28.5.07

198 - le cercle au rayon infini



Pour en finir avec John Zorn, et si ce n'a déjà été fait, mettons les points sur les i : malgré la quantité faramineuse de disques qu'il a produit, enregistré et/ou distribué, pour la postérité, on ne retiendra de lui que trois choses : la création de son label Tzadik, l'expérience Naked City et, enfin, sans doute le plus beau de tous, Masada, au coeur même de son oeuvre. [...]
Car, je persiste et signe, s'il ne fallait en retenir qu'un, Masada s'imposerait sans contestations possibles car il n'existe aucun autre projet à mon humble avis qui soit parvenu, comme celui-ci, à synthétiser de manière aussi remarquable et nuancée l'aspect multiple de l'artiste. [...]. Dans l'exercice de l'écrit, avec Masada, John Zorn a su rester simple. C'est une qualité rare que le saxophoniste est heureusement parvenu à conserver ici malgré une carrière en tous points portée sur l'excès. En guise de relecture, souvenez-vous, il y eut déjà le très bon "Bar Kokhba" en 1996. "The Circle Maker", autre double album qui le suit de peu, affine le concept en consacrant chacun des deux disques à une formation bien précise ; sur le premier volume intitulé "Issachar", évolue le Masada String Trio constitué de Greg Cohen, Mark Feldman et Erik Friedlander.
On y retrouve fatalement les aspirations contemporaines du compositeur servi par une interprétation fantastique de retenue et d'intuitivité.
"Zevulum", le second volume, introduit le Bar Kokhba Sextet, doublant le nombre de participants du Masada String Trio en leur adjoignant les services de Cyro Baptista, Joey Baron et Marc Ribot. Comme vous pouvez le voir, peu à peu, l'Electric Masada prend forme mais attention, il n'est nul question ici de folie furieuse.
Aussi mesuré que le Masada String Trio, le Bar Kokhba Sextet apporte une touche plus exotique à l'ensemble, rappelant étonnamment par endroits les musiques de film de Lalo Schiffrin. Le bruit n'est pas une fin en soi non plus.

Grâce aux perspectives complémentaires qu'il propose, "The Circle Maker" s'avère être une oeuvre d'un raffinement prodigieux et, en ce qui me concerne, une des pièces maîtresses du catalogue Tzadik.
(samedi 8 juillet 2006)
Guts of Darkness




Trublion des musiques nouvelles et du jazz contemporain, Zorn est un artiste à part, dont chaque album explore un nouveau paysage entre ambient, jazz et grindcore, au risque d'effrayer à chaque fois ses fidèles ! Seul projet du saxophoniste à avoir perduré plus d'une décennie, avec une qualité constante, Masada est une relecture moderne de la musique juive traditionnelle par le maître et quelques-uns de ses fidèles, Marc Ribot et Greg Cohen. Une dizaine de disques, par des formations jazz, des quatuors à cordes ou des trios de guitare, ont développé et réinventé un répertoire qui se compte aujourd'hui en centaines de morceaux. Sur ce double album studio, Zorn explore deux facettes du projet, à la tête d'un trio de cordes puis avec cette même formation de base, augmentée d'une section rythmique et de percussions. L'auditeur passe donc d'une musique de chambre fiévreuse mais mélodique à une sorte d'exotica, pleine de rythmes latins. The Circle Maker est probablement le disque le plus dense de Masada et se révèlera quasi-inusable tant il recèle de subtilités et d'arrangements.
progressia
(liens dans le commentaire)

27.5.07

197 - la sublimation d'Akosh S Unit (Nap mint nap)

Un jazz des puissances chtoniennes, une musique libre portée par un collectif incroyable, énergique, lyrique, lumineux et rageur. Depuis "Kebelen", Akosh nous invite à séjourner dans le tellurique et le maternel. Ce qui explique cette esthétique du cri et de la transe dans la lignée d'Albert Ayler ou du Coltrane dernière période, qu'entrecoupent de plus sereines méditations, qui permettent de traverser quelques horizons plus linéaires. Toujours passionné par le folklore de son pays d'origine, il laisse cependant ses musiciens s'exprimer avec bonheur. "Nap mint nap" est le nouvel album du dernier Akosh. S Unit, groupe à identité variable qui semble avoir trouvé son ancrage avec l'arrivée d'une rythmique exceptionnelle : un batteur aussi fougueux que réfléchi, Gildas Etevenard, et un contrebassiste solide, inspiré, chaleureux, Christian Brazier, Marseillais d'adoption. Se déclare encore une fois toute l'incandescence du Hongrois à la clarinette métal et au ténor soulignée par le grincement original de la vielle à roue d'Andras Wigh alors que Quentin Rollet impose son jeu dans la partie d'alto. Il suffit d'écouter "Lat" pour s'en convaincre : une déflagration continue précédée d'une incantation et d'un délicat solo de contrebasse. La machine infernale s'emballe sans transition avec le morceau suivant "Van" : tout semble possible dans cette musique vive, de transe, qui brûle et se consume sur fond d'accents balkaniques chers au souffleur-vedette installé provisoirement à Marseille. Toujours en recherche, Akosh préfère l'ivresse des bars et d'un public prêt à tous les voyages aux salles peut-être trop conventionnelles.Embarqué à coup sûr pour une aventure dont on ne peut imaginer l'issue, on se laisse emporter par le plaisir de ce jeu communicatif, librement contrôlé. Chavirant !

Sophie Chambon © Sefronia 23-04-2004









le SITE d'Akosh

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196 - la fusion d'Akosh S Unit (Lenne)

"Talan Jo Megis Az Ember" (L'Homme est peut être bon, malgré tout)



Nouvel opus du saxophoniste multi-instrumentiste hongrois Akosh Szelevenyi et second volet (après "Kebelen" en 2001) d'un cycle "collage" sur lequel figurent des enregistrements de la formation précédente de son Unit - on retrouve Bernard Malandain à la contrebasse (remplacé ces dernières années par Christian Brazier) et le violoniste Joe Doherty. Le troisième volet est prévu pour cet automne.
Avec toujours autant de force et d'énergie, Akosh poursuit son cheminement musical et nous invite à partager son univers muli-culturel, fusionnant habilement et avec beaucoup de sincérité musiques folkloriques magyares et improvisations libres. Au menu : une heure de délires sonores intenses "adoucis" par des mélodies traditionnelles, orchestrés par la main de maître d'Akosh entouré de talentueux musiciens dont l'entente est parfaite.
Mais que cet excellent disque ne vous empêche pas d'aller l'écouter live, car malgré tout c'est sur scène qu'Akosh donne le meilleur de lui-même !
Jazzbreak



Le refus des frontières
Sortie de Lenne par le saxophoniste hongrois Akosh, un melting-pot harmonique qui dépasse les bornes musicales.
Une légende amusante : en observant le vol des mouches sur le plafond de sa chambre, le philosophe René Descartes, musicien à ses heures, aurait eu l’idée de décrire leur mouvement par un repère quadrillé. Gageons qu’Akosh, dans une même situation, songerait d’abord à les rejoindre en vol ! Lenne, son dernier disque, est ainsi tricoté de loopings, de chassés-croisés, de vrombissements, de changements de rythmes impromptus, comme les mille et une variations d’un vol collectif de coléoptères. Patchwork d’enregistrements live et de chutes de studio opérés au sein de sa formation Unit, cet album est le deuxième volet d’un cycle entamé en 2001 avec Kebelen, son précédent. Akosh y scelle, dans un creuset qui n’appartient qu’à lui, une alliance hybride entre le free jazz de New York, la musique traditionnelle hongroise, parsemée de bribes de sa myriade d’expériences musicales, allant de la musique expérimentale française au gnawa marocain. Cet espace, qu’il tient à laisser ouvert aux quatre vents, Akosh le défend de toutes ses forces, au mépris des classifications raisonneuses. Les membres de son groupe, Unit, s’y croisent sans se chasser, modifiant au coup par coup leur direction, sans que ne se délite le clair mouvement de l’ensemble. Ici, les comparses égrènent une note unique en longues respirations, tandis que leur mentor y enroule des sarabandes de saxophones. Plus loin, un court silence est rompu par des coups de tambour cardiaque, une flûte orientale leur emboîte le pas en mélopée, peu à peu rejointe par le chour des instruments. Partout, Akosh s’appuie sur la pulsation de ses complices : la mélodie se fait répétitive, hypnotique, lui s’époumone en plein délire. On pourrait craindre une cacophonie, et c’est le contraire qui se produit, le temps se contracte à son écoute sous l’effet d’une harmonie discrète, l’esprit se laisse aller à oublier la pendule pour mieux suivre cette anarchie curieuse. · l’écoute de ce phénomène d’album, on comprend mieux la force de conviction de ce musicien hongrois, transfuge d’au-delà du rideau de fer en 1986, se fiant à sa musique, à ses rencontres, pour se constituer un réseau d’amitiés lui permettant d’exercer son art en liberté. Akosh vit en France, joue en France, et n’a jamais songé à se faire naturaliser français. " Il y en a marre des papiers ", confiait-il en 1999. Il venait de participer à un concert de soutien au GISTI, le Groupe d’information pour les travailleurs immigrés. Akosh saute par-dessus le rideau de fer, Akosh méprise le rideau invisible qui sépare, dans les rues des capitales occidentales, les hommes à papiers de ceux qui n’en ont pas. Akosh se moque des bornes qui séparent les plages musicales de son dernier CD, et décide de donner le même nom (Nélkül) à trois morceaux différents. Akosh n’aime pas les rayons qui séparent les linéaires des bacs de disques, et accueille d’un gros rire, ou d’un froncement de sourcils, selon l’humeur, ceux qui lui disent qu’il fait du " jazz ". [...] Depuis quelques mois, cet immense garnement vend sous le manteau, sur un stand fiché à ses concerts, le disque autoproduit Kaloz I (" pirate ", en hongrois), qui fait, à sa manière, une concurrence à ceux de Jean-Marie Messier. Son dernier disque, Lenne, sur la pochette duquel le cri d’un homme (?) rompt la bulle qui l’entoure, prolonge ce refus des carcans musicaux. Akosh rejoint le rythme des morceaux en cours, les syncope, les détraque, pour prolonger l’effet de découverte, pour ne jamais se laisser aller à la routine. Parfois, un de ses acolytes, sorti du rang, caracole un peu à ses côtés, avant de rejoindre docilement l’attelage rythmique. Parfois non. Inutile d’y rechercher un code, Akosh l’a décrété : c’est peine perdue que de vouloir quadriller le vol d’une mouche.
Gaël Villeneuve
L'Humanité du 1er juin 2002

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195 - Patricia BARBER, depuis Split et le tout début...

Patricia BARBER est très présente ici au détour de certains Potlatch. Ce n'est pas par hasard.

I could eat your words, de Verse
là, le magnifique Dansons la gigue, encore sur Verse
et voici Winter, de Modern Cool
et là, Constantinople, encore de Modern Cool
encore avant, The Hours, sur Mythologies
et voici Persephone, du toujours Mythologies
et le tout premier, Orpheus Sonnet, de Mythologies

Ils sont tous sur des Potlatch différents, alors si ça vous tente....

Et voici le premier alboume de Patricia BARBER, en 1989. Déja un alboume extraordinaire...



La reconnaissance tarde
Patricia Barber n'a absolument rien à envier à ces grandes chanteuses comme Diana Krall qui occupent le devant de la scène de ces dernières années. Elle a une voix éblouissante, un style personnel, un immense talent de pianiste. Pourtant, alors qu'elle a déjà 7 albums a son actif, elle demeure encore trop peu connue du grand public. Patricia a pourtant montré dès la sortie de son premier album de quel bois elle se chauffe. Du bon de première qualité qui ne s'éteint pas d'un souffle. Sur Split, sorti en 1989, elle nous chantait entre autres « Alone Together » d'une façon absolument magistrale, qui nous rappelle un peu le style de Kurt Elling. Dans « Distortion of Love », enregistré en 1992, Patricia nous livre une version de Summertime fort audacieuse et magnifique. « Café bleu », qui date de 1994, est tout aussi brillant que les précédents. Sur « Modern Cool », sorti quatre ans plus tard, Patricia se frotte à la plus célèbre chanson des Doors, « Light my Fire », et en offre une version inoubliable. C'est peut-être d'ailleurs cette interprétation-là qui piquera la curiosité de ceux qui ne la connaissent pas, et fera d'eux des fans à jamais...À moins que le déclic ne se fasse plutôt avec cette incroyable, cette brillantissime version de « The beat goes on » de Sonny & Cher qui figure sur le disque « Companion » datant de 1999 ! Absolument fabuleux ! « Nightclub », sorti en 2000, contient plusieurs chansons très connues auxquelles Patricia donne un second souffle de la plus brillante des manières. Il en va ainsi de cette délicieuse « Summer samba » et « d' Autumn leaves ». Finalement, « Verse » paru en 2002 est extraordinaire et nous offre une merveilleuse chanson en français, « Dansons la gigue », dont les paroles sont de Verlaine. Tous les disques de Patricia sont de pures merveilles, alors pourquoi tarde t-on tant à lui donner la place qu'elle mérite ?
Béatrice André

La nostalgie des formes d'expression modernes à visage humain
Les propos de Patricia Barber sont éclairants pour voir la trajectoire de nos sociétés depuis que le visage de ce qui fait notre ancrage identitaire a perdu tous ses contours, avalé qu'il est par la production technologique et parfaitement anonyme de nos vies. Ses nostalgies quand elle songe aux oeuvres de Cézanne ou à celles de Picasso nous conduisent par la réflexion à voir que ces modes d'expressions, tels qu'ils se manifestent particulièrement chez ces deux peintres, amalgament encore les contenus et les formes dans des structures d'où le contenu et par conséquent la part de l'humain n'a pas encore complètement disparue. Qu'il s'agisse du précubisme de Cézanne ou du cubisme de Picasso, derrière la forme se profile encore le fond. Chez Verlaine, le même amalgame se produit par l'introduction de la ligne mélodique des mots et des assonances parmi les structures des images. En ce début du 20e siècle, la production des artistes reflétait le fait que la production artisanale n'avait pas encore cédé complètement la place dans la production comme dans l'image identitaire de l'humain. En ce début de 21e siècle, il en va tout autrement et le règne des structures sans contenu et de l'art abstrait prend toute la place en attendant que celle des contenus et de l'humain retrouvent les figures qui permettraient leur expression. Les modes d'expression de cette chanteuse comme de celle de Diana Krall, en recourant parfois aux mélodies nostalgiques, confirment que ces attentes sont bien réelles et qu'elles correspondent à des besoins qui ne regardent pas seulement vers le passé mais aussi vers l'avenir.
Marc Audet

Aux antipodes des produits de synthèse virtuels et insipides fabriqués par le Spectacle pour "occuper le terrain" (mythologique mais surtout commercial !), Patricia Barber, la quarantaine anonyme et un brin névrotique, incarne à elle seule le renouveau inespéré d’une espèce terriblement anachronique et qu’on pensait à vrai dire en voie d’extinction terminale : la chanteuse de jazz. Après plus de vingt ans passés à écumer les clubs de sa ville natale, Chicago, approfondissant chaque soir un peu plus un univers personnel parfaitement original, composé d’étranges chansons crépusculaires et tendrement ironiques, ancrées dans un imaginaire résolument jazz mais ouvertes aux diverses formes de la culture pop ambiante, Barber, trois disques confidentiels dans sa musette (Split (1989), A distorsion of Love(1992), Cafe Blues (1994)), sort enfin de ses nuits bleues embuées pour surexposer sa poésie mélancolique au grand jour. En contrat désormais avec le mythique label Blue Note, et après le beau succès d’estime de l’emblématique Modern Cool (1998) où, entre sensualité trouble et cérébralité assumée, toute l’ambivalence esthétique de sa musique de feu trouvait à s’exprimer enfin totalement, Patricia Barber s’attaque aujourd’hui à ce qui pourrait paraître à première vue un exercice de style un peu vain : le répertoire des standards. Modulant de sa voix souple au timbre grave envoûtant ces mélodies intemporelles, déroulant avec un sens exquis de la dramaturgie leurs petits scénarios émotionnels, laissant entendre bien plus qu’il ne se dit, simplement par quelques inflexions, une façon incroyable de se placer sur le tempo, plombant de son lyrisme sombre et très introspectif, leur insouciante légèreté, Barber s’accapare avec beaucoup de douce autorité cet imaginaire collectif.
les inrocks 23 févr. 2001

"J'ai toujours été déterminée à garder l'étiquette jazz et m'assurer que chaque arrangement, quel que soit le thème, ait un certain niveau de sophistication mélodique, rythmique ou harmonique. Difficile de dire exactement ce qu'est le jazz de nos jours. Je suis prête à en discuter avec quiconque le souhaite", répondait récemment la pianiste Patricia Barber à Alain Le Roux du webzine Le Jazz. Et ça n’est certainement pas à l’écoute de Companion qu’on ira lui contester un statut qu’elle défend brillamment, tant ce live enregistré au Green Mill de Chicago, son club habituel, reste à la fois l’une de ses plus belles réussites et l’un des meilleurs disques entendus cette année.
Retraçons rapidement son itinéraire en revenant en 1989, lorsque cette fille d’une chanteuse de blues (et d’un père qui joignait son saxophone au big band de Glenn Miller lors de ses passages par Chicago) enregistre Split avant d’expérimenter la conception de la liberté musicale d’une major, Verve, laquelle lui impose, pour son second album (Distorsion of love), de changer de musiciens. C’est en signant pour le petit label Premonition Records, dirigé par Michael Friedman (en partenariat avec Blue Note), qu’elle retrouve ses compagnons habituels -Michael Arnopol à la basse et Mark Walker à la batterie, rejoints par le guitariste John McLean. Café blue, en 1994, mais surtout Modern cool, en 1998, lui offrent un véritable succès, que devrait entretenir ce nouvel album.
La voix est faussement nonchalante, délicieusement suave et sombre, avec une pointe permanente d’ironie voilée qui lui donne un charme irrésistible ; le jeu de piano est ferme, intense et précis, avec quelque chose d’imperceptiblement féminin. Au Steinway ou au B-3, accompagnée de musiciens irréprochables (Arnopol, McLean, Eric Montzka à la batterie et Ruben P. Alvarez aux percussions), elle crée des ambiances suspendues pleines de mystère, de tensions et de détentes, sans se départir de ce ton qui fascine et ensorcelle (d’autant plus que les textes de ses propres compositions sont d’une rare finesse : écoutez le génial Touch of trash), recourant à des couleurs instrumentales qui permettent autant le groove (jeux rythmiques et basse puissante) que l’incongruité (les solos parfois bizarres de McLean). Avec un Black magic woman noir à souhait s’achève une heure de rare envoûtement musical. La chanteuse de l’année, sans hésitation.
Bernard Quiriny Chronic'Art

le SITE de Patricia BARBER

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194 - le feu d'Akosh S Unit (Vetek)



Akosh Szelevényi, est un clarinettiste et saxophoniste que nous avons déjà tous entendu au moins une fois, sans le savoir pour la plupart.
Dans la chanson "Le vent nous portera" sur l’album "Des visages, des figures" de Noir Désir, il jouait de la clarinette. Ici, Akosh pratique un jazz qui se nourrit d’influences slaves et orientales, et picore en général dans les meilleurs greniers du monde entier.
"Vetek", oeuvre du groupe d’Akosh, Akosh S. Unit, termine la trilogie entamée avec "Kebelen" et "Lenne." Alosh S. Unit : Joe Doherty, Bernard Malandain, Philippe Foch (rejoints par le joueur de ney, une flute traditionnelle turque, Mokhtar Choumane et le sax Nicolas Guillemet), produit une fusion incandescente, qu’Akosh ubile à strier d’éclairs multiples.
Le sax d’Akosh ronfle et gronde, c’est une furie tourbillonnante. Une furie à laquelle tous les musiciens participent à leur niveau. Le batteur Philippe Foch, par exemple, qui fait un solo renversant à la fin de "Patak."
Tous les morceaux s’enchaînent, et l’on a l’impression de traverser des pays comme une caravane, sur une route de la soie ou des épices. Akosh, lui, a trouvé la route de la beauté.
Jean-Marc Grosdemouge
M la musique



Akosh, la liberté d’impressions
C’est le premier concert du saxophoniste hongrois Akosh S. et de son groupe Unit à la Fête de l’Huma, mais dans le public on connaît sa musique. Une petite foule d’ados, cheveux en bataille, a investi le parquet, tous assis en tailleur. Le groupe arrive : le géant, c’est Akosh, le barbu c’est Rollet, les deux autres sont cachés par leurs instruments. Long solo d’Akosh aux accents slaves, puis la rythmique entre en scène avec le bruit d’une pile de vaisselle qu’on fracasse. Le géant hongrois se balance en rythme, crache les sons par saccade, Rollet siffle un flot de notes aiguës, à la manière d’une fusée de détresse. Dès les premières notes, la musique se fait riche et complexe, " transfrontière ". Le géant est un grand saxophoniste, mais surtout un chef d’orchestre : d’un signe de la tête, il fait s’arrêter, ou repartir, un membre de son groupe. Les deux mains du batteur tricotent un tempo complexe, appuyé de loin en loin par une note sourde de grosse caisse. Les deux saxos se promènent sur la toile d’araignée rythmique, jouant pour les festivaliers le jeu de l’insecte et de l’araignée musicale. Au bout d’une heure, à bout de souffle, la section rythmique décide de les laisser achever le set par un viril duel de sax d’où le public sort grand vainqueur.
Gaël Villeneuve
L'Humanité, le 20 septembre 2003

Le Site d'AKOSH, allez le voir VIVANT sur scène et achetez ses alboumes

Vous devriez trouver par là (dans le VA Potlatch 2) un solo étonnant de sobriété d'Akosh.

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26.5.07

193 - Insoutenable Annette PEACOCK

Une mélodie d’Annette Peacock est un poison qu’on déguste dans le désœuvrement, un marqueur précis de la pulsion de mort. On peut aussi s’y abreuver comme les âmes épuisées venaient au Léthé boire le philtre d’oubli, renaissant vierges du savoir douloureux de la vie. Ouvrant sur la perspective infinie d’un perpétuel recommencement, soustraites au tempo comme à l’obligation d’un accomplissement, elles flottent dans une durée abstraite, ombrées d’accords nuageux, retenues par le fil d’une voix fragile, à peine réelle. Et pourtant. Ce peu de réalité est toute la réalité. Cette lisière incertaine où le vivant confère avec les puissances d’outre-tombe, la seule scène où se puisse jouer avec quelque sens la comédie de l’existence dans le coudoiement du vide. Cette voix qui s’absente du drame sans se renier comme voix a-t-elle sa semblable ; en connaît-on une autre qui, comme détachée tout à fait de lui, entretienne avec son propre corps le commerce d’un vis-à-vis ? Dans ce fascinant jeu de miroirs qui ne reflètent rien sinon l’abîme d’une passion sans objet (ou qui l’excède infiniment) condamnant toute psychologie -donc toute traduction chantée des affects-, la voix se découvre purement musique. Point, certes à la manière baroque, dans l’ivresse de l’ornement, mais, si l’on peut dire, spectralement. Un dispositif immuable l’enveloppe comme son corps subtil : le quatuor travaille à l’estompe, grise la monodie de fins camaïeux, et le piano prolonge de points de suspension les derniers mots, les accompagne au seuil du vertige. Jamais -jamais !- cordes n’avaient connu telle écriture, pénétrante, sobre, nécessaire. Nothing ever was, anyway de Marilyn Crispell a rappelé ce que doit le jazz moderne à sa muse énigmatique et distante. Annette Peacock lui a inspiré, du dehors, quelques-uns de ses plus beaux moments. D’émoi, cela va sans dire.
P.-L. Renou - Chronic'art





Après douze longues années de retraite et de silence phonographique quasi intégral, Annette Peacock, anti-star secrète et mythique de l’underground new-yorkais des années psychédéliques, revient au premier plan avec un disque inattendu, recueil somptueux et mélancolique de chansons intimistes à la séduction vénéneuse. Seule au piano, accompagnée simplement d’un quatuor à cordes, la chanteuse susurre ses “free songs” décalées d’une voix fragile, drôlement détimbrée, et captive par la familière étrangeté qui se dégage finalement de cette œuvre hors temps, faussement sage sous ses atours maniéristes. lesinrocks

Annette Peacock a quelque chose de spectral dans sa grâce fragile et évanescente, comme une absence abyssale derrière le pâle sourire nostalgique et l’éclat clair du regard. Comme si, à force d’avoir été si longtemps en avance sur son temps au point d’en fréquenter souvent les marges, elle avait fini par atteindre un point particulier de son espace mental où plus rien dorénavant n’aurait de prise sur elle - surtout pas le cours des années, ni le brouhaha du monde alentour. Stéphane Ollier


« J’ai rencontré Gary Peacock alors qu’il était en tournée sur la Côte Ouest. J’avais 19 ans. On s’est marié très vite à Las Vegas et, du jour au lendemain, je me suis retrouvée plongée dans le petit milieu du jazz avant-gardiste new-yorkais. Je m’y suis sentie aussitôt comme chez moi. Il y avait là une véritable effervescence créatrice, tout un tas de personnalités extraordinaires se côtoyaient et s’influençaient. Parmi nos proches, on trouvait aussi bien Paul et Carla Bley que Paul Haines ou Timothy Leary…Puis j’ai rencontré Albert Ayler. Ça a été un choc esthétique définitif. Il était l’exemple vivant de ce à quoi un artiste doit tendre : trouver sa propre voix avec passion, dévotion.
À ses côtés, j’ai compris que quiconque aime et respecte la musique doit chercher à parler son propre langage, à être au plus près de sa vérité, quel que soit le prix à payer. On est devenu de grands amis, très complices. ». Annette PEACOCK

Après plus d'une décennie de silence, Annette Peacock nous revient enfin avec un disque d'une magnifique pureté. Cette pionnière fut, aux côtés de Paul Bley (qui interpréta nombre de ses compositions), l'une des premières à intégrer l'électronique à la musique jazz. Avant-gardiste exceptionnelle, spécialiste de l'improvisation vocale, elle signe, avec An Acrobat's Heart, un album relativement classique selon ses propres standards. Elle aurait pu se contenter de s'accompagner seule au piano (ce qu'elle fait ici très sobrement), ce qui aurait servi à merveille ces intimes réflexions sur l'amour (ou l'absence de). Elle a pourtant signé des arrangements d'une mélancolie à vous couper le souffle pour le Cikada String Quartet. Ne serait-ce de cette drôle de voix difficile, presque parlée, tellement fragile et imposante à la fois, et de cette franchise toute nue dans l'émotion, on pourrait presque croire que ces compositions sont des standards de jazz oubliés. Peut-être que dans 20 ans, on les considérera comme tels. Nicolas Tittley


(lien dans le commentaire)

192 - Art Bears à Milan : le punk-rock brechtien revient


In December 1978, Art Bears joined Rock in Opposition
(RIO), and toured Europe in April and May 1979. For the tour, they added
Peter
Blegvad
(ex-Slapp Happy, guitar, bass
guitar, voice) and
Marc Hollander (Aksak
Maboul
, keyboards, clarinet) to their line-up, and rehearsed at the Cold
Storage Recording Studios in Brixton, London before leaving for Italy in late
April. They performed in Italy, France, Belgium and Czechoslovakia, including a
RIO festival on the 1st of May in
Milan. Some of the songs recorded
during the tour were later added to the CD release of Hopes and Fears and The
Art Box (2003), a
box set of Art Bears
material.


http://en.wikipedia.org/wiki/Art_Bears



Live 1
Riddle
First thing first
Winter force
The tube
Moers dancing Piers
On suicide
Maze, the dividing line

Live 2
The skeleton
Man & boy
Three wheel
The dance
The hermit
Little something
Alcohol


Témoignage brûlant, sans retenue, sans concession, d'actualité.

(liens dans le commentaire)

25.5.07

191 - loule sabronde - chanson exploratoire

Puisqu'il est est question de ça dans le billet juste en dessous, et plus particulièrement de la toute première résidence de printemps que nous avons organisée et encore plus exactement de Christophe RUHLES qui sera présent au festival, pour une restitution particulièrement attendue (au vu de ce qu'il a apporté au cours de cette semaine de mai), voici de quoi se faire une idée, en écoutant quelques chansons exploratoires de "loule sabronde", groupe aujourd'hui disparu.
Ce qui n'est pas une raison pour ne pas l'écouter... et ensuite imaginer quelque chose d'approchant et de différent.



4 titres en écoute ici, passant, n'attend pas !

190 - un temps d'absence


Pour cause de préparation et de retour (ce qui demande du temps).
De retour bientôt, en passant, pour d'autres instants de passage.

17.5.07

189 - Stop the big brother state




« Nos sociétés occidentales prétendent être des démocraties libérales, mais nos leaders essaient d’imposer des lois de plus en plus répressives et instrumentalisent la peur publique du terrorisme pour les justifier. »

Téléchargez la vidéo Stop the big brother state

188 - L'automne de Sibérie




150 000 exemplaires du magnifique objet-livre de WOZNIAK accompagné par l'alboume des 23 titres de Manu CHAO.
Publié en ce début d'automne 2004
Dans toutes les librairies
Faisant suite à une première publication raccourcie en kiosque
A écouter par ce temps d'automne de ce mai frileux
Qui a peur de son ombre






A écouter donc les 23 chansons
d'un autre temps
déjà loin

(lien dans le commentaire)

13.5.07

187 - des "ballads" radicales et libres



Un alboume de trouvailles sonores, d'improvisation, de dissonances et de poésie.
Libre d'ivresses sonores, de jeu, de musique.
Parfois les oreilles doivent être un peu forcées, juste ce qu'il faut pour enfin entendre.

En-tendre la déconstruction.
Alboume jouissif.




(lien dans le commentaire)

186 - Etape 16 : VA Potlatch d'attente...

1 Eric TRUFFAZ Ed HARCOURT Red Cloud
2 Serge ADAM Regis HUBY IF
3 Stepah MICUS Passing cloud
4 John GREAVES How beautiful you are
5 Patricia BARBER I could eat your words
6 Vincent COURTOIS Jeanne ADDED I carry your heart
7 Tony HYMAS Crazy horse
8 Wolfgang PUSCHNIG Linda SHARROCK Neko ipak mora
9 CAROLINE Ed l'épicier Alice R
10 Lars HOLLMER Dron
11 Julie TIPPETS Man of a child
12 Paul MOTIAN Bill FRISEL Joe LOVANO In remembrance of things past
13 Eric TRUFFAZ CHRISTOPHE L'un dans l'autre



Une belle lueur je mange tes mots tu portes mon coeur
Tenter d'établir une classification des nuages ne sera pas impossible tous passent au dessus de nous découpent la lumière tombent à terre
J'ai tendu d'immenses pièges pour en sauver certains pour scruter les sombres et m'en faire des habits de brume qui recouvrent toutes choses lointaines et si proches
Cachent tous les éclats des paroles éparses et dissipées celles qui s'accrochent encore dans les replis de soie des eaux légères qui laissent glisser sur ma peau la couleur du métal irisé et d'acier
Sans eux pas d'infinis
De nouvelles voies d'autres trajets des pentes douces des airs soudains
Des petits riens des mots graciles des notes fragiles des obstacles pour la sérénité des pas pour cheminer des sentes empruntées des voix pour aimer
Nous aurons encore le temps de mettre tous nos beaux chapeaux nos plus belles chemises pour accompagner sur ces voies passées tous les amis jamais oubliés
Fuir les lignes dures échapper aux lignes souples retrouver la ligne de fuite celle où tout se retrouve Là où nous serons là où je vais
Là où j'attends penché et patient
Déserteur du présent éclaireur de l'intonation
Loin très loin invisible dans mon habit de brume qu'un souffle léger dilue
En attente d'une respiration à plusieurs temps
La symphonie des vents
Complices
Pousseurs de nuages
Chemins de halages
Notre seule ligne de fuite

(lien dans le commentaire)

6.5.07

184 - Piano solo (vs dimanche déchu)

Avec ce nouveau disque en solo, Christofer Bjurström s’impose discrètement comme un des pianistes les plus passionnants du moment.
Nous l’avions découvert à travers le disque paru en 2005, un duo subtil avec le clarinettiste Christophe Rocher. Des qualités ressenties et confirmées lors d’un très beau concert du duo à l’Europa Jazz festival du Mans au printemps 2006.
Aujourd’hui, ce disque tout simplement intitulé Piano Solo s’est ajouté comme une évidence à la liste des favoris pour l’année 2006.

On y trouve tous les ingrédients qui peuvent capter l’attention de l’auditeur, le surprendre sans le brusquer, l’accrocher par une sensiblité à fleur de peau, sans facilités ni mièvrerie. Ce piano solo, jamais démonstratif, reflète une qualité du toucher assez rare dans un univers unique aux confins du jazz et des musiques improvisées. Christofer Bjurström joue avec le silence, les silences, sans pour autant diluer un discours souvent inspiré par des mélodies simples et pures, chansons de nulle part entre les souvenirs de la Suède natale et les couleurs du Finistère où il réside.

Ce pianiste joue avec le coeur et cette sensibilité se dévoile lentement au fil de l’écoute (Sur un fil), dans la succession de titres tout aussi poétiques les uns que les autres, avec, perle rare, la mélodie fragile de La clarté de ton regard ou le développement gentiment cahotique de Louons les hommes célèbres, composition en forme d’hymne destructuré. On note aussi, ici comme en concert, une science très personnelle pour faire vivre et vibrer le piano tout entier (Aube immobile).

Le disque se clôt magistralement avec "Prends soin de toi" où le piano préparé ajoute délicatement des sonorités percussives à une mélodie qui n’est pas sans rappeler le Keith Jarrett de la première heure.
On ne peut conclure sans signaler la qualité de la réalisation de ce disque : une pochette en parfaite adéquation avec le contenu musical (une sorte d’abstraction du réel) et la prise de son sublime des enregistrements réalisés chez Gérard de Haro, au studio La Buissonne.

Thierry Giard
culture jazz





Bande son (et des titres) pour un dimanche déchu

1/ Sur un fil.
2/ Un monde à leur image
3/ La clarté de ton regard
4/ Chasseur solitaire
5/ Point chaud
6/ Deux ou trois choses
7/ Quelques pas vers l’oubli
8/ Louons les hommes célèbres
9/ Aube immobile
10/ Prends soin de toi.

Nous passerons donc par la case Berlusconi - Aznar - Bush... Prenez soin de vous.

(lien dans le commentaire)

183 - Alors, vous allez vraiment faire ça ?

Vous les plus purs que d’autres, les plus intelligents que d’autres, vous les plus subtils, vous les cohérents, vous les fins stratèges, vous allez faire ça ? Vous, les à qui on ne la fait plus, les durs du cuir, vous allez vraiment, en ne votant pas pour elle, voter pour lui ?

Vous allez vraiment faire ça ? Vous allez le faire ?

Vous, les vrais de vrais de la gauche vraie, vous allez faire ça ? Pour cinq ans ! Pour cinq ans, peut-être dix, vous allez faire ça ?

Vous, les toujours déçus de tout, vous les amers, les indécis décidés, les laves plus blancs que blanc vous allez faire ça ?

Mais pourquoi ? Parce que quoi ? Parce que jupe ? Parce que talons hauts ? Parce que voix ? Parce que sourire, cheveux, boucles d’oreilles ? Parce que vraie ?

Il n’y a rien qui vous aille dans son programme à elle, rien ? Pas cinquante propositions sur les cents ? Pas vingt ? Pas dix ? Pas une ? Vraiment, rien du tout ? Trop de quoi ? Pas assez de quoi ?

Pas assez à gauche ? On voudrait, quitte à tout perdre, une campagne à gauche toute ?
Mais même l’extrême gauche, cette fois-ci, au deuxième tour ne joue plus à ce jeu-là. Peu importe, vous, vous allez y jouer ?

Le résultat du 21 avril 2002 ne suffit pas ? Non. On le refait en 2007, mais en mieux. Pas au premier tour, non, carrément au deuxième. C’est plus chic.

Que ceux qui ressemblent à Nicolas Sarkozy, ou qui croient qu’il leur ressemble, que ceux-là votent pour lui, quoi de plus normal. Que ceux qui lui font sincèrement confiance pour améliorer leurs dures vies, que ceux-là l’acclament et votent pour lui, quoi de plus normal. C’est même estimable.

Que les grands patrons votent Nicolas Sarkozy, pas tous d’ailleurs, loin s’en faut, non, mais par exemple les grands patrons de presse, qu’on a vu si nombreux, si heureux, à Bercy avant hier, qu’ils votent pour leur copain, qui va vraiment améliorer leurs belles vies, c’est moins estimable, mais quoi de plus normal ?

Mais vous, une respiration possible, un air nouveau, un espace de travail politique, une chance espiègle, ça ne vous dit rien ? Vraiment rien ? Mais qu’est-ce qui vous fait si peur ?
Les Italiens ont enfin chassé Berlusconi, les Espagnols, après une grande douleur révélatrice, se sont débarrassés d’Aznar, et voilà que nous, à quelques milliers de voix près, nous allons repasser le plat de la droite dure ?

Il y a un pari à prendre contre une certitude sombre, et vous ne pariez pas ?
Quels désirs obscurs allez-vous satisfaire ? De qui donc, de quoi êtes-vous secrètement solidaires ? Ce ne peut-être du bien de ceux qui ont besoin, vitalement, de mieux être. Vitalement. Maintenant.

Supporterez-vous dimanche soir d’apprendre qu’il lui a manqué une voix ? Une seule. La vôtre.
Je vous en supplie.

Ariane Mnouchkine