Il y a déjà une dizaine d’années, Hector Zazou, trublion touche-à-tout de la scène française, proposait "Chansons des mers froides", concept-album risqué au casting international, traversée des eaux glacées au gré des chants éplorés de femmes de marin et autres sirènes naufrageuses : sur papier, le projet laissait craindre une boursouflure électro-world de plus ; sur pièce, le résultat, aboutissement épuré et lyrique des recherches musicales du compositeur, jazz de chambre, fusion world, électronique versant industriel, était simplement magistral. Sur des pièces musicales souples, cultivées, déconstruites, le chant volait au plus haut, atteignant parfois le sublime : Björk dans son meilleur islandais, les sanglots de Jane Siberry, la solennité de Tokiko Kato, un chant iacoute fascinant. Dans l’élan de ce travail, qui lui vaudra une consécration méritée, il poursuit l’écriture de nouveaux morceaux qui sont comme le prolongement naturel de ce premier projet. Au gré de rencontres artistiques diverses (Nina Hynes, Sophie Moleta), les esquisses vont lentement se préciser jusqu’à ce nouveau disque, fruit de six années de travail, qui voit Hector Zazou inviter une nouvelle kyrielle de chanteuses célèbres ou plus obscures (Laurie Anderson, Jane Birkin, Lisa Germano, Nicola Hitchcock de Mandalay, Mélanie Gabriel fille de Peter, Lori Carson, Caroline Lavelle, Emma Stow, Catherine Russell, Sarah-Jane Morris) et s’entourer de ses habituels acolytes de haut vol (Ryuichi Sakamoto, Bill Rieflin de Rem, le clarinettiste Renaud Pion). Le disque est aussi intimiste, le chant aussi contenu que "Chansons des mers froides" était exalté et lyrique. Plus qu’une suite, c’est un approfondissement réflexif, un retour sur soi qui ressemble, de l’aveu de l’auteur, à une auto-analyse, une introspection diffractée en autant de partitions qu’il y a de porte-voix pour traduire les tourments du compositeur. Oeuvre de l’intime, de ses méandres et de ses profondeurs, "Strong currents" est peut-être aussi plus difficile d’accès que son prédécesseur : hiératisme, mode mineur, rythme lent, étirement des morceaux, chant parfois construit en léger décalage de la mélodie, le résultat peut parfois déconcerter (la sublime partition pour piano, cordes et hautbois de "Beauty" irisée et déstabilisée par Jane Birkin ou la déstructuration calculée de "In the middle of the night"). Mais le disque a aussi ses moments de grâce ( “Let it blow", "Is this" ), de stridence (la voix rauque de Sarah-Jane Morris), de poésie décalée et minimale (les ponctuations "so smart" de Laurie Anderson). Complexe, ambitieux, obscur comme le cœur humain, il mérite plus qu’une attention distraite ou un simple détour.
David
01. Into your dream ft.Laurie Anderson
02. Mmmh ft. Melanie Gabriel
03. Beauty ft. Jane Birkin
04. In the middle of the night ft. Lori Carson
05. Let it blow ft. Emma Stow
06. under my wing ft. Nina Hynes
07. The freeze ft. Caroline Lavelle
08. Remember ft. Sarah-Jane Morris
09. Is this ft. Catherine Russell
10. Indiana Moon ft. Lisa Germano
11. Morning ft. Nicola Hitchcock
12. Ocean of sound ft. Laurie Anderson
lien dans le commentaire
David
01. Into your dream ft.Laurie Anderson
02. Mmmh ft. Melanie Gabriel
03. Beauty ft. Jane Birkin
04. In the middle of the night ft. Lori Carson
05. Let it blow ft. Emma Stow
06. under my wing ft. Nina Hynes
07. The freeze ft. Caroline Lavelle
08. Remember ft. Sarah-Jane Morris
09. Is this ft. Catherine Russell
10. Indiana Moon ft. Lisa Germano
11. Morning ft. Nicola Hitchcock
12. Ocean of sound ft. Laurie Anderson
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2 commentaires:
http://sharebee.com/d57db218
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Les magnifiques chansons d'Hector Zazou pour les passantEs.
Faire un bout de chemin, cela prend toute une vie.
Bonne écoute, en passant
Les liens sont malheureusement morts! Vous seriez gentil si vous les renouveliez. Merci.
Pour répondre à l'une de vos questions sur votre blog, la gauche en Amérique est majoritairement au Québec. D'ailleurs au Québec, il n'y a pas beaucoup de personnes qui peuvent comprendre pourquoi l'ouest canadien élisent des députés ultra conservateurs avec une étroitesse d'esprit à nous faire honte (ou peur)! Lorsqu'on les écoute parler, on dirait qu'ils sont tous des frères et sœurs siamoises de Benoît XVI! (Ha! Ha!) Et par la suite, ils ont le culot de nous demander de ne pas se séparer du reste du Canada! Au dernier référendum au Québec, ils sont venus nous dire qu'ils nous aimaient! 17 ans après, je suis convaincu que ce sont les impôts que nous payons qu'ils aiment. Pourtant, leur manière de penser irait bien mieux avec le Parti Républicains Américains. Ça devrait être les Albertains qui se séparent du Canada pour s'unir avec les États-Unis!!! Tous les deux ont des pensées de droites que tout être un peu humaniste ne peut comprendre comment ils peuvent oser penser de cette manière. Il me semble que cette union pourrait être bénit par le pape! Ha! Ha!
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