30.11.07

272 - P 26, furie et silence

Vaguement lié à la contemplation de l’horizon offert, et en même subjugué par les déplacements des fulgurances lumineuses nocturnes en face interne de mes paupières, je cherche des chocs étroits et proches. Coups de hache, bois fendu, copeaux, éclats, grumes et scies.

J’ai soudé mes sens
Accrochés à une étoile qui file.
Innocent.
J’assiste ébahi et stupéfait à la diffusion de ce parfum suave qui accompagne les poussières.
Mesure la force de traînée lumineuse qui statufie les corps composés.
La chute de la lumière reste un spectacle total
Les dernières lueurs sont toujours silencieuses.
Ecouter la lumière.
Entendre la lueur.
Pas la dernière.
Celle d’après.

Je ne (te) vois que dans l’obscurité.

Décomptez-moi. Diminuez la quantité d’une unité. Respectez les quotas. Certains doivent pouvoir ne pas appartenir. Rester entre deux eaux, deux mondes, l’un assoupi, l’autre qui frémit ou bouillonne.

Etre dans la vie, se tenir en dehors, attentif. Entier et partagé. Il n’y a qu’une étoile dans mes nuits, il n’y a qu’une nuit pour les étoiles.

La lumière, juste une idée, pour qui vit sous les eaux vives. Si le silence s’absente, c’est encore du silence. Si la vie se retire, c’est aussi la vie. Mais les étoiles ? Mêmes mortes, elles sont encore lumineuses. Le souvenir de l’étoile nous illumine autant.

Je chute des lointaines contrées, je chemine sur ma voie toute tracée, arc de lumière sombre et plate. Je resterai ce trait lumineux aussi longtemps que tu seras stupéfait et ébahi. Je franchirais aussi les abysses. Même ton repos dans les eaux mortes sera lumineux. Et tu ne sais encore rien des bruits des infrarouges. Des musiques qui bougent. Rouge sang. Poussière de lumière, clartés obscures, traits dans le noir. Ondes et brouillards.

J’entends les silences alentour et les présences lointaines
Les puissances sereines.
Mes âmes et mes peines.


1 EXTENZ'O – Jatropha I
2
Benat ACHIARY Ramon LOPEZ Philippe De EZCURRA – Dos hermanos
3
CAMISETAS – No radio 4
4 4 WALLS – Fine Wather (Poem by Ho Chi Mihn)
5
Franck VIGROUX – Et j'ai vu dans le miroir
6 ART ENSEMBLE OF CHICAGO – Promenade Cote Bamako II
7
Bijan CHEMIRANI & Ross DALY - Gulistan
8
Mari BOINE - Mu Ustit, Engeliid Sogalas
9
CHALARAMBIDES – Do you see
10
Marc RIBOT's Ceramic Dog – I found a love
11
SVALASTOG – White oak white pine
12
Corrina REPP – I'll walk you out
13 SUSANNA & The Magical Orchestra – Love will tear us appart
14
Bugge WESSELTOFT - Yoyk
15
Jean-Louis MURAT - Dordogne

(lien dans le commentaire)

271 - Death Ambient "Drunken Forest"


Fermez tout. Débranchez le téléphone et toutes les autres sources possibles de parasitage. Il n’est pas question de vous laisser distraire, dans le sens où l’industrie de la « distraction » a terriblement réussi à atteindre son but : détruire le sens même de la beauté.

De l’émerveillement.

De la surprise.

Depuis quand, déjà, avez-vous été secoué par une aventure culturelle, sensorielle, esthétique et populaire ?

Si vous traînez vos bottes par ici, vous pouvez noter que parfois, je me laisse aller.

C’est humain.

Je ne suis pas une vigie seule dans sa tour (un peu quand même), je n’ai pas la prétention de désigner et donc d’éliminer (sauf que j’adorerais éliminer parfois ce qui justement relève de la distraction, de cette manière de nous faire détourner nos sens de l’essentiel pour mieux nous envahir avec ce qui nous asservi, nous transforme en animal docile et terriblement prévisible). Je n’ai que parfois des intuitions, des frissons épidermiques et des visions d’astres épinglés au firmament, les nuits d’insomnies.

Prétentieux, tout cela, hein ? Oui, terriblement prétentieux, et je ne suis pas enclin à en rabattre.

Car là, il est question d’un astre. Celui de « Death Ambient ».

« Drunken Forest » est le 3° alboume de ces défricheurs sonores. Oui, il reste encore tellement de territoires encore inexplorés, que lorsque des étoiles sonores viennent ainsi transpercer nos chairs, nous ne pouvons que leur reconnaître au moins une qualité élémentaire, tellurique et vitale, celle d’être des vigies potentiellement dangereuses pour « l’ordre des choses » : cet ordre que les marchands de distraction tentent de maintenir coûte que coûte, au service d’intérêts avilissants. La dernière tentative de cadenasser internet n’en est que plus flagrante.

Foncez acheter cet alboume et les autres. Dites à vos proches que vous partez. Invitez les à partager ce voyage.

Fermez tout. Pour mieux vous laisser envahir par ces nappes, ces sons, ces boucles, ces mélanges, ces paysages, …


Personnel:

Fred Frith: Electric Guitar
Ikue Mori: Laptop Computer
Kato Hideki: Acoustic And Electric Bass, Acoustic Guitar, Analog Synthesizer, Violin, Banjo, Mandolin, Accordion, Ukelele, Electric And Lap Steel Guitar, Vocals, Soprano And Alto Recorder, Glasses, Ice And Water /
Special invité :
Jim Pugliese: Percussion

15.11.07

270 - de la guitare


1. Frozen Gtr
2. The Shape Is In A Trance
3. Honest James
4. Silver Blue
5. Fri/End
6. American Coffin
7. Wonderful Witches
8. Off Work
9. Never Light
10. Free Noise Among Friends
11. Trees Outside The Academy
12. Thurston@13

Je ne comprends pas les paroles, mais musicalement, c'est très bien.
Ceci est une non-critique.
Pas besoin.
Vous trouverez partout sur internet de bien meilleures appréciations que celles que je pourrais tenter de vous infliger.
Non, ne croyez pas que je vire "noisy" et "bruitiste", c'est seulement que j'aime vraiment beaucoup cet alboume.
Et qu'il n'est pas "noisy".
Après 30 ans d'underground punk et noisy, voici une "délicate" surprise, où le guitariste emblématique de la scène "bruitiste" nous offre des "mélodies" biscornues fluides.
Allez comprendre.

Et nous avons bien besoin de mélodies, même biscornues, pour supporter toute la boue actuelle qui voudrait nous faire croire que c'est comme ça, maintenant, et éternellement.
Le "rêve" des tyrans d'hier est en voie de se réaliser aujourd'hui.
Depuis les salades de la "fin de l'histoire", qui n'est que la théorisation de la soumission à un système dont on nous dit qu'il est le seul, l'unique, (et que toute résistance est inutile, vu qu'il est le seul), nous assistons aux mêmes mensonges que ceux proférés par les tyrans qui rêvaient d'un royaume pour 1000 ans.

(non, non, ceci n'est pas un blog "politique", juste une piqure de rappel à destination de mon humble personne. Comme vous devez être 10 personnes à parfois fréquenter ce lieu, je reste presque dans les limites du journal très perso. Allez, j'aime beaucoup cette phrase : "Veuillez cesser toute résistance", c'est celle que l'on nous serine tous les jours, partout, sous toutes les formes, et par tous les canaux possibles.)

(lien dans le commentaire)

269 - Karl KRAUS, à relire d'urgence.


"Ne pas avoir d'idées et savoir les exprimer: c'est ce qui fait le journaliste".

Les faits mis en scène ici par Karl Kraus se sont réellement produits ; les conversations les plus invraisemblables ont été tenues mot pour mot ; les inventions les plus criardes sont des citations ; les récits prennent vie sous forme de personnages, les personnages dépérissent sous forme d’éditorial ; la chronique a reçu une bouche qui la profère en monologues, de grandes phrases sont plantées sur deux jambes – bien des hommes n’en ont plus qu’une. Quiconque a les nerfs fragiles, bien qu’assez solides pour endurer cette époque, qu’il se retire du spectacle.

« Au secours, les tués ! Assistez-moi, que je ne sois pas obligé de vivre parmi des hommes qui, par ambition démesurée, ont ordonné que des cœurs cessent de battre, que des mères aient des cheveux blancs ! Revenez ! Demandez-leur ce qu’ils ont fait de vous ! Ce qu’ils ont fait quand vous souffriez par leur faute avant de mourir par leur faute ! Cadavres en armes, formez les rangs et hantez leur sommeil. Avancez ! Avance, cher partisan de l’esprit, et réclame-leur ta chère tête ! Avance pour leur dire où tu es et comment c’est là-bas, dis-leur que tu ne voulais plus jamais te laisser utiliser pour ça ! Et toi là-bas, avec ce visage défiguré à ton dernier instant, lorsque sur ordre la bête sauvage, l’écume aux lèvres, se précipita sur toi — avance ! Ce n’est pas votre mort — c’est votre vie que je veux venger sur ceux qui vous l’ont infligée ! J’ai dessiné les ombres qu’ils sont et qu’ils voulaient par esprit de mensonge transformer en apparence ! Je les ai dépecés de leur chair ! Mais les pensées nées de leur bêtise, les sentiments nés de leur malignité, l’effroyable rythme de leur inexistence, je les ai affublés de corps et je les laisse se mouvoir ! Si on avait conservé les voix de cette époque, la vérité extérieure aurait démenti la vérité intérieure, et l’oreille n’aurait reconnu ni l’une ni l’autre. J’ai sauvegardé la substance, et mon oreille a découvert la résonance des actes, mon œil le geste des discours, et ma voix, chaque fois qu’elle citait, a retenu la note fondamentale, jusqu’à la fin des jours. »

"Karl Kraus, fondateur de la revue satirique Die Fackel (Le Flambeau), a consacré sa vie à analyser le langage et les effets néfastes du journalisme de son époque. Témoin des abus et déviances de ce qu’il appelle, non sans ironie, la liberté de la presse, il a mené une lutte sans fin contre les représentants de ce nouveau visage de la tyrannie. Contestataire acharné de cette forme moderne d’immunité, il a été le spectateur des pires ignominies commises au nom de la liberté.

Les Derniers jours de l’humanité rendent compte de l’odieuse corruption des journalistes pendant la Première Guerre mondiale. Que la guerre soit le paroxysme de la barbarie, Karl Kraus n’en doute pas un instant, mais à ça s’ajoutent la représentation que l’on en fait et sa formalisation verbale. Les Derniers jours de l’humanité sont une tragédie construite à partir de l’information, incontestablement partiale et mensongère puisque pro-militariste, produite entre 1914 et 1918, qui mena, selon Karl Kraus, la civilisation à l’apocalypse et participa au déclin du monde.

L’omniprésence, quasi obsessionnelle, des citations musicales, la foultitude des personnages dont la fonction sociale prime sur l’aspect psychologique rappellent la structure des drames expressionnistes. La cacophonie infernale qui régente l’ensemble de la pièce est à l’image de la société que Kraus entend dénoncer. Une voix cependant émerge difficilement de ce tohu-bohu, celle du dément qui vient démonter le mécanisme de la mascarade : « Je prévois que la folie du jusqu’au-boutisme et la misérable fierté d’infliger des pertes aux autres, que cet état mental pervers d’une société qui respire l’air d’une gloire factice et qui se nourrit d’illusions sur elle-même, laissera en héritage une Allemagne estropiée ! » Cette prophétie, puisque proférée par un personnage déclaré fou par la société, n’est pas entendue. C’est celle d’un auteur isolé, qui sans cesse a tenté de prévenir ses concitoyens du gouffre économique, social et démographique qui attendait l’Allemagne et l’Autriche au sortir de la guerre. Mais la puissance et l’hégémonie de la presse ont déjà abâtardi l’ensemble de la population en brossant le tableau d’une guerre en dentelles : « Combien est différent le héros qu’on a en face de soi dans cette guerre mondiale. Ce sont des gens enclins aux plaisanteries les plus inoffensives, qui ont un doux penchant pour le chocolat chaud à la crème. » Propos édifiants que l’auteur n’a pourtant pas inventés !

Karl Kraus fut le précurseur de Brecht ; on y retrouve ce goût pour les grandes fresques allégoriques qui donnent à réfléchir sur l’état de la société et qui, il faut le reconnaître, sont parfois un peu indigestes à la lecture. Il fut surtout un visionnaire génial, observant dès 1922 le rôle pervers d’un certain type de journalisme qui gave l’opinion publique d’informations soit erronées, soit superficielles. La télévision et son incontournable journal de 20 heures n’existaient pas encore !"
Cécile Casanova
Chronic'art, 05/2000




Rédigée de début mai à septembre 1933, la Troisième nuit de Walpurgis analyse l’installation du nazisme dans les esprits. Pour la première fois traduit en français, ce livre dense et labyrinthique travaille, sous la surface, des événements qui échappent à l’attention de l’historien ; Kraus convoque la littérature et la poésie pour débusquer les responsabilités de ceux qui ont accepté et même demandé le sacrifice de l’intellect au service de la propagande, préparant librement le terrain à l’ensevelissement de l’humanité. La vie de l’écrivain et journaliste viennois Karl Kraus (1874–1936) se confond avec l’infatigable bataille qu’il mena dans sa revue Die Fackel (Le Flambeau) contre la corruption de la langue et donc de la morale.

On sait que l’auteur de la Troisième nuit de Walpurgis a, non seulement pour la documentation qu’il utilise dans le livre mais également pour les jugements qu’il formule sur le nazisme, fait des emprunts importants à des périodiques allemands, y compris ceux qui paraissaient depuis 1933 en exil, en particulier Das Neue Tage-Buch, qui avait émigré de Berlin à Paris. Sur le rapport que les nazis et les intellectuels qui les approuvent entretiennent avec la littérature et la culture allemandes, Karl Kraus et Friedrich Roth sont évidemment en complet accord et dénoncent le même genre de trahison complète. Dans un article paru en 1934 à Prague, Roth écrit : « Même si l’on entretient les tombes de Lessing et de Schiller dans les cimetières, on n’en est pas pour autant, et de loin, les héritiers de Lessing et de Schiller. L’Acropole se dresse encore à Athènes. Il ne vient à personne l’idée de prétendre que le Parlement grec d’aujourd’hui est l’héritier de l’agora. Pourquoi accorder à l’Allemagne actuelle le crédit que lui vaudraient ses ancêtres depuis longtemps reniés par elle, pis encore : falsifiés à force de mensonges ? Un peuple dont Goebbels devient le Lessing a encore moins de parenté avec la vieille Allemagne que les Nouveaux-Hellènes avec Agamemnon ! »
Ce serait cependant une erreur complète de supposer que le problème principal, aux yeux de Kraus, est la défense de la culture menacée par l’espèce de retour à la préhistoire qui est en train de s’effectuer. Ce qui devrait susciter en premier lieu la protestation des représentants de l’esprit n’est pas ce qui est sacrifié dans l’ordre de la culture, mais les souffrances physiques et morales provoquées et les pertes en vies humaines. Kraus n’a pas de mots assez durs pour les intellectuels, incapables une fois de plus de se sentir concernés par autre chose que leurs propres affaires, et les journalistes qui se mobilisent pour la défense de biens culturels qu’ils ont contribué plus que n’importe qui d’autre à dévaloriser.
Les intellectuels qui se sont ralliés au nouveau régime acceptent sans états d’âme l’idée qu’un bouleversement révolutionnaire comme celui qui est en cours ne peut pas s’effectuer sans que le sang coule et qu’il y ait des morts. Officiellement, bien sûr, aucune violence n’est commise, mais en même temps on concède qu’il n’y a jamais eu de révolution sans que quelques excès regrettables soient commis. Selon une déclaration faite à la radio que cite Kraus (c’est évidemment lui qui souligne), « si […] l’on étudie la révolution allemande, on ne doit pas se laisser conduire par certains actes de violence qui ont eu lieu à des conclusions fausses. Dans toute révolution le peuple perd la maîtrise de soi et des actions dépourvues de sens sont commises. N’avons-nous pas vu un bon nombre de méfaits de cette sorte pendant la Révolution française, mais également pendant l’insurrection américaine ? Le soulèvement de la nation sous la conduite de Hitler est une grande et authentique révolution ».

« Kraus n’a pas de mots assez durs pour les intellectuels, incapables une fois de plus de se sentir concernés par autre chose que leurs propres affaires, et les journalistes qui se mobilisent pour la défense de biens culturels qu’ils ont contribué plus que n’importe qui d’autre à dévaloriser. »

La réponse de Kraus à la dernière affirmation est, comme on pouvait s’y attendre : « Justement non ! » Il s’agit de tout ce qu’on veut sauf d’une révolution. Mais la terreur est, pour sa part, bien réelle et a pris une forme qui n’avait encore jamais été observée auparavant. Kraus se scandalise qu’un bon nombre d’intellectuels n’aient pas flairé immédiatement l’escroquerie, mais également que ceux d’entre eux qui ont été capables de le faire se méprennent aussi souvent sur ce qui est le plus grave et le plus intolérable. Quand ils proclament leur hostilité au nazisme, ils ont malheureusement tendance à minimiser, eux aussi, de façon narcissique, la réalité de la violence, sous sa forme la plus élémentaire, et à s’indigner beaucoup plus des torts causés à la culture que des vies humaines détruites. Kraus défend, sur ce point, une position qui, même s’il passe généralement pour un défenseur intransigeant et exclusif des acquis de la grande culture, ne devrait pas surprendre, puisqu’elle était déjà la sienne à l’époque de la Première Guerre mondiale : la valeur qui passe avant toutes les autres et dont un intellectuel ne peut en aucun cas s’arroger le droit de disposer est la vie humaine, y compris et même, d’une certaine façon, surtout celle des plus humbles. Cela résulte du fait que, comme il le dit, les existences même les moins intellectuelles, quand elles sont victimes de la violence, ont plus de rapport avec la vie de l’esprit que ce qui subsiste des affaires de l’esprit.

Jacques Bouveresse
(extrait de la préface à la Troisième nuit de Walpurgis)



Troisième nuit de Walpurgis

Et si surtout la perte de la culture n’était pas achetée au prix de vies humaines ! La moindre d’entre elles, ne serait-ce même qu’une heure arrachée à la plus misérable des existences, vaut bien une bibliothèque brûlée. L’industrie intellectuelle bourgeoise se berce d’ivresse jusque dans l’effondrement lorsqu’elle accorde plus de place dans les journaux à ses pertes spécifiques qu’aux martyres des anonymes, aux souffrances du monde ouvrier, dont la valeur d’existence se prouve de façon indestructible dans la lutte et l’entraide, à côté d’une industrie qui remplace la solidarité par la sensation et qui, aussi vrai que la propagande sur les horreurs est une propagande de la vérité, est encore capable de mentir avec elle. Le journalisme, qui juge mal de la place à accorder aux phénomènes de la vie, ne se doute pas que l’existence privée, comme victime de la violence, est plus près de l’esprit que tous les déboires du négoce intellectuel. Et surtout cet univers calamiteux qui occupe désormais tout l’horizon de notre journalisme culturel jusqu’à héroïser des théâtreux magouilleurs, jusqu’à se livrer à une analyse en profondeur de la psyché des bailleurs de fonds. Le journal de 6 heures lutte pour la libération de l’Autriche, mais sait-on ce que fera Otto Preminger en automne ? Alors qu’on est sur le point d’être avalé par un dragon, on se pose la question de savoir si le festival de Pallenberg sera parfait. Si, autour de la charlatanerie de quelqu’un qui n’a rien à dire, les murmures sur le « génie du Führer » deviennent de plus en plus ardents, c’est peut être qu’il y a un besoin pressant de trouver un ersatz pour ce que la foi aryenne a trouvé dans la mise en scène de Hitler. Mais il est quand même tragique que l’on puisse être détourné de ses effets par de telles niaiseries. Maintenant, les journaleux de la culture ont trouvé une activité annexe qui paie bien : ils sont parvenus à réunir les sphères et à donner aux bavardages de coulisse une perspective politique. La surestimation de ce bien vital, que l’on croyait déjà parvenue au zénith de toutes les possibilités, se révèle encore de façon particulière par confrontation avec le Troisième Reich : celui qui a fait faillite là-bas perd la surévaluation de son talent, et ceux qui, par renversement, jouent les gardiens de la race ne manquent pas non plus de culot. Ce procédé d’un journalisme dont la spécificité résisterait à toutes les mises au pas est développé jusqu’à l’intronisation dans des affaires de concurrence les plus visqueuses et jusqu’au montage de ces fameuses cabales d’affaires qui d’ordinaire n’étaient destinées qu’après coup à notre diète intellectuelle. Les gens en vue, qui rampent là où ils trouvent gage et critique, ne changent pas de conviction mais se recommandent de celle qu’adoptent leurs supérieurs, directeurs et journalistes ; et il est certain que le bouleversement de la situation de la culture, à côté de la médiocrité autrefois soutenue par la presse et maintenant par la race, à côté de la canaille qui se costume maintenant en plein jour pour enlever des rôles à des collègues, a aussi touché ceux qui montraient plus de courage et de dévouement que bien des professionnels qui vivent de leurs ennuis. Même si une hardie force de décision ne lui avait pas ravi son effet d’annonce et l’avait au contraire augmenté à la puissance dix, le journalisme ne serait à la hauteur d’aucune catastrophe car il est lié à toutes. Sa réclamation sur un patrimoine culturel altéré, qui détourne foncièrement de l’essentiel, se fonde sur la notion d’une solidarité où l’humanité est réduite à l’appartenance. Mais vu l’ampleur de la calamité qui s’est abattue sur les participants de professions exposées à moins de problèmes, face à la misère et la mort, face à l’extermination de tant d’existences sociales et physiques, le dommage culturel disparaît et ne redevient considérable que par la méthode et l’essor de ceux qui se sortent de tout, par l’horreur du dédommagement dans cette révolte des petits comparses et des dilettantes. Que signifie donc, face à la fête nationale de la journée du boycott, cette mascarade d’autodafé qui était sûre de récolter un grand éclat de rire de la part de l’Europe, même s’il le devait plus à la méthode ou à l’insuccès qu’à la barbarie des bourreaux ou à la publicité ainsi faite pour les victimes ! Elle était bien propre à apostropher le pathos des collègues et même des personnes concernées. Pourtant, la façon dont la littérature qui est passée à travers a profité de la panique ; la façon dont elle a tiré des leçons du tort fait aux autres; comment elle a tout fait pour persister dans le déshonneur – voilà qui pourrait amener l’instinct des vandales (s’il n’était pas aussi abandonné de Dieu que proche de la nature) à soupçonner qu’il n’a pas attrapé les bons. Ce qu’ont osé affirmer les intellectuels contre un malheur qui frappait bien plus qu’eux-mêmes n’était que la crainte du chat échaudé ou pas encore échaudé. Les personnalités qui, par profession, expriment plus souvent un point de vue qu’elles n’en ont, ont toujours occupé un espace public plus large que celui qui correspondait au besoin social. Cela devient plus fâcheux quand l’expression fait défaut, alors qu’elle serait indispensable, quand il y a suspicion de partialité secrète et de lâcheté publique et qu’il faut ensuite produire des explications qui brouillent ce qui est ambigu…

Karl Kraus
(extrait de la Troisième nuit de Walpurgis)


Disponibles aux éditions AGONE. N'hésitez pas.

14.11.07

268 - Le bleu de PART TIMER


Blue + out of the blue (bonus)

Le minimalisme reste un mystère. Comment des voix, une guitare, quelques boucles légères et vaporeuses peuvent à ce point nous émouvoir, nous toucher, atteindre cette part éternelle de nous qui reste immuable ?

La sublime ligne de démarcation entre la composition solitaire uniquement acoustique et les si délicates (car déchirantes) manipulations électroniques disparaît dans les souvenirs lointains des matins de printemps. Oui, ceux de jadis, dans tous ces enregistrements égarés qui maintiennent notre nostalgie sous la surface de la peau, à exactement un dixième de millimètre du possible incertain.

Cet alboume est fait pour les rêveurs et les dormeuses.

(lien dans le commentaire)

267 - Potlatch 25, 1/4 de cent, c'est décent.

1 VOLAPÜK – Valse Chinoise
2
Patrick WATSON – Bright Shiny Lights
3
HALF ASLEEP – Secret Side
4
Lou RHODES – They Say
5
Susanne ABBUEHL & Stephan OLIVA – Lonely Woman
6
Stephan OLIVA – La Traversée
7
Erik FRIEDLANDER & Roberto DANI – Night ; Train
8
ORANGE BLOSSOM - Yazaman
9
David SYLVIAN - Words With The Shaman, Part 1 Ancient Evening
10
Patrick WATSON – Luscious Life
11
Cat POWER - Names
12
COWBOYS JUNKIES – Working on a Building
13
Robert WYATT – Stay Tuned
14
Sidsel ENDRESEN – Travelling Still
15
PJ HARVEY – Dear Darkness


En exergue.

Je ne suis pas aveuglé.
Mais ébloui.
Totalement.
Les yeux plissés.
Presque entièrement fermés.
Ne discernant que l’ombre
La silhouette.
Et toi.
Toute toi.

Mise en exergue.

Carton découpé.
Pâte à papier.
Support.
Verbe.

Dessiner les contours.
De la silhouette.
Cisailler la lumière, petite ombre lente.
Ombrelle.

Tailler des éclats.
Perdre la vue.

Mise à plat.
Sur la feuille.
Au fusain.
Pour les traits.

Du parfum.
Qui claque.

Des matins.
Des destins.
Des lointains.

Mise en sac.
Des vies.
De toutes les nuits.
Mise en vrac.
Dans les nuits.
Des vies.
De la vie.

Le parfum précède la fleur.
L’idée la rumeur.
La parole la douleur.
Le bonheur.

Je trouve des noms, des instants.

Choisir et partir.
Devenir de partir.
Partir et revenir, s’en aller.

Tourner, valser.

(liens dans le commentaire)

266 - Ô très grand Lilliput (annonce, en passant)


Voilà, c'est samedi.
Nos amis de Toulouse "montent" (ils y sont déjà en résidence) au village.
Ce sera fête au village.
Après une intro dans "l'Urgence", ce sera vin chaud et repas.
Puis concert.
Nous avons besoin de nous retrouver.
Ces temps-ci.
Fait froid.
D'où le fait de se réchauffer.

12.11.07

265 - Un lit, de chaux

Les complices sur cet alboume :

Mathieu Chedid, Youri Buenaventura, John Greaves, Mino Malan, Arnaud Méthivier, Nicolas Pabiot, Gérald Toto, Isabelle Lemaitre-Kanche, Vincent Ségal, Pierre Payant.

Et Marcel KANCHE était déjà présent par ici, en passant.

Bonus : un aperçu, des mots, des sons, des espaces différents, attention, sons.

Message assez décousu, mais nerveux. Le nerf de la vie.

(lien dans le commentaire)

11.11.07

264 - Matin brun



Voici la version sonore, lue par Jacques BONNAFFE et Denis PODALYDES.

(lien dans le commentaire)

9.11.07

263 - Donc (ainsi) j'écris (voilà, c'est ainsi). Ainsi chante Sidsel Endresen

Sidsel ENDRESEN vocal
Nils Petter MOLVAER trumpet, fluegelhorn, percussion
Django BATES piano
Jon CHRISTENSEN percussion

So I Write
This Is The Movie
Dreamland
Words
Mirror Images
Spring
Truth
Horses In Rain

1990. Et déjà Sidsel place son univers vocal total, inouï, unique. Inutile de chercher une "filiation", il n'y en a pas.
C'est réellement unique.
Et magique.

(lien dans le commentaire)

6.11.07

262 - Sea Song



1974
Depuis 1974, il existe une chanson, la plus belle déclaration de vie au monde.
Et c'est l'immense Robert qui en est l'auteur.
Un géant.

You look different every time you come
From the foam-crested brine
Your skin shining softly in the moonlight
Partly fish, partly porpoise, partly baby sperm whale
Am I yours? Are you mine to play with?
Joking apart - when you're drunk you're terrific when you're drunk
I like you mostly late at night you're quite alright
But I can't understand the different you in the morning
When it's time to play at being human for a while please smile!
You'll be different in the spring, I know
You're a seasonal beast like the starfish that drift in with the tide
So until your your blood runs to meet the next full moon
You're madness fits in nicely with my own
Your lunacy fits neatly with my own, my very own
We're not alone

261 - Free will and testament



Given free will but within certain limitations,
I cannot will myself to limitless mutations,
I cannot know what I would be if I were not me,
I can only guess me.

So when I say that I know me, how can I know that?
What kind of spider understands arachnophobia?
I have my senses and my sense of having senses.
Do I guide them? Or they me?

The weight of dust exceeds the weight of settled objects.
What can it mean, such gravity without a centre?
Is there freedom to un-be?
Is there freedom from will-to-be?

Sheer momentum makes us act this way or that way.
We just invent or just assume a motivation.
I would disperse, be disconnected. Is this possible?
What are soldiers without a foe?

Be in the air, but not be air, be in the no air.
Be on the loose, neither compacted nor suspended.
Neither born nor left to die.

Had I been free, I could have chosen not to be me.
Demented forces push me madly round a treadmill.
Demented forces push me madly round a treadmill.
Let me off please, I am so tired.
Let me off please, I am so very tired.

260 - Stay Tuned !



LA plus belle chanson préférée du moment.
Merci Anja.

In between
Lost in noise
Somewhere
Somewhere

In between
Got no choice
But to be here
Somewhere
Somewhere
If you can hear me
If you're still there

Stay tuned
There is more to come
Oh
Don't start searching
I'll get back
To you

Riding waves
Trying to reach
Somewhere
Somewhere

Cannot share
This moment with you
I'm particles
in the air
You can't see me
But i'm here
So if you can hear me
If you're still there

Stay tuned
There is more to come
Oh
Don't start searching

Stay tuned
There is more to come
Oh
Don't start searching
I'll get back to you
I'll get back to you
I'll get back to you

5.11.07

259 - She haunts my dreams, by Spain (but my dreams too)


6 ans.
6 ans après The Blue Moods of Spain, pur diamant sombre pour nos mélancolies post-ruptures des solitudes amoureuses et spirituelles, des béances nocturnes à écouter les cris glacés et silencieux des étoiles...
6 ans pour revenir hanter nos nuits
et offrir ce joyau
de raffinement
de sensualité
de dépression maitrisée

et de rêves hantés à jamais....

I'm Leaving You

Made up
My mind
Tonight I'm leaving you
No love
To find
Tonight I'm leaving you
Nothing to say
Nothing left you can do
Tonight I'm leaving you
Don't need
Your lies
Tonight, tonight I'm through
Don't want
Goodbyes
Tonight, tonight I'm through
You can hold on
You can, it's up to you
Tonight I'm leaving you
Tonight I'm leaving you

It's All Over

It's all over now
He knew from the start
It was in the way
She walked and the way she moved
It's all over now
She told him somehow
It was in the way
She softly turned her head
It's all over now
And now she’s free
Free to find another love
It's all over now
And when shes alone
She remembers her first love
From so long ago
It's all over now
How she thinks of him
And of what it would be like
If he were to call
It's all over now
And now shes free
Free to find another love

Before It All Went Wrong

There must be a way
To feel like I used to feel before
Before it all went wrong
Before I thought that love
Could never be
Before I felt your body
Next to me
There must be a way
To get back to where we were before
Before it all went wrong
Before I thought that love
Could never be
Before I felt your body
Next to me

Hoped and Prayed

In those days
I was all alone
I was all alone
In those days
I was all alone
I was all alone
I was all alone
Met a girl
And I hoped and prayed
That she wasn't the one
Met a girl
And I hoped and prayed
That she wasn't the one
That she wasn't the one
I hoped and prayed
That God wouldnt make
Her the one
In those days
Didn't know about love
Didn't know about love
In those days
Didn't know about love
Didn't know about love
Didn't know about love
Met a girl
But I turned her away
I was so young
Met a girl
But I turned her away
I was so young
I was so young
I hoped and prayed
That God wouldnt make
Her the one

Waiting For You To Come

It was love
Only love
Only love
Oh then why
Do I feel
So alone
Love
Only love
It's only love
I'm waiting for you to come
It was you
Only you
Only you
Oh then why
Did I cry
The whole night through
Love
Only love
It's only love
I'm waiting for you to come

Easy Lover

Easy lover
What are you trying to say
Made love now we have to pay
Easy lover
What are you trying to do
Made love now we'll see this through
Easy lover
What is there left to see
Easy lover
Now you know what it takes
To satisfy me
Easy lover
It ain't so easy now
Love just works this way somehow
Easy lover
You know it has to end
Now we can't remain just friends
Easy lover
What is there left to see
Easy lover
Now you know what it takes
To satisfy me

Bad Woman Blues

Some people say she is cursed
More trouble than she is worth
More trouble than she will ever be worth
I knew I could get away
Knew it wasn't good to stay
Knew it wouldn't ever be good to stay
I couldn't leave her if I tried
For I have touched her deep inside
Why can't these people understand
Why I am so sad, so sad
They ask me if I can see
She'll lead to the death of me
She'll lead someday to the death of me
But they may have overlooked
That I have become so hooked
That I have now become so hooked
I couldn't leave her if I tried
For I have touched her deep inside
Why can't these people understand
Why I am so sad, so sad

Nobody Has To Know

Nobody has to know
Girl we've fallen so in love
It was just a year ago
And you've kept it to yourself
Nobody has to know
Nobody has to know
Nobody has to know
Girl our love has grown so strong
Close the shades unplug the phone
How can our love be so wrong
Nobody has to know
Nobody has to know
Nobody has to know
Girl we've fallen so in love
It was just a year ago
And you've kept it to yourself
Nobody has to know
Nobody has to know

Every Time I Try

I want to hold you
But every time I try
Something keeps you
Out of reach
I want to love you
But every time I try
Something keeps
Love away
And I can feel it
So love me right now
Though it won't last
Girl don't make me try
‘Cause I'll lose you forever
Every time
Every time
And every time I try
To put our love out
Like a fire
You keep me in your reach
And every time I try
To throw away my desire
You hold me
So close
And I can feel it
So love me right now
Though it won't last
Girl don't make me try
‘Cause I'll lose you forever
Every time
Every time

Our Love Is Gonna Live Forever

Tonight's the night
That we're alone
So baby turn the lights down low
Girl our love is gonna live
Forever
All it took was just
One kiss
You're the one I'm gonna miss
Girl our love is gonna live
Forever
Soon we will be far apart
But girl you've gone and
Touched my heart
And tomorrow
I'm gonna love you
Just like I do today
Today


(lien dans le commentaire)

258 - Cher Bob, tu es comme l'air, l'eau... la vie.



Cet alboume de reprises de titres de Robert W n'est pas un "tribute" officiel d'une quelconque scène de Canterbury, celle dont est issue RW.

Nous sommes plus proche du collage aléatoire et surprenant, qui n’est pas sans ressembler aux toutes premières œuvres de Wyatt et de ses compères des tous débuts de Soft Machine, de ces collages pataphysiques et ritournelles animales qui allaient tant marquer les années à venir. Les ovnis musicaux sont là pour nous rappeler que notre condition humaine à besoin de l’eau, de l’air et de la vie que les artistes proposent à nos âmes pour nous aider à avancer.

Alors certains peuvent parfois trouver les interprétations déroutantes, voire surprenantes.

Les artistes présents appartiennent quand même à la scène des musiques « inclassables », « incernables », alors jouons le jeu. Pourquoi vouloir classer ce qui ne peut l'être.

A l’origine, ces musiques accompagnaient des superbes ouvrages des textes de RW, en anglais et traduits en français, magnifiquement illustrés par Jean-Michel MARCHETTI et publiés aux éditionsÆncrages & Co (il y a … 10 ans, maintenant, 10 de plus)… C’est désormais introuvable.

Restent le témoignage musical, sous forme d’hommage déroutant & vivant, à RW.

Et RW lui-même participe à cette aventure sonore, en lisant quelques textes, de sa voix toujours aussi belle, toujours aussi blanche, toujours aussi émouvante, en balbutiant sobrement quelques mots en français.


1 Some words of introduction (Robert Wyatt)
2 P.L.A. (Toupidek limonade)
3 Toledo Texas (Jean Marc Montera)
4 En Dondekistan (Look de Bouk)
5 Sea Song (Klimperei)
6 Born Again Cretin (Dominique Répécaud)
7 Little Red Robin Hood Hit the Road (Jagger Naut)
8 Alifib (Richard Robert & Gilles Tordjman)
9 To the Old World (Dominique Grimaud)
10 Left on Man (L'Ensemble Rayé)
11 Robert et André (Kafka)
12 Little Red Riding Hood Hit the Road (Joe Bogaert and An Pierlé)
13 Caroline (Dominique Fellmann & Julien Goetz)
14 Blues in Bob Minor (Robert Wyatt)
15 The British Road (Robert Wyatt & Philippe Fretun)
16 Mass Medium (Philippe Fretun & Michel Benita)
17 Alifib (Pascal Comelade)
18 Heli Plop (Alain De Fillippis)
19 Toledo texas (Jean François Pauvros)
20 For R.W. (Jean Marc Montera, Jean François Pauvros, Chris Cutler & Tony Buck)
21 Alifib (Le Piano de la Rue Vergennes) (Jean-Michel Marchetti
)
22 Some words of conclusion (Robert Wyatt)


Achetez l'alboume sur le site de In Polysons, les bénéfices sont reversés à l'ONG Penalreform

(lien dans le commentaire)

4.11.07

257 - Pascal COMELADE, des histoires d'hIER pour AUjOUrd'hUI, tOUjOUrs Et mAIntEnAnt



Tracklisting :

stranger in paradigm
l'u
elvis loved dogs
la vedette d'el molino
jopo de pojo not dead
mossen xemeneia a l'heliogàbal
the indian of the group
il luna park galactico
catalana de jazzz
the halucinogenic espontex sinfonia
smog on the vermut
noia de procellana
le barman de satan
com un rossinyol amb mal de queixal

La femme nue qui pose en noir et blanc sur la pochette (une photo signée Les Krims), la tête cachée sous un masque de Mickey donne immédiatemment le ton : Mètode de Rocanrol est un disque... maousse.

Une collection de petites vignettes orchestrales en verve et sans paroles. Une boîte à musique enchantée. Il y à là la fibre rebelle du boléro-torero servi en cobla catalane (The Halucinogic espontex sinfonia), la gouaille canaille du riddims jamaïcains (Il luna park galactico, Le barman de Satan), les caroussels de Kurt Weill, la majesté des rumbas (Jopo de pojo not dead), la fièvre des fanfares de Nouvelle- Orléans (L'u), le fantôme de François de Roubaix, les grands espaces de Satie (Com un rossignol amb mal de queixal), la cuisse rythmique du tango (Smog on the vermut), le fine fleur du rock catalan 70's de Pau Riba (Noia de porcellena) et la plainte fondatrice du blues (Stranger in paradigm), le clin d'oeil direct au rock sixties (le riff dézingué de You really got me des Kinks dézingué sur Elvis loved dogs, une interprétation musicale de la peinture de Cata Billups). Le tout déformé, décodé, détourné, fouillé jusqu'à la matrice et réilluminé dans un instrumentation psychotropique : guitares déglinguées, bottleneckées ou en plastiques, banjos foutraques, clarinettes, xylophones, accordéons, saxophones, scie musicale, trompettes bouchées ou non, toy pianos ou pas, mini-orgues, batterie ou presque, trombone, corps de tuba et cordes.

Cet étonnant bastringue organisé au service d'une oeuvre multiple, Comelade l'a ourdi dans les températures hivernales de 2006/2007. Seul, la plupart du temps. Il a juste ouvert sa porte à trois compagnons d'échappée spirituelle : Didier Banon (déjà aperçu derrière les fûts et cymbales du groupe punk OTH) à la batterie et aux percussions, le tromboniste Enzo Tozoni et à son partenaire de jeu historique, Pep Pascual, Maître ès cuivres et vents du dispositif Comelade depuis la nuit des temps.

Comelade est un mec plus ultra.

La mètode

(lien dans le commentaire)

1.11.07

256 - 4 fois construire une maison et 4 fois écouter Ederlezi.... (c'est ma participation au 1er novembre)



C'est sur l'alboume "Ma Fleur" de Cinematic orchestra que figure cette beauté "to build a home" (en écoute sur le Potlatch 15)
Voici 4 versions de cette même chanson douloureusement belle, interprétée par Patrick WATSON.

De quoi perdre encore de l'eau des yeux....

(lien dans le commentaire)

Et après, s'il vous reste encore du temps, voici une autre quadri-version, dont 2 étaient déjà présentes sur.... le Potlatch 10 !

Selon les version, c'est Ederlezi, ou Hedezlezi du Temps des Gitans, de la filière Bregovic/Kusturica (chacun sa version, toutes sont des perles). Peu importe la manière d'écrire ce titre...

Mettez le volume sonore très fort, programmez le début afin de vous laisser le temps de vous éloigner, puis laisser monter ce chant à la gloire de nos vies inouïes. Erderlezi / Hedezlezi est à écouter de loin, il faut lui laisser le temps de franchir des distances énormes, toutes les années-lumières qui nous séparent de la grâce.

(lien dans le commentaire)