25.7.07

224 - Merci Meredith



"JE NE ME SUIS JAMAIS PENSÉE COMME UN NOM, J'AI TOUJOURS EU LA SENSATION D'ÊTRE UN VERBE"

Mercy, huitième album de Meredith Monk chez ECM a été publié le 29 octobre 2002, peu avant son 60e anniversaire le 20 novembre 2002. Depuis presque quarante ans, cette artiste interdisciplinaire renverse les catégories et dépasse les limites de tous les styles. Dans son travail, le mouvement, par exemple, n'est qu'un élément d'une perception globale riche et complexe. La presse continue pourtant à lui demander si elle se voit comme une chanteuse-compositrice qui danse ou comme une danseuse qui écrit de la musique et chante. Comme si c'était si simple ! Elle réplique :

"Je ne me suis jamais pensée comme un nom, j'ai toujours eu la sensation d'être un verbe", réponse qui traduit l'idée de travail comme processus.

"J'ai toujours lutté contre le fait d'être cataloguée. Je pense que tout se nourrit de tout."Si son travail aborde un certain nombre de domaines, il est axé sur le chant, l'exploration de toutes les possibilités de la voix humaine. Elle a d'ailleurs décrit sa reconnaissance du potentiel de la voix comme une apparition : "C'était comme si tout s'était éclairci, je voyais que la voix comprenait des textures, des nuances, des manières d'émettre le son différentes, des sexes, des âges, des personnalités, des façons de respirer, des paysages différents." Elle ajoute aujourd'hui : "La musique est le centre absolu et la source de mon travail.

C'est ma discipline quotidienne. De temps en temps, j'accumule assez d'idées pour produire un grand projet multiforme, comme une œuvre de théâtre musical ou une installation, mais ce qui me satisfait et me représente pleinement, c'est de d'interpréter ma musique, seule ou avec l'Ensemble."Ses innovations dans ce qu'on appelle maintenant la "technique vocale élargie" ont eu une influence énorme. Lorsqu'elle a entamé ses expérimentations vocales, en 1965, ce domaine était en grande partie inexploré. Depuis, le retentissement de son travail est sensible dans de multiples genres musicaux, influençant des artistes aussi divers que Joan La Barbara, Kate Bush, Laurie Anderson et Björk (qui a repris un morceau d'elle, "Gotham Lullaby").

Mercy a d'abord été lancé aux Etats-Unis comme une œuvre scénique multimédia montée avec Ann Hamilton, artiste célèbre pour ses installations. Celle-ci avait été inspirée par l'aspect irréductible du travail de Meredith Monk, depuis qu'elle en avait pris connaissance au début des années quatre-vingts, lors d'un concert solo de Meredith. Cet album présente les premiers enregistrements réalisés avec le groupe original, les membres surdoués du Meredith Monk and Vocal Ensemble. Il est cependant bien plus qu'une "bande sonore".

Non seulement une partie des compositions est antérieure à l'œuvre scénique - plusieurs ayant été écrites par Meredith avant qu'elle ne s'associe à Ann Hamilton -, mais la musique du spectacle a été réarrangée soigneusement et comporte "de nombreux changements, des compressions et des extensions". Ces dernières comprennent la remarquable œuvre conçue pour les clarinettes de Bohdan Hilash, qui n'était pas dans le spectacle, et de nouveaux morceaux comme "epilogue" qui constitue une élégante transition entre les sections "prisoner" et "shaking". C'est aussi la première fois que Meredith Monk compose des pièces pour des instruments à maillet, magnifiquement interprétées par John Hollenbeck au vibraphone et au marimba.

UNE ŒUVRE PERTINENTE APRÈS LES ATTENTATS DU 11 SEPTEMBRE.

Méditation sur la nature de la pitié dans l'histoire et plaidoirie humaniste en faveur de la pitié dans une époque agitée, Mercy (pitié) a puisé sa force à des sources très éparses, qui vont de la littérature mondiale contemporaine aux documents historiques en passant par les actualités, toutes passées par un filtre poétique. Comme l'a écrit le New York Times : "Mercy ne s'attache pas seulement à transformer des idées et des pensées en action, il se transforme lui-même." Le Times a également dit : "On dirait que les créateurs de l'œuvre ont pensé au mystère, à la beauté et à la tristesse de la vie. La sensation d'être perdu dans ses pensées est renforcée par la musique vocale tranquillement lyrique et souvent éloquente de Meredith Monk, qui utilise les soupirs et les mélopées sans paroles.

Les mélodies passent du plaintif et de l'obsédant au majestueux et au noble." Le Chicago Tribune a parlé d'une "délicieuse tension créative... La musique de Meredith Monk est à la fois provocatrice et splendide." Et le Los Angeles Times a conclu que "ce que cette œuvre de musique méditative et de mouvement, intensément émouvante, superbe - superbe à mourir - et inclassable présente, c'est une immersion dans le processus de la transcendance."Plusieurs critiques américains ont laissé entendre que l'œuvre est particulièrement pertinente après les attentats du 11 septembre, "alors que notre monde est tellement dominé par les réactions vengeresses". Meredith Monk précise : "Nous avons été sidérés de la résonance prophétique de Mercy, après le 11 septembre. Ça avait l'air d'être exactement ce sur quoi il fallait travailler à ce moment-là. C'était très choquant, que nous ayons été capables d'anticiper quelque peu. Je ne crois pas que ça ait transformé notre façon de jouer... Nous n'avions aucun moyen d'exprimer cette sensation, sinon en étant encore plus purs dans notre manière d'interpréter l'œuvre.

"L'album contient beaucoup d'émotions, d'humeurs et d'atmosphères. Il laisse pourtant une sensation chaude et tonique. C'est aussi, sur le plan structurel, le plus riche de Meredith Monk depuis Atlas, sorti en 1993. L'ensemble vocal y est exceptionnel, tandis que les percussions de John Hollenbeck et les clarinettes de Bohdan Hilash y jouent un rôle crucial.

Ching Gonzalez et Allison Easter sont les vétérans de l'ensemble, puisqu'ils y sont entrés respectivement en 1984 et 1985. Gonzalez dit qu'il est "honoré et étonné" de sa longue collaboration avec Meredith Monk. Lorsqu'il ne chante pas avec elle, il présente ses propres œuvres de danse et de théâtre. A. Easter a reçu un Bessie Award pour son rôle dans The Politics of Quiet. La plupart des musiciens ont rejoint Meredith Monk au moment d'Atlas. Theo Bleckmann, dont la carrière de chanteur de jazz et de musique contemporaine comprend des collaborations avec Anthony Braxton, Steve Kuhn/Sheila Jordan et Philip Glass, est entré dans le groupe en 1994. Katie Geissinger, très en avant dans Volcano Songs, a participé à la tournée mondiale de l'opéra de Philip Glass et Robert Wilson, Einstein On The Beach et est un des membres fondateurs du trio vocal Cascabel. La multi-instrumentiste Allison Sniffin a pris part aux tournées de Meredith Monk pour The Politics of Quiet, A Celebration Service et Magic Frequencies, qui a démarré à Munich à l'automne 1998.Les contributions de Meredith Monk au paysage culturel lui ont valu de recevoir la prestigieuse bourse de la MacArthur Foundation en 1995. De nombreux prix lui ont été décernés pendant sa carrière, notamment deux Guggenheim Fellowships, un Brandeis Creative Arts Award, trois Obies (dont un pour ses Réalisations durables), deux Villager Awards, un Bessie pour ses Réalisations créatives durables, le National Music Theatre Award de 1986, seize ASCAP Awards de Composition musicale et Dance Magazine Award de 1992. Elle est plusieurs fois docteur honoris causa - de la Juilliard School, du Boston Conservatory, du Bard College, du San Francisco Art Institute, du Cornish College of the Arts et de l'University of the Arts de Philadelphie. Son album Dolmen Music a remporté le Prix de la critique allemande. Sa musique est présente dans de nombreux films, notamment Nouvelle vague et Histoire(s) du Cinéma de Jean-Luc Godard (dont les bandes-son ont été publiées chez ECM New Series) et The Big Lebowski de Joel et Ethan Coen.

bio sur universal music

(liens dans le commentaire)

5 commentaires:

EdkOb a dit…

http://sharebee.com/d858edd5

http://sharebee.com/6962704f

bonne écoute, en passant, et surtout, achetez les alboumes de Meredith MONK.

Anonyme a dit…

Bonsoir edkob,

merci pour ton intéret (plus meme: enthousiasme!) pour l'idée du Future Queens Potlatch. J'ai ecrit une longue réplique à http://arboribus.wordpress.com/2007/07/07/another-musical-world-trip-in-search-for-singing-women-future-queen-vol-6/#comment-181

À bientot, bonne nuit,
Sermo

caldanitbrad a dit…

Have enjoyed Meredith since I first heard Dolmen Music. Am anxious to see how she has progressed since then.

Thanks for the exposure.

EdkOb a dit…

Meredith is an absolutely surprising musician, really except standard.

She "thinks" of a music which does not exist and then manages to play it.

juan angel italiano a dit…

Magnificos álbums!
Thanks