27.5.07

196 - la fusion d'Akosh S Unit (Lenne)

"Talan Jo Megis Az Ember" (L'Homme est peut être bon, malgré tout)



Nouvel opus du saxophoniste multi-instrumentiste hongrois Akosh Szelevenyi et second volet (après "Kebelen" en 2001) d'un cycle "collage" sur lequel figurent des enregistrements de la formation précédente de son Unit - on retrouve Bernard Malandain à la contrebasse (remplacé ces dernières années par Christian Brazier) et le violoniste Joe Doherty. Le troisième volet est prévu pour cet automne.
Avec toujours autant de force et d'énergie, Akosh poursuit son cheminement musical et nous invite à partager son univers muli-culturel, fusionnant habilement et avec beaucoup de sincérité musiques folkloriques magyares et improvisations libres. Au menu : une heure de délires sonores intenses "adoucis" par des mélodies traditionnelles, orchestrés par la main de maître d'Akosh entouré de talentueux musiciens dont l'entente est parfaite.
Mais que cet excellent disque ne vous empêche pas d'aller l'écouter live, car malgré tout c'est sur scène qu'Akosh donne le meilleur de lui-même !
Jazzbreak



Le refus des frontières
Sortie de Lenne par le saxophoniste hongrois Akosh, un melting-pot harmonique qui dépasse les bornes musicales.
Une légende amusante : en observant le vol des mouches sur le plafond de sa chambre, le philosophe René Descartes, musicien à ses heures, aurait eu l’idée de décrire leur mouvement par un repère quadrillé. Gageons qu’Akosh, dans une même situation, songerait d’abord à les rejoindre en vol ! Lenne, son dernier disque, est ainsi tricoté de loopings, de chassés-croisés, de vrombissements, de changements de rythmes impromptus, comme les mille et une variations d’un vol collectif de coléoptères. Patchwork d’enregistrements live et de chutes de studio opérés au sein de sa formation Unit, cet album est le deuxième volet d’un cycle entamé en 2001 avec Kebelen, son précédent. Akosh y scelle, dans un creuset qui n’appartient qu’à lui, une alliance hybride entre le free jazz de New York, la musique traditionnelle hongroise, parsemée de bribes de sa myriade d’expériences musicales, allant de la musique expérimentale française au gnawa marocain. Cet espace, qu’il tient à laisser ouvert aux quatre vents, Akosh le défend de toutes ses forces, au mépris des classifications raisonneuses. Les membres de son groupe, Unit, s’y croisent sans se chasser, modifiant au coup par coup leur direction, sans que ne se délite le clair mouvement de l’ensemble. Ici, les comparses égrènent une note unique en longues respirations, tandis que leur mentor y enroule des sarabandes de saxophones. Plus loin, un court silence est rompu par des coups de tambour cardiaque, une flûte orientale leur emboîte le pas en mélopée, peu à peu rejointe par le chour des instruments. Partout, Akosh s’appuie sur la pulsation de ses complices : la mélodie se fait répétitive, hypnotique, lui s’époumone en plein délire. On pourrait craindre une cacophonie, et c’est le contraire qui se produit, le temps se contracte à son écoute sous l’effet d’une harmonie discrète, l’esprit se laisse aller à oublier la pendule pour mieux suivre cette anarchie curieuse. · l’écoute de ce phénomène d’album, on comprend mieux la force de conviction de ce musicien hongrois, transfuge d’au-delà du rideau de fer en 1986, se fiant à sa musique, à ses rencontres, pour se constituer un réseau d’amitiés lui permettant d’exercer son art en liberté. Akosh vit en France, joue en France, et n’a jamais songé à se faire naturaliser français. " Il y en a marre des papiers ", confiait-il en 1999. Il venait de participer à un concert de soutien au GISTI, le Groupe d’information pour les travailleurs immigrés. Akosh saute par-dessus le rideau de fer, Akosh méprise le rideau invisible qui sépare, dans les rues des capitales occidentales, les hommes à papiers de ceux qui n’en ont pas. Akosh se moque des bornes qui séparent les plages musicales de son dernier CD, et décide de donner le même nom (Nélkül) à trois morceaux différents. Akosh n’aime pas les rayons qui séparent les linéaires des bacs de disques, et accueille d’un gros rire, ou d’un froncement de sourcils, selon l’humeur, ceux qui lui disent qu’il fait du " jazz ". [...] Depuis quelques mois, cet immense garnement vend sous le manteau, sur un stand fiché à ses concerts, le disque autoproduit Kaloz I (" pirate ", en hongrois), qui fait, à sa manière, une concurrence à ceux de Jean-Marie Messier. Son dernier disque, Lenne, sur la pochette duquel le cri d’un homme (?) rompt la bulle qui l’entoure, prolonge ce refus des carcans musicaux. Akosh rejoint le rythme des morceaux en cours, les syncope, les détraque, pour prolonger l’effet de découverte, pour ne jamais se laisser aller à la routine. Parfois, un de ses acolytes, sorti du rang, caracole un peu à ses côtés, avant de rejoindre docilement l’attelage rythmique. Parfois non. Inutile d’y rechercher un code, Akosh l’a décrété : c’est peine perdue que de vouloir quadriller le vol d’une mouche.
Gaël Villeneuve
L'Humanité du 1er juin 2002

(lien dans le commentaire)

2 commentaires:

EdkOb a dit…

Akosh S Unit Lenne : http://www.mediafire.com/?dhmll2ebd24

Bonne écoute, en passant

EdkOb a dit…

Nouveau lien pour "Lenne" :

http://www.mediafire.com/?5j0wy9my4u4