête ouverte. Ca ne m’étonne pas qu’il pense... Tu vois, je ne connaissais pas cette idée-là qu’il avait de mélanger musique et littérature mais ce n’est pas étonnant.

Cette année, Jacques Gamblin a fait un spectacle qui s’appelle Lettre d’Oflag, à partir des carnets, de toutes les lettres qu’Hyvernaud envoyait à sa femme. L’as-tu vu ?

Non, j’en ai entendu parler. Jacques Gamblin a aussi fait des lectures de La Peau Et Les Os justement. Il a fait ça au festival des Nuits de la Correspondance à Manosque. J’y ai joué la veille les extraits de La Peau Et Les Os, et le lendemain il fallait que je sois à Bruxelles, aux Botaniques pour un duo de guitare avec un copain. Du coup je ne l’ai pas vu et j’aurais bien voulu le voir, parce qu’évidemment ça m’intéressait.

En fait, il avait, je crois, 120 lettres, et il a dû effectuer un choix évidemment, comme toi. Comment se sont fait tes choix ? Se sont-ils imposés d’eux-mêmes ?

Non, j’avais envie de faire tout le livre. Mais ça s’impose parce que je fais de la musique avant, je trouve un thème, que je développerai plus tard une fois le texte choisi ou que le texte se choisit -c’est plus cela-. Une fois que j’ai le thème, je prends le bouquin et ça s’impose en fait. J’essaye très vite des tas de passage, et il y en a un, c’est ça. Tu sais que c’est ça. C’est pas autre chose. Ca marche quelque part, tu sais que ça peut se développer, que ça peut se travailler, se construire, se faire évoluer... Je pense au morceau Les Cabinets, par exemple, à la description des chiottes, et puis il parle des gens, et à la fin, comme si c’était trop insupportable, "j’aimerais autant parler d’autre chose, parler de choses claires..." et puis il part et c’est plus poétique. Il parle de regards de vieilles dames, d’une écharpe, d’un peuplier au bord de la route. Il part complètement sur quelque chose de poétique. Musicalement ça suit, c’est le même thème mais c’est développé différemment, jusqu’à un point ou il estime que de toute manière, il n’y a plus rien. Donc c’est une vraie coupure et des fois j’image totalement le texte. Je mets vraiment la musique au service du texte.

Penses-tu que quand il faisait ce genre de digression c’était parce que c’était trop dur pour lui ou c’était parce qu’il envisageait à long terme d’être lu ?

La Peau Et Les Os est un roman, donc tu ne peux le penser de manière autobiographique. Il y a forcément le regard de l’écrivain, donc le détachement, parce qu’Hyvernaud écrivait avant d’être dans les camps. c’était quelqu’un qui aimait profondément ça. ce n’est pas par réaction, c’était juste pour rester en vie je crois... Mais... Je ne sais pas. Il aurait fallu lui demander. Mais quand il écrit par exemple, il parle de ses camarades et de lui-même, il parle de l’endroit dans lequel ils dorment, des couchettes, et ce qui lui passe par la tête, ce qu’il bouffe, pourquoi il est dans cet état-là, pourquoi il a mal au ventre, et puis après il pense à sa femme, il rêve... Et ça se termine par "ne pas penser à ça". Après, les phrases qui suivent sont super rythmiques. Comme si c’était un besoin volontaire de casser, et de partir sur quelque chose comme quelqu’un qui marche. Quelqu’un qui s’en va, qui marche. Il y a énormément ça chez lui. Ce qui permet des étirements dans les mots et dans la musique aussi, c’est super riche. Peut-être que le fait qu’il écrivait en marchant était très important, au bout du compte, puisqu’il écrivait en marchant. Donc c’est très rythmique.

Jacques Séréna, écrivain et animateur d’ateliers d’écriture en prison a déclaré : On cherche pas à faire joli en prison. Il y a une forme d’écriture qui tient à ces lieux d’enfermement. Es-tu du même avis ?

Je n’en sais rien, je n’ai jamais fait de prison.

Tu as peut-être lu des bouquins relatant des expériences similaires.

Non... Mais ceci dit, forcément... Hyvernaud, ce n’est pas forcément la prison physique, ça peut être la prison mentale. Et de toutes manières, on est tous bourré de prisons, qu’il faut faire péter. Mais forcément, si tu parles au mec qui est au fond de sa cellule, il est seul. Il a tout son temps pour réfléchir. Ca doit donner une pensée ou une écriture qui est forcément de plus en plus précise -j’imagine cela comme ça assez facilement-, ou très structurée pour ne pas péter les plombs. Enfin je n’en sais rien... il doit y avoir plein de choses à faire, forcément, quand tu es seul dans ta tête.

Pour les musiques, tu as composé après avoir bien lu La Peau Et Les Os ?

Oh, je connaissais le bouquin super bien, l’ambiance. Au bout du compte, je ne connaissais pas de phrase par coeur. C’est plus tard que ça vient, des fois je tombais sur des phrases qui me restaient et tu sens que ça peut se mélanger avec de la musique. Non, la musique, elle vient, elle monte. Si ça ne monte pas, c’est qu’il n’y a rien qui se passe, et donc il n’y a pas de musique, il n’y a rien. Alors c’est des thèmes qui sont ultra-simples à chaque fois, et puis tout le boulot c’est la construction après. C’est des choses qui jaillissent. Ca ne fonctionne que comme ça.

Tu as eu plusieurs manières de les traiter, il y a des passages qui sont très électriques et violents, d’autres plus acoustiques et violents également...

Ca vient du travail sur le texte que je fais. Et puis j’aime bien créer un univers musical qui soit un décor. Tu rentres dans un décor installé, et si tu trouves que c’est un décor qui t’invite à y rentrer, tu t’invites à te balader là-dedans, j’adore faire cela.

Quand tu parles de décor, tu veux dire que tu cherchais à accompagner les textes ?

C’est au sens propre. C’est poser une ambiance. Et puis travailler sur le texte.

J’ai l’impression que lire ces textes en public, c’est déjà installer tout un décor...

Oui ! L’écriture d’Hyvernaud permet cela toute seule. Après, c’est vraiment le mélange des deux.

C’est pour cela que je me demandais si tu avais cherché à accompagner ses textes ou à les compléter.

(silence) Je ne sais pas. Je suis incapable de répondre à ça. (il éclate de rire)

Par rapport à la façon dont tu as décidé de ne pas chanter le texte, mais d’utiliser un phrasé plutôt rap, proche de celui de NTM, ça s’est imposé de soi-même ? De toutes façons, tu ne pouvais pas le chanter.

Ca s’est complètement imposé. Sur les maquettes la musique était jaillissante, les textes et la façon de les dire l’étaient également. Ca tient un peu sur des choses comme ça, au départ. Et après, tout le boulot, c’est de revenir sur la musique et l’étoffer, la faire évoluer ; quant au texte, tout le boulot c’est de savoir quelle va être la bonne intention par rapport à ce que je suis en train de lire. C’est tout.

As-tu eu des difficultés à imposer ton projet à Barclay ?

C’est commercialement absolument pas vendable.

C’est absolument pas vendable, c’est absolument pas radiophonique... C’est incroyable de voir ça chez Barclay.

(il pouffe) Eh bien figures toi qu’il y a une super équipe qui a été à l’écoute de ce que j’ai fait, qui ont compris totalement le projet, qui l’ont très bien défendu, et je n’ai rien d’autre à dire que merci. Ca fait longtemps que j’entends cela. Et c’est une question qui est légitime. C’est bizarre de faire un projet comme ça dans une multinationale. Ce serait plus normal sur un petit label . J’entends cela. Parce que tu dois te dire que sur un petit label, les gens sont peut-être plus sensibles à ce genre d’univers vraiment très spécial, ou alors, c’est quelque chose qui les intéresse, ce n’est pas commercial mais c’est une démarche artistique qui les intéresse vraiment... Mais il se trouve que tu peux tomber sur des gens qui ont des petits labels qui veulent faire des "coups" seulement.

Ce n’est pas leurs qualités humaines que je remettais en question. C’est directement le rapport à l’argent.

Je sais pas. Ca leur a plu et ils ont voulu le faire. Tant mieux.

Le support de France Culture, c’est quelque chose à quoi tu t’attendais ?

Un jour, je me suis retrouvé dans le bureau d’un écrivain, Bernard Colon parce qu’il est aussi écrivains, je lui parle d’un projet avec le guitariste Marc Sens, et on devait faire de la guitare pendant deux heures, en direct sur France Culture, avec Jean-François Stévenin qui doit lire Paysages Avec Palmiers, un bouquin de Bernard Wallon. On se retrouve avec Bernard Colon à discuter de toute la tendance, et on discute. Je lui raconte que j’ai un projet, La Peau Et Les Os d’Hyvernaud. Et là, il me dit qu’il connaît bien, et après avoir vu ce qu’on avait fait avec Marc, il me dit "quand tu veux, on le fait à France Culture". Et puis il y a eu une grosse émission de faite sur Hyvernaud, avec Lydie Salvayre, qui est écrivain, Bertrand Leclair aussi, et moi aussi vu que c’était aussi sur mon boulot à travers l’album. C’était une heure et demie d’émission là-dessus et c’était super.

Tu as fait le choix de tourner d’abord dans les facs. Penses-tu que le public étudiant est plus réceptif, ou bien souhaitais-tu le toucher justement parce qu’il est jeune et moins impliqué ?

C’était pas si calculé que ça. Ca s’est présenté comme ça. Je ne pense pas que ce soit très intéressant en concert ce que je fais (ndlr : lors du concert, serge pose sa voix sur la musique du disque, il n’y a pas de musiciens et lui-même ne fait que lire les textes), ce dont j’ai parlé à Barclay. Donc pourquoi ne pas faire des lectures en fac, en considérant que j’ai envie de faire connaître Hyvernaud un peu mieux ? Si il y avait des facs intéressées, à mon avis ça devait plus passer par les profs de français, qui eux-mêmes connaissent Hyvernaud, et on pourrait peut-être faire quelque chose après le spectacle qui serait une rencontre entre moi et d’autres intervenants (profs d’histoire pour situer dans le contexte, des gens qui connaissaient Hyvernaud et l’appréciaient, ...). Ca a donné lieu à des sortes de débats, je ne sais pas comment on peut appeler cela, des rencontres -ce serait beaucoup plus juste- avec les étudiants. C’était vraiment passionnant des fois d’en entendre certains parler, ou des profs. J’ai rencontré des gens qui étaient des anciens élèves d’Hyvernaud, qui étaient profs eux-mêmes, profs à la retraite. C’est tout un univers assez riche. C’est bien, c’est vivant. On échange beaucoup de choses et c’est bien !

Le film Autopsie D’Un Mensonge - Le Négationnisme de Jacques Tarmero vient de sortir. Que penses-tu de ce mouvement de pensée ?

C’est n’importe quoi, faut pas déconner. Nier l’existence des camps, c’est affreux. c’est criminel.

Y a t’il une phrase dans le bouquin d’Hyvernaud qui te marquera toujours ?

Je ne sais pas. C’est trop riche Hyvernaud. Je ne sais pas. J’ai juste appelé mon album On Croit Qu’On En Est Sorti parce l’histoire se répète et c’est donc toujours aussi contemporain. C’est vachement présent.

D’ailleurs cet album devait s’appeler Hiver au début...

Comment tu as eu cette info ?

Je ne me souviens plus.

Oh, c’est rigolo ! Ca m’avait traversé la tête, c’est tout ! C’était juste une idée, qui était une mauvaise idée... (il éclate de rire)

interview stéphane
lille aéronef 02/01
Autres directions

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24.7.07

222 - Patricia en France




Patricia Barber - piano & vocals
Neal Alger - guitar
Michael Arnopol - bass
Eric Montzka - drums

Gotcha 6:14
Dansons La Gigue! 5:13
Crash 7:28
Laura 5:27
Pieces 6:47
Blue Prelude 5:54
Witchcraft 6:28
Norwegian Wood 7:10
Whiteworld 6:08
Call Me 6:37

"J’ai toujours été francophile, affirme Patricia Barber ; une chose que j’apprécie tout particulièrement avec les Français, c’est qu’ils n’en font pas trop. C’est un peu comme ma musique, et je pense que c’est la raison pour laquelle nous ressentons cette affection mutuelle". Pour cette raison et pour plein d’autres : ce qui est certain, c’est que la cote de popularité de la chanteuse et pianiste américaine dans l’Hexagone n’a pas cessé de grimper en flèche depuis (au moins)
Companion, un live capté en 1999 à Chicago qu’on inscrirait bien dans notre catalogue de la discothèque idéale pour sa seule reprise finale de Black magic woman, le hit de Carlos Santana. Textes finement écrits et bourrés d’humour, musiciens fidèles ("il est vital que le groupe reste intact", souligne-t-elle en citant Jarrett, Meldhau ou Metheny), voix d’alto envoûtante et jeu de piano sobre et délicat : les ingrédients ne changent pas dans ce nouvel album enregistré lors de trois concerts en mars et avril dernier à Metz, La Rochelle et Paris (à la Cigale) avec ses accompagnateurs habituels, Neal Alger (guitare), Michael Arnopol (basse) et Eric Montzka (batterie). Cinq originaux et cinq reprises forment un répertoire équilibré et idéalement monté, entre atmosphères urbaines bien à sa manière et groove en acier trempé (Arnopol et Montzka peuvent faire des merveilles en la matière : écoutez Crash), détour sensuel par la poésie de Verlaine (Dansons la gigue, avec ce merveilleux accent qui ne joue pas peu dans le charme de sa diction) et ballade mélancolique (Laura). L’excellent Neal Alger perturbe subtilement l’ambiance avec ses arpèges électriques et les effets très aquatiques de sa guitare, la chanteuse laisse volontiers la place à une pianiste à l’élégance discrète et ludique (le standard Witchcraft , pause rafraîchissante et impeccable qui soulève l’enthousiasme du public de Metz) ; les Beatles fournissent le prétexte à une improvisation étourdissante (Norvegian wood), la délicate samba Call me immortalisée dans les sixties par Chris Montez offre une conclusion idéale ("c’est le titre idéal pour un second rappel", confirme-t-elle très professionnellement). Talent, caractère, sensualité joueuse et sophistiquée : un Live qui ne laisse plus aucun doute sur le fait que Patricia Barber est l’une des chanteuses de jazz les plus douées, fines et charismatiques de sa génération.
Bernard Quiriny
chronicart

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21.7.07

221 - L'ami KOBY



Titres

1. Rampel (6:31)

2. Zafiel (4:40)
3. Ezgadi (5:16)
4. Nisroc (4:56)
5. Neyef (5:54)
6. Khabiel (6:28)
7. Chayo (6:27)
8. Rachmiel (8:08)

Total Time: 48:18


Musiciens :

Sid Gauld / trumpet
Koby Israelite / drums, percussion, accordion, keyboards, guitar, bouzouki, Indian banjo, vocals, flute, electric bass, cajon, arrangements
Yaron Stavi / basses, vocal
Stewart Curtis / recorder, piccolo, clarinet
John Zorn / composer


Biography

I was born in Tel Aviv Israel November the 23rd 1966. I studied piano at the conservatoire of music from the age of 9. By the time I was 14 years old I begged my parents for a drum-kit. Within 2 years I settled for a makeshift drum-set. At 17 I studied the drums for 2 years with The David Rich drumming school in Tel Aviv.
I came to London to pursue my studies at Guildhall. I began playing in and around London as a session drummer. I played, recorded and toured with various artists. During this period I started thinking about working on my own music. By 1999 I started writing and recording.
Once I had written enough material that I was happy with I sent a demo to John Zorn. As a writer I really like bands like 'Naked City' which incorporated different styles and genres in one album. My writing reflected this style and I thought that if anyone, John Zorn would dig it. My hunch was right. John Zorn asked me to start writing for Tzadik's 'Radical Jewish Series'.
I have three releases with Zorn's label 'Dance of the idiots' , 'Mood Swings' and 'Orobas'. The latter album is a selection of compositions from John Zorn's Masada Book Two 'Book of Angels'.

all about jazz

(lien dans le commentaire)

20.7.07

220 - Big Dave Holland




Remarqué et engagé par Miles Davis en 1968, l'Anglais Dave Holland a déjà un beau parcours de jazzman (sideman puis leader) quand à 55 ans, sacré musicien de l'année par la revue Down Beat, il se décide à créer un grand orchestre de treize musiciens qui, comme le Concert Jazz Band de Gerry Mulligan, ne comporte ni piano ni guitare. Artiste en résidence au Festival de Montréal 2000, le contrebassiste avait présenté cinq formations différentes dont un big band qu'on retrouve ici superbement produit et enregistré (en janvier 2001), comme d'habitude, par le label munichois. Sorte d'extension, de prolongement surtout, de son dernier quintette (le troisième disque Not For Nothing), cette formation étonne par son échelle intimiste, la mise en scène des solos, la forme close influant sur l'improvisation avec des lignes mélodiques sur un nombre fixe de mesures et pas seulement des séries d'accords, intrigue par le développement de motifs rythmiques originaux grâce surtout au formidable batteur, Billy Kilson ainsi que les interventions, la ponctuation du vibraphoniste Steve Nelson.

Cette extension du domaine de l'orchestre s'entend nettement lorsqu'on compare les quatre titres sur sept précédemment enregistrés par le quintette, principalement l'étendue et la diversité de la palette sonore.Point de révolution (pouvait-on s'y attendre) de la part de ce musicien aventureux et expérimentateur ; plutôt la recherche d'une nouvelle écriture (Dave Holland est l'auteur des arrangements) dans une configuration nouvelle mais en laissant une grande part aux solistes choisis avec un soin et un résultat remarquables. A écouter, sans modération.On est bien loin du schéma " classique " des grands orchestre de la grande époque su Swing des années 30.

Sitarmag

La première bonne idée de Dave Holland au moment de se lancer dans le défi improbable que constitue la réunion d’un grand orchestre, c’est le nombre : ils sont treize à composer son "big band". Un format assez imposant pour épaissir le son d’ensemble, s’offrir les montées en puissance d’une section de cuivres, ses riffs à l’ancienne, mais aussi susceptible de préserver la souplesse d’une structure plus compacte, sa réactivité. La deuxième réussite tient dans l’écriture. Dave Holland vénère Duke Ellington, Billy Strayhorn, la minutie de leurs arrangements, mais son parcours est jalonné d’expérimentations, rythmiques, collectives. Passeur d’idées, instrumentiste apprécié pour la sûreté de son jeu, Dave Holland fait briller ses partenaires, même lorsqu’il enfile discrètement les habits de leader. Au milieu de ses douze partenaires, il est un peu l’aiguilleur, le “dynamiseur”. Conçue comme une extension naturelle de son travail pour quintet – plusieurs thèmes ont d’ailleurs été préalablement enregistrés par le sien –, la matière abordée par son big band garde son interactivité. Animé par les membres réguliers de ce quintette, le groupe bouillonne là où nombre d’orchestres ronronnent, enflent le trait, jusqu’à l’emphase. Classique dans sa façon d’alterner les mouvements collectifs et de détourer les prises de parole des solistes, Dave Holland trouve un ton original dans la liberté laissée aux intervenants – les saxophonistes Antonio Hart, Chris Potter ou le tromboniste Robin Eubanks –, souvent en duo, en trio, ou en opposition. Surtout, deux musiciens atypiques illuminent cette session de bout en bout. Billy Kilson, dont le drumming explosif dynamite le big band comme il le ferait d’un trio. Et puis Steve Nelson, vibraphoniste lunaire, judicieusement choisi en lieu et place d’un habituel pianiste, enchantement permanent dans ses accompagnements subtils, dont la transparence métallique n’a de cesse de scintiller tout au long de cet enregistrement de grande qualité.

Romain Grosman
lesinrocks

1. Triple Dance
2. Blues For C.m.
3. The Razor's Edge
4. What Goes Around
5. Upswing
6. First Snow
7. Shadow Dance

Dave Holland, bass, leader
Earl Gardner, Alex Sipiagin, Duane Eubanks, trumpet, flugelhorn
Robin Eubanks, Andre Hayward, Josh Roseman, trombone
Antonio Hart, alto sax, flute
Mark Gross, alto sax
Chris Potter, tenor sax
Gary Smulyan, baritone sax
Steve Nelson, vibes
Billy Kilson, drums.

(lien dans le commentaire)

19.7.07

219 - VA Potlatch 19 (une transition, une veille minimale)

1 Susanne ABBUEHL A.I.R. (All India Radio)
2 Shirley HORN And I love Him
3 Eric TRUFFAZ Gedech
4 Dianne REEVES Obsession
5 CINEMATIC ORCHESTRA & Fontella BASS Familiar Ground
6 Airelle BESSON & Sylvain CHIFFLET Eternité
7 Henry COW Teenbeat
8 John ZORN MASASA Kisofim (live)
9 Koby ISRAELITE Dror Ika
10 Arve HENRIKSEN Glacier descent
11 Emilie SIMON Le vieil Amant
12 Jean-Louis MURAT Aimer
13 SLAPP HAPPY Slow Moon's Rose


Elle : assise, se lève, très grande, très mince, pas maquillée, s'approche de lui, se penche, l'embrasse, longuement, ses très longs cheveux les préservent des regards. S'en va et revient. S'assoie. Ne parle pas, l'écoute beaucoup, ne voit que lui. Parfois tremble un peu, douceur du frisson.
L'obscurité est maintenant arrivée jusqu'au sol, laissant des lumières oubliées lutter pour créer d'autres volumes, moins sombres, des îlots menacés, des résistances éparses. Pour voir au fond des eaux les reflets des étoiles sur les ventres argentés des poissons.


Lui : massif, bouge très peu. Parle, discute, explique, raconte. S'il n'était sur une chaise, il serait au pied de l'arbre, conteur, mémoire, l'arbre plus mobile que le conteur. Ses mots sont des vies, plus nombreuses que toutes les feuilles de toutes les saisons de l'arbre géant.
Une réverbération insolite sur une bague, une perle d'oreille, un verre porté aux lèvres. Liquide sombre, nappe blanche, couverts nacrés. Repas. Un début d'ivressse nocturne, quelque chose qui prend à la gorge, cette terreur d'un autre destin.

Elle : se lève encore, l'embrasse, ivre des mots et du vin, se tait pour sentir le flux du vent sur son front. L'iris vibre, touché par la phrase. Les yeux sont les témoins des mots, une toute petite perle au coin, flux d'eau du corps. Que faire du bonheur quand il innonde les yeux ? Cet éternel présent invente des marées hautes.

Lui : garde encore son chapeau de paille, dans ce début de nuit. Tient un verre, le lève, l'examine et raconte qu'il marchera sur la plage de la marée haute du bonheur. Etre ange, sans cible. Ses mots touchent. Sa voix porte. Ses pas s'impriment déjà dans le sable. Sans bouger. C'est là que monte l'envie du sable mouillé. Sentir le souffle du désir passer par les pieds nus dans l'eau. Partir déjà ? S'enfoncer plus loin, ne plus rien voir, la marée haute brouille la vue, pique les yeux, raconte des histoires, invente des chemins pour quitter le bleu du froid, toucher l'eau du corps.

Elle : reste assise, le regarde s'éloigner vers l'eau inventée. Ne bouge pas, retourne en arrière, entend maintenant la musique, quelques mots portés par le silence. Penche légèrement la tête, pour mieux saisir la fin de l'histoire.

Lui : déjà très loin, en route vers d'autres marées inventées, porteur de mots, monteur de phrases, adossé éternellement à l'arbre géant, attendant... Elle.

(liens dans le commentaire)

7.7.07

218 - aujour'hui et encore pendant quelques autres (jours) : repos

Car il y a des priorités, et ça approche !

Voir ici pour savoir de quoi il est question

Et question "repos", ce n'est pas le cas.

En attendant de se retrouver ici, voici un clin d'oeil :




Giovanni PAPINI Gog.
Traduction de René Patris, complétée par Marc Voline. — Paris, Le Nouvel Attila, 2007, 352 p., "Collection Nocturne", 70 illustrations, 20 €
En librairie le 6 avril.

Des avis enthousiastes :

ici
et là !

bonne lecture, n'hésitez pas.

et en attendant, @ bientôt...


(lisez, écoutez des alboumes, allez voir des artistes, ... soutenez la création)

2.7.07

217 - Jessica Constable, l’incandescence de SoulReactive




jessica constable : voix
maxime delpierre : guitare
arnaud roulin : claviers
sylvain daniel : basse, programmations
david aknin : batterie, percussions

guests : lucky buzz et tabitha stewart-constable : voix #5.
paroles : constable
compositions : aknin et constable sauf # 1 constable


1 – saltsound
2 – my demo bass
3 – chosen
4 – salt soul kiss
5 – blue 32
6 – biou biou
7 – my computer bass
8 – my lovely bass
9 – my poor bass and little hit
10 – big beginning
11 – time


Dans la lignée des productions Trip Hop et drum & bass anglo-saxonnes, le SoulReactive propose une musique instrumentale qui navigue entre musique électronique et jazz électrique. Bjork, Massive Attack, Portishead ne sont pas loin dans cet album qui propose une rare cohésion entre les musiciens et la chanteuse qu’ils accompagnent. Jazz libre, Funk détraqué, Soul déchirante, Trip Hop planant, groove sous-jacent, toutes ces influences, ces musiques se croisent et fusionnent dans cet album hors du commun !


Le collectif Chief Inspector regroupe quelques uns des musiciens jazz les plus novateurs de la capitale actuellement. Nous vous en avions déjà parlé dans notre article sur les connivences entre jazz et électro dans "ElectroTrip" (N°4) à travers notre rencontre avec le contrebassiste François Fuchs. Créé en 2002, le label propose une discographie déjà conséquente, dont cet album de Soulreactive que nous avons choisi de vous présenter.
Soulreactive est un quintet composé entre autres de Jessica Constable (auteur, compositeur et interprète) et de David Aknin (batteur et compositeur) et offre avec ce premier album une mixture très personnelle: on retrouve la nébulosité d'un jazz dont les partitions ne semblent qu'à moitié écrites, laissant ainsi une grande part d'improvisation et une liberté d'interprétation aux musiciens, et un trip-hop acoustique suave et lancinant que l'on reconnaît à travers les atmosphères développées tout au long du disque. La voix de Jessica Constable séduit immédiatement avec son ton éthéré, son chant-parlé qui a du style et du mystère et les envolées musicales expérimentales qui traduisent une expression très épurée de la liberté.
Cependant, il n'est pas totalement sûr que "Saltsound" sache séduire tous les amateurs de trip-hop, mais la modernité des morceaux, l'interprétation vocale et les ambiances intimistes et finalement assez chaleureuses, font de ce disque une des références les plus accessibles de ce jeune label indépendant.
http://www.trip-hop.net/album-968-soulreactive-saltsound-chief-inspector.html


JESSICA CONSTABLE
Jessica Constable chante des textes écrits ou des paroles improvisées qu'elle explore pour leur résonance et leur texture. Elle utilise souvent des filtres électroniques, échos et modulation.
Née à Bristol (GB) en 1966 Jessica Constable a commencé à composer dès son enfance. Pour preuve, l'une de ses premières chansons, "Now if you remember", fut enregistrée en 1974 par Julie Tippetts, amie de ses parents, sur l'album Sunset Glow (RCA, 1974). Jessica Constable composa cette chanson sur la guitare qu'elle reçut en cadeau pour son 7ème anniversaire. Jusqu'à l'âge de 15 ans elle prend des cours sur divers instruments de musique. Si cet enseignement lui apporte un solide bagage théorique et technique, elle laisse tomber ses leçons aux méthodes trop classiques à son goût pour s'orienter vers des recherches plus libres. Elle continue seule, improvisant au piano et au chant, s'enregistrant sur un petit magnéto-cassette.
A 22 ans Jessica Constable se tourne vers le dessin, la peinture et la sculpture dans une école d'arts à Bath. Mais ses créations "bizarres", si elles provoquent quelques remous dans son école, ne la satisfont guère.
En 1990, elle revient vers le piano et le chant et fait la rencontre du pianiste et chanteur Philippe Gelda à Toulouse, où elle s'installe. Ensemble ils improvisent et composent, permettant à Jessica Constable d'assumer pleinement sa pratique vocale. Au-delà même de ses propres limites. Vers 1992/93, Jessica Constable perd totalement sa voix. Elle retrouve peu à peu l'usage de ses cordes vocales par la rééducation et prend ensuite des cours de chant auprès de Christiane Sans. Après deux ans d'exercices techniques elle considère qu'elle a acquis assez de compétences pour éviter de perdre de nouveau sa voix. Elle recommence alors à improviser dans son style peu orthodoxe avec le pianiste Philippe Gelda.
Jessica Constable commence aussi à ce moment là à s'intéresser à la musique concrète, à la spatialisation du son et à la poésie sonore. Elle enregistre avec Philippe Gelda l'album Cool Things for Voice and Organ. Pendant quelques années elle est aussi comédienne et musicienne dans diverses troupes de théâtre et compagnie de danse, notamment Klassmvte / Groupe Hortense de Pascal Delhay, le Théâtre 2 L'Acte de Michel Matthieu, le Groupe Umber Humber mené par la chorégraphe Patricia Ferarra. Cette expérience lui apporte en particulier les moyens de mieux appréhender sa présence sur scène.
En Janvier 2002 elle tourne avec la formation d'Eric Pailhé Massacre Privé qui allie spoken word et drum'n bass improvisée et lui permet de rencontrer le batteur David Aknin. Jessica Constable partage avec ce dernier les mêmes goûts pour l'écriture de chansons. Ils décident alors de créer ensemble le propre groupe, Soulreactive, avec Arnaud Roulin aux claviers, Sylvain Daniel à la basse et Maxime Delpierre à la guitare. Soulreactive a enregistré l'album Saltsound (Chief Inspector Records, 2003), qualifié à sa sortie de jazz expérimental / trip-hop.
Jessica Constable a aussi participé au big band Pandemonium de François Jeanneau, et joué avec de nombreux autres musiciens à Paris (Paul Levis, Jeff Sharel, Jean-Phi Dary, Julien Loureau, Magic Malik, DJ Oil ). La compositrice et pianiste arménienne Anahit Simonian a écrit plusieurs pièces pour Jessica Constable, notamment Légendes Oubliés - concerto pour voix, doudouk et orchestre symphonique, créé en 2003 au festival Musical Olympus de St-Petersbourg, et un cycle de chansons en arménien avec Araik Bahtikian (doudouk), Emmanuel Codjia (guitare), Felix Simonian (violoncelle) et David Aknin (batterie).
Jessica Constable s'est aussi illustrée sur le terrain du rock expérimental lors de concerts en 2002 et 2003 avec le groupe "Le Crépuscule" formé de Laurent Bardainne (sax), Nicolas Villebrun (guitare), Arnaud Roulin (claviers), Vincent Taeger (batterie) et Philippe Gleizes. Ils ont enregistré un album Le Crépuscule des Dinosaures (Barnabé 2003).
Ellery Eskelin a découvert le chant de Jessica Constable lors d'un concert en duo avec Philippe Gelda au festival de Jazz à Luz en 2000. Ni une, ni deux, il l'invite à venir se produire avec lui, Andrea Parkins et Jim Black dans divers festival en France et au Vision Festival de New York en 2001. En 2004 Ellery Eskelin invite Jessica Constable, Marc Ribot et Melvyn Gibbs pour enregistrer l'album Ten pour le label Hathut. Ce disque marque les 10 ans du trio Eskelin / Parkins / Black. Depuis 2004, Jessica Constable se joint à eux lorsqu'ils sont en tournée en Europe et travaille régulièrement avec Andrea Parkins. Un disque en duo devrait bientôt paraître.
Jessica Constable vit à Rennes et dirige des ateliers d'improvisation vocale.
Performances InterZones :
Soirée "boîtes à free-Sons" : accordéon et électronique 15 février 2006
Ellery Eskelin w/ Andrea Parkins & Jim Black + Jessica Constable 7 mai 2006
Discographie :
*
Andrea Parkins & Jessica Constable, à paraître en 2006.
*
Ellery Eskelin Ten (Hatology, 2004) (avec Andrea Parkins, Jim Black, Jessica Constable, Marc Ribot & Melvin Gibbs).
*
Soulreactive saltsound (Chief Inspector Records, 2003).
*
Le Crépuscule Le Crépuscule des Dinosaures (Barnabé 2003).
* Jessica Constable et Philippe Gelda Cool Things for Voice and Organ (autoproduction, 2002).
Vidéo :
*
Ellery Eskelin w/ Andrea Parkins & Jim Black + Jessica Constable On the Road With (DVD - Prime Source, 2004).
Lien :
*
www.jessicaconstable.net
http://interzones.free.fr/constable.htm

(lien dans le commentaire)

Alboume extrême, et donc très fortement recommandé, encore dispo chez Chief Inspector...

1.7.07

216 - VA Potlatch 18

1 Patricia BARBER - Mourning Grace
2 Anouar BRAHEM - Astrakan cafe 1
3 David SYLVIAN - Heartbeat (Tainai Kaiki II)
4 ELLIPSE - The rest is silence
5 Emily HAINES - Detective's Daughter
6 Jim BLACK AlasNoAxis - Ambacharm
7 Marilyn CRISPELL - Prayer
8 John ZORN The Circle Maker - Kisofim
9 Lars HOLLMER - Kvar om igen
10 KOBY ISRAELITE - for Emily
11 Anouar BRAHEM – Astrakan cafe 2
12 Patricia BARBER - Dansons la Gigue! (live)


Ton regard perdu est très éloquent, tes yeux scrutent les vagues absentes, comme perdus dans un ailleurs éternel, arriveras-tu à voir le maintenant présent, au lieu de te perdre dans l'ailleurs inconsistant ? Toutes le tempêtes du monde s'échouent devant tes yeux.
Drôle d'endroit pour une rencontre impossible, surtout que je t'espionne (non, en réalité j’accroche toujours et sans cesse ton être secret, la lueur de tes yeux, le souffle de tes mots, la force de ta présence) presque en permanence. Je me force terriblement à fuir cette braise (je voudrais tant m’y brûler, m’y réchauffer, m’y perdre). Tous ces gestes visuels vers toi, toujours vers toi, même quand tu quittes cette place, tes présences persistent, toutes les autres toi restent (une même toi), celles que je vois sans cesse. Rémanence, persistance de la vision.
Drôle d'endroit pour avouer cette permanence, cette obsédante passion, ici, à tous, comme un message lancé à vos visages et à vos sens, à tous vos sens. Ceci n'est pas un aveu, ni une confession, encore moins la reconnaissance d'une passion, car celle-ci m'est étrangère, elle ne vient pas de moi, elle m'a été imposée, je n'ai pas le choix, c'est ainsi que la passion arrive, d'ailleurs, de toi, là, qui regarde au loin, je ne sais où ni quoi, je ne sais rien. J’ai oublié. Je dérive. Sur ce lointain que tu ne vois pas. J’y suis seul.
Je laisse ici cette passion qui m'inspire et m'étouffe, me prend et me chavire, m'étreint et me guide, m'envahit et me touche, là, au plus profond de ma carcasse lourde et lente. L’émotion violente et brutale, la braise permanente, plus chaude que la flamme.
Je laisse ici et montre dans ce lieu secret tout ce qui me donne une foi insensée et j’apporte cette passion ni secrète ni dicible dans ce regard lointain qui navigue au plus loin du corps qui s'oublie et des sens qui par instants se montrent au détour d'un choc des yeux. Que racontent ces instants éternels ?
Même fermées, tes paupières n'arrêtent pas la braise de tes yeux, qui traverse toutes les épaisseurs millénaires des peaux rugueuses et parfois tannées des barrières érigées en guise d'ultimes défenses insensées.
Toute résistance est vaine, cruelle, terrible, magnifique. Je résisterais mille ans. J’attendrais l’éternité, le silence des océans féroces.

(lien dans le commentaire)

215 - Les variations de Christian Wallumrod




1. Sarabande Nouvelle (2:52)
2. Memor (5:18)
3. Edith (5:23)
4. Alas Alert (5:07)
5. Small Picture #1 (1:31)
6. Sarabande Nouvelle, var. 1 (4:26)
7. Psalm (5:45)
8. Liturgia (5:06)
9. Small Picture #3 (1:31)
10. Small Picture #2 (1:38)
11. Small Picture #3 1/2 (2:18)
12. Edith, var. (2:02)
13. Memor, var. (1:50)
14. Sarabande Nouvelle, var. 2 (3:13)
15. Losing Temple (5:27)


Christian Wallumrød (p, harmonium)
Nils Økland (vln, Hardanger fiddle)
Arve Henriksen (tp)
Per Oddvar Johansen (ds)
with
Trygve Seim (ts on tracks 1, 6, 14)


All Compositions by Christian Wallumrød, except "Psalm", based on the Norwegian folk song "O du min Emanuel", after Sigbjørn Apeland, arranged by Økland, Henriksen, Wallumrød.

C'est donc le premier de la série qui compte maintenant 3 alboumes sous son nom.
Que dire.
Du jazz... de la musique contemporaine, des espaces de méditations.
Cette musique là est faite pour nous aider à mieux nous re-trouver.

(lien dans le commentaire)