Le travail musical de Gurdjieff permet de relier l’Orient et l’Occident, l’Est et l’Ouest, toutes les faces du monde. A l’origine, ce philosophe de formation a développé son propre dispositif musical dans le souci d’accompagner la danse et les mouvements des élèves dont il avait la charge à l’Institut du “développement harmonieux de l’homme”, basé non loin de Paris. On est au début du siècle. C’est sans doute pour cela que sa musique semble prendre racine très directement dans les melodies de l’enfance et les comptines. Natif d’une ville frontière, entre l’Arménie et la Turquie, Georges Ivanovitch Gurdjieff est le fils d’un troubadour grec aux références culturelles caucasiennes. Apatride dans l’âme, citoyen du monde déjà (dans les années 20!), il ne cessera de voyager afin d’aller à la découverte de ces musiciens de la spiritualité, du rituel et du sacré. Il les a rencontrés au Tibet, en Afghanistan, en Asie Centrale... Ce qu’il a alors entendu - consigné par un fidèle assistant le pianiste ukrainien Thomas de Hartmann - a nourri sa propre réflexion, son propre travail et écriture.
Ce sont ses partitions révélées par la violonceliste allemande Anje Lechner et le pianiste grec Vassilis Tsabropoulos qui nous sont données à écouter. L’un comme l’autre, de par leur parcours sans faille (interprétation classique comme improvisation), étaient près à affronter ce répertoire qui nécessite une très grande rigueur technique mais également le goût pour ces musiques d’ailleurs. Décomplexés par leurs collaborations passées (pêle-mêle Mansurian, Silvestrov, Saluzzi, Marshal, Corea…), ils abordent ces chants sans voix avec une très grande liberté. D’ailleurs, comment en aurait-il été autrement ? C’est sans doute la seule attitude qu’aurait autorisée Gurdjieff !
Octopus
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