Prendre la file d’attente, moteur allumé, musique. Petites actions routinières de nos vies banales. Mais j’ai toujours de la musique, mon entorse bénigne.
D’autres, c’est la radio. Certains, c’est ce dont ils causent, s’ils ne sont pas seuls à « faire » de l’essence, qui fait bruit.
Mais même les pas seuls sont parfois silencieux.
L’un descend de sa voiture, pour remplir le réservoir. L’autre, ben l’autre est seul dans la voiture. Ou avec les gosses. Le chien. Non, pas avec le poisson rouge.
Donc se tait.
Ecoute la radio, ou de la musique, ou rien. Parfois, on n’écoute rien. Même pas le silence, ni ses pensées.
[Rien. On est là et on attend. Dans cette zone d’attente où l’immobilité renvoie à l’importance de ce qui nous fait attendre. Plus l’objet de l’attente est banal, moins on est. C’est peut-être pour cela que certains, relégués en zones de rétention, gardent fières allures. La gravité de leur attente leur confère une forme très particulière de dignité, unique, comme leurs vies.]
Nous, après, quand ce n’est que pour du carburant… à part râler sur son coût, de quoi sommes-nous encore capables ?
J’étais dans la file. Pour du carburant. Normal, sans carburant je suis immobile. Et je déteste ça. Être immobile. J’ai besoin de pouvoir me déplacer, et dans nos campagnes même pas périurbaines, mais des vraies campagnes, donnez moi des chevaux, fiscaux !
Dans la file, vu que je sais que je dois attendre, je m’organise dès que je sais que je vais dans la file. D’essence.
Pas d’être, mais de carburant. (!).
L’attente parfois pèse. Pas pour moi, vu que je sais que je vais attendre. D’où des trucs à écouter. Des musiques. Des musiques car j’attends seul. Et je ne sais pas comment faire sans musiques.
Et donc je regarde. J’observe.
Mes yeux naviguent, scrutent, balayent.
Mes yeux sont comme autonomes, vu que j’écoute de la musique. C’est un regard en pilotage automatique, qui regarde sans voir.
C’est souvent comme ça, dans les files d’attente, je regarde sans voir et n’éprouve pas de pensées particulières. Cela doit être ça, l’attente.
[Une moment de vie en « pause ». Faut juste être un peu vigilant, et ne pas transformer toute sa vie en pause.]
Et mes yeux se portent sur la voiture qui me précède.
Tous, nous posons nos yeux vides devant. Et voilà que j’identifie un local, du même département.
Et voilà que cela se précise, vu le nom du garage qui se trouve au bas de la plaque d’immatriculation.
J’insiste. Je n’espionne pas. Je suis en pilotage automatique.
Tout cela se fait en très peu de temps, même si nos non-pensées nous éloignent dans la langueur de la file d’attente à nous rendre aussi inerte qu’un sac de sciure compressé.
Tous, nous suivons ceux qui nous précèdent (même si je ne veux pas que celui qui me suit me suive). Et tous, nous lisons. Même les grosses affiches de pub, surtout même, elles sont là pour ça, même dans nos campagnes. Pas de répit.
Je vois un autocollant collé à l’arrière de la voiture (oui, c’est là que les autocollants sont lisibles. Ils sont exactement là pour être lus par ceux qui suivent). Ovale. Des initiales. 3 lettres. Et un texte plus petit, illisible d’où je suis (faut plus de 6 mois d’attente pour un rendez-vous chez l’ophtalmo). Mais cela ne m’intéresse pas. Pas envie de savoir. Cet autocollant, sur la voiture devant, ne m’intéresse pas. Les automobilistes parfois collent n’importe quoi sur l’arrière de leurs voitures.
3 lettres. GRD.
M’en détourne. Attend mon tour. Je repasse inlassablement le même titre musical, c’est souvent comme ça, quand il m’arrive de tomber en grâce sur un titre. Il tourne en boucle, sans jamais me lasser. Il m’isole dans une bulle de confort et de certitudes.
[D’autres écoutent l’officiel amuseur du service public (en vacances, car c’est épuisant d’amuser publiquement, surtout qu’il y a en plus des rencontres avec les têtes couronnées, car bien nées, dont il est devenu l’attaché de presse permanent). Mais je m’égare. C’est comme cela, comme dans les files, il n’y a rien de structuré, l’esprit erre, absent. D’aucuns (j’adore employer « d’aucuns », je trouve cela très vieille grammaire bien dans l’esprit très vieille France d’aujourd’hui), d’aucuns souhaiteraient que cette errance soit l’état permanent de nos esprits. Ils s’y emploient avec un acharnement qui porte ses mauvais fruits. Rendre totalement abruti tout un peuple, voilà leur mission.]
Puis c’est le tour de la voiture avec l’autocollant GRD. Elle se déplace, s’aligne avec la pompe, le conducteur descend. Il lui faut du temps, pour descendre. Il fait beaucoup bouger la voiture, puis, finalement, la portière s’ouvre et deux pieds, avec des sabots aux semelles surcompensées précèdent tout le corps. Qui est maintenant là, debout, immobile devant la pompe.
C’est un nain.
Oui, je sais, on dit « personne de petite taille », ou une autre expression lisse. Faudra apprendre la novlangue dès la maternelle (si elle n’est pas supprimée).
Un nain, sans bras.
Là, je ne connais pas l’expression adéquate. Si quelqu’un a une idée…
Il a un long pull informe sans manches. Pas besoin de manches, il n’a pas de bras.
Ce que je veux dire, c’est que son pull informe n’a pas d’ouvertures pour les bras.
Il reste là, debout, face à la pompe et attend. Il regarde de temps en temps l’employée dans sa «guérite » vitrée, elle le regarde. Je suppose que c’est elle qui est pressentie pour venir décrocher le robinet. Mais il y a du monde, qui attend pour payer. Faut pas faire attendre ceux qui ont fait de l’essence. Ils sont très impatients de payer. Encore un trait du caractère humain qui m’échappe.
Il y a du monde, là, un peu partout, qui se sert en carburant, ou a terminé, et qui dans tous les cas, attend.
Et le nain sans bras (je vais employer « il » pour le désigner), donc il reste là, immobile, face à la pompe. De temps en temps, il tourne la tête vers l’employée.
Je ne sais pas combien de temps cela a duré. Pas longtemps. Mais le temps s’était arrêté. Totalement figé. Il y a des scènes de la vie qui acquièrent un caractère d’éternité. Celle-ci en est une. Elle se déroule encore et encore. Là, devant mon regard un peu moins éteint.
Je descend, lui propose mon aide, il me dit qu’il veut 20 euros de SP 98, je prends le pistolet puis tente de m’acquitter de ma mission. Ce n’est pas facile, de faire 20 euros pile. Je ne m’en sors pas si mal et même assez bien puisque je fais 20,02. C’est comme un jeu. Il y a ceux qui font des pleins et ceux qui doivent respecter un montant. Et là, faut jouer de la poignée. Rester concentré pendant toute l’opération.
[On pourrait d’ailleurs organiser des jeux aux pompes. Par exemple, donner aux automobilistes un montant précis (genre 32,48 euros), et celui qui l’atteint le premier gagne une petite sapinette en carton qui s’accroche au rétro et parfume l’habitacle en lilas synthétique. Je suis certain que cela mettrait de l’ambiance dans les stations et qu’on ne manquerait pas de candidats. Nous vivons l’ère de la compétition absolue. Voyez le nombre de milliards à être à la fois spectateurs, acteurs et surtout victimes de la compétition. Parfois, ce sont les mêmes.]
Pendant ce temps, il est parti payer et moi, je ferme son bouchon du réservoir, me déplace vers le distributeur, enclenche le robinet sur son support puis retourne dans ma voiture.
20,02, c’est pas mal, non ? Ce n’est pas si simple, avec l’affichage digital. C’est qu’il faut doser soigneusement la pression sur la poignée du pistolet. Je ne savais pas que je possédais un tel talent. En plus, j’étais très fier d’avoir réussi à tenir les 20 euros. Je ne sais pas pourquoi, mais cet acte très banal m’a bouleversé.
Il revient, me remercie encore, je lui réponds vaguement que c’est normal.
Je ne me demande même pas comment il a payé ni plein d’autres trucs.
J’avais des tas de trucs en têtes qui arrivaient plus vite qu’une étoile filante, mais je suis resté muet. Ces tas de trucs en têtes y sont encore. Pour longtemps encore. Très longtemps.
Il se baisse un peu, ouvre la portière de sa voiture avec ses dents, se hisse sur le siège conducteur, la voiture bouge beaucoup, car il doit quand même (je suppose) s’harnacher en s’aidant de ses pieds, ferme la portière en accrochant les orteils du pied gauche au vide poche intérieur, s’installe, démarre et s’en va.
J’ignore tout des aménagements intérieurs qui lui permettent de conduire.
Il lui faut encore attendre que la voiture qui le précède passe la guérite de péage.
Je me rapproche, pour commencer à m’aligner avec le distributeur de carburant.
GRD ?
Et là, ce qui était illisible le devint.
Présipauté De Groland !
J’ai décroché le robinet, fait un plein, démarré, me suis garé devant la guérite, j’ai salué l’employée (que je connais, ici, c’est assez petit, ce qui rend les gens connaissant et parfois même assez agréables à côtoyer), je lui ai tendu ma carte bancaire, tapé mon code, repris ma carte et le reçu, j’ai rangé le tout rapidement dans une poche de mon pantalon, je suis rentré chez moi.
J’étais encombré avec mes achats (faits avant de passer acheter du carburant), j’ai eu du mal pour ouvrir la porte, la clé est tombée une fois, je me suis baissé pour la ramasser avec les paquets et sacs tenus tant bien que mal.
Finalement, j’ai réussi à ouvrir la porte, à rentrer chez moi.
J’ai tout posé, j’ai commencé à ranger.
Je me suis arrêté. J’ai tout laissé en vrac, un peu partout.
Je me suis assis sur une chaise et je crois que j’ai pleuré.
D’autres, c’est la radio. Certains, c’est ce dont ils causent, s’ils ne sont pas seuls à « faire » de l’essence, qui fait bruit.
Mais même les pas seuls sont parfois silencieux.
L’un descend de sa voiture, pour remplir le réservoir. L’autre, ben l’autre est seul dans la voiture. Ou avec les gosses. Le chien. Non, pas avec le poisson rouge.
Donc se tait.
Ecoute la radio, ou de la musique, ou rien. Parfois, on n’écoute rien. Même pas le silence, ni ses pensées.
[Rien. On est là et on attend. Dans cette zone d’attente où l’immobilité renvoie à l’importance de ce qui nous fait attendre. Plus l’objet de l’attente est banal, moins on est. C’est peut-être pour cela que certains, relégués en zones de rétention, gardent fières allures. La gravité de leur attente leur confère une forme très particulière de dignité, unique, comme leurs vies.]
Nous, après, quand ce n’est que pour du carburant… à part râler sur son coût, de quoi sommes-nous encore capables ?
J’étais dans la file. Pour du carburant. Normal, sans carburant je suis immobile. Et je déteste ça. Être immobile. J’ai besoin de pouvoir me déplacer, et dans nos campagnes même pas périurbaines, mais des vraies campagnes, donnez moi des chevaux, fiscaux !
Dans la file, vu que je sais que je dois attendre, je m’organise dès que je sais que je vais dans la file. D’essence.
Pas d’être, mais de carburant. (!).
L’attente parfois pèse. Pas pour moi, vu que je sais que je vais attendre. D’où des trucs à écouter. Des musiques. Des musiques car j’attends seul. Et je ne sais pas comment faire sans musiques.
Et donc je regarde. J’observe.
Mes yeux naviguent, scrutent, balayent.
Mes yeux sont comme autonomes, vu que j’écoute de la musique. C’est un regard en pilotage automatique, qui regarde sans voir.
C’est souvent comme ça, dans les files d’attente, je regarde sans voir et n’éprouve pas de pensées particulières. Cela doit être ça, l’attente.
[Une moment de vie en « pause ». Faut juste être un peu vigilant, et ne pas transformer toute sa vie en pause.]
Et mes yeux se portent sur la voiture qui me précède.
Tous, nous posons nos yeux vides devant. Et voilà que j’identifie un local, du même département.
Et voilà que cela se précise, vu le nom du garage qui se trouve au bas de la plaque d’immatriculation.
J’insiste. Je n’espionne pas. Je suis en pilotage automatique.
Tout cela se fait en très peu de temps, même si nos non-pensées nous éloignent dans la langueur de la file d’attente à nous rendre aussi inerte qu’un sac de sciure compressé.
Tous, nous suivons ceux qui nous précèdent (même si je ne veux pas que celui qui me suit me suive). Et tous, nous lisons. Même les grosses affiches de pub, surtout même, elles sont là pour ça, même dans nos campagnes. Pas de répit.
Je vois un autocollant collé à l’arrière de la voiture (oui, c’est là que les autocollants sont lisibles. Ils sont exactement là pour être lus par ceux qui suivent). Ovale. Des initiales. 3 lettres. Et un texte plus petit, illisible d’où je suis (faut plus de 6 mois d’attente pour un rendez-vous chez l’ophtalmo). Mais cela ne m’intéresse pas. Pas envie de savoir. Cet autocollant, sur la voiture devant, ne m’intéresse pas. Les automobilistes parfois collent n’importe quoi sur l’arrière de leurs voitures.
3 lettres. GRD.
M’en détourne. Attend mon tour. Je repasse inlassablement le même titre musical, c’est souvent comme ça, quand il m’arrive de tomber en grâce sur un titre. Il tourne en boucle, sans jamais me lasser. Il m’isole dans une bulle de confort et de certitudes.
[D’autres écoutent l’officiel amuseur du service public (en vacances, car c’est épuisant d’amuser publiquement, surtout qu’il y a en plus des rencontres avec les têtes couronnées, car bien nées, dont il est devenu l’attaché de presse permanent). Mais je m’égare. C’est comme cela, comme dans les files, il n’y a rien de structuré, l’esprit erre, absent. D’aucuns (j’adore employer « d’aucuns », je trouve cela très vieille grammaire bien dans l’esprit très vieille France d’aujourd’hui), d’aucuns souhaiteraient que cette errance soit l’état permanent de nos esprits. Ils s’y emploient avec un acharnement qui porte ses mauvais fruits. Rendre totalement abruti tout un peuple, voilà leur mission.]
Puis c’est le tour de la voiture avec l’autocollant GRD. Elle se déplace, s’aligne avec la pompe, le conducteur descend. Il lui faut du temps, pour descendre. Il fait beaucoup bouger la voiture, puis, finalement, la portière s’ouvre et deux pieds, avec des sabots aux semelles surcompensées précèdent tout le corps. Qui est maintenant là, debout, immobile devant la pompe.
C’est un nain.
Oui, je sais, on dit « personne de petite taille », ou une autre expression lisse. Faudra apprendre la novlangue dès la maternelle (si elle n’est pas supprimée).
Un nain, sans bras.
Là, je ne connais pas l’expression adéquate. Si quelqu’un a une idée…
Il a un long pull informe sans manches. Pas besoin de manches, il n’a pas de bras.
Ce que je veux dire, c’est que son pull informe n’a pas d’ouvertures pour les bras.
Il reste là, debout, face à la pompe et attend. Il regarde de temps en temps l’employée dans sa «guérite » vitrée, elle le regarde. Je suppose que c’est elle qui est pressentie pour venir décrocher le robinet. Mais il y a du monde, qui attend pour payer. Faut pas faire attendre ceux qui ont fait de l’essence. Ils sont très impatients de payer. Encore un trait du caractère humain qui m’échappe.
Il y a du monde, là, un peu partout, qui se sert en carburant, ou a terminé, et qui dans tous les cas, attend.
Et le nain sans bras (je vais employer « il » pour le désigner), donc il reste là, immobile, face à la pompe. De temps en temps, il tourne la tête vers l’employée.
Je ne sais pas combien de temps cela a duré. Pas longtemps. Mais le temps s’était arrêté. Totalement figé. Il y a des scènes de la vie qui acquièrent un caractère d’éternité. Celle-ci en est une. Elle se déroule encore et encore. Là, devant mon regard un peu moins éteint.
Je descend, lui propose mon aide, il me dit qu’il veut 20 euros de SP 98, je prends le pistolet puis tente de m’acquitter de ma mission. Ce n’est pas facile, de faire 20 euros pile. Je ne m’en sors pas si mal et même assez bien puisque je fais 20,02. C’est comme un jeu. Il y a ceux qui font des pleins et ceux qui doivent respecter un montant. Et là, faut jouer de la poignée. Rester concentré pendant toute l’opération.
[On pourrait d’ailleurs organiser des jeux aux pompes. Par exemple, donner aux automobilistes un montant précis (genre 32,48 euros), et celui qui l’atteint le premier gagne une petite sapinette en carton qui s’accroche au rétro et parfume l’habitacle en lilas synthétique. Je suis certain que cela mettrait de l’ambiance dans les stations et qu’on ne manquerait pas de candidats. Nous vivons l’ère de la compétition absolue. Voyez le nombre de milliards à être à la fois spectateurs, acteurs et surtout victimes de la compétition. Parfois, ce sont les mêmes.]
Pendant ce temps, il est parti payer et moi, je ferme son bouchon du réservoir, me déplace vers le distributeur, enclenche le robinet sur son support puis retourne dans ma voiture.
20,02, c’est pas mal, non ? Ce n’est pas si simple, avec l’affichage digital. C’est qu’il faut doser soigneusement la pression sur la poignée du pistolet. Je ne savais pas que je possédais un tel talent. En plus, j’étais très fier d’avoir réussi à tenir les 20 euros. Je ne sais pas pourquoi, mais cet acte très banal m’a bouleversé.
Il revient, me remercie encore, je lui réponds vaguement que c’est normal.
Je ne me demande même pas comment il a payé ni plein d’autres trucs.
J’avais des tas de trucs en têtes qui arrivaient plus vite qu’une étoile filante, mais je suis resté muet. Ces tas de trucs en têtes y sont encore. Pour longtemps encore. Très longtemps.
Il se baisse un peu, ouvre la portière de sa voiture avec ses dents, se hisse sur le siège conducteur, la voiture bouge beaucoup, car il doit quand même (je suppose) s’harnacher en s’aidant de ses pieds, ferme la portière en accrochant les orteils du pied gauche au vide poche intérieur, s’installe, démarre et s’en va.
J’ignore tout des aménagements intérieurs qui lui permettent de conduire.
Il lui faut encore attendre que la voiture qui le précède passe la guérite de péage.
Je me rapproche, pour commencer à m’aligner avec le distributeur de carburant.
GRD ?
Et là, ce qui était illisible le devint.
Présipauté De Groland !
J’ai décroché le robinet, fait un plein, démarré, me suis garé devant la guérite, j’ai salué l’employée (que je connais, ici, c’est assez petit, ce qui rend les gens connaissant et parfois même assez agréables à côtoyer), je lui ai tendu ma carte bancaire, tapé mon code, repris ma carte et le reçu, j’ai rangé le tout rapidement dans une poche de mon pantalon, je suis rentré chez moi.
J’étais encombré avec mes achats (faits avant de passer acheter du carburant), j’ai eu du mal pour ouvrir la porte, la clé est tombée une fois, je me suis baissé pour la ramasser avec les paquets et sacs tenus tant bien que mal.
Finalement, j’ai réussi à ouvrir la porte, à rentrer chez moi.
J’ai tout posé, j’ai commencé à ranger.
Je me suis arrêté. J’ai tout laissé en vrac, un peu partout.
Je me suis assis sur une chaise et je crois que j’ai pleuré.
4 commentaires:
J'ose… même si le cœur n'y est pas…
J'en reste sans voix.
Difficile ces derniers temps de rester humain… mais résister est un mot qui sonne bien…
Je note… "Il y a des cènes de la vie qui acquièrent un caractère d’éternité." - Magnifique…
Courage
Merci une fois encore de passer.
C'est juste une affaire d'interstices.
Comment s'y glisser pour mieux respirer.
Pour s'y retrouver, en espérant être à chaque fois un peu plus nombreux.
@ bientôt, ici où là.
Une telle scène dans un Kusturica ferait rire.
Ta façon de trouver les interstices, tes échappées (le jeu de la pompe) pour mieux encaisser transportent au delà du beau texte.
En passant, toujours,
Polly-Esther
Merci Polly-Esther.
Je n'ai pas dit qu'il se balançait sur ses sabots aux semelles épaisses, comme en transe, ou encore à l'écoute d'une musique intérieure, là, devant la pompe, comme détaché de tout, comme s'il pouvait rester là très longtemps, éternellement.
Je me demande même s'il n'a pas une relation au temps très différente, autre que la nôtre, sachant éternellement qu'il sera toujours plus ou moins dépendant. En attente.
Donc, il attend.
Regarde autour de lui, se balance et attend.
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