27.5.07

195 - Patricia BARBER, depuis Split et le tout début...

Patricia BARBER est très présente ici au détour de certains Potlatch. Ce n'est pas par hasard.

I could eat your words, de Verse
là, le magnifique Dansons la gigue, encore sur Verse
et voici Winter, de Modern Cool
et là, Constantinople, encore de Modern Cool
encore avant, The Hours, sur Mythologies
et voici Persephone, du toujours Mythologies
et le tout premier, Orpheus Sonnet, de Mythologies

Ils sont tous sur des Potlatch différents, alors si ça vous tente....

Et voici le premier alboume de Patricia BARBER, en 1989. Déja un alboume extraordinaire...



La reconnaissance tarde
Patricia Barber n'a absolument rien à envier à ces grandes chanteuses comme Diana Krall qui occupent le devant de la scène de ces dernières années. Elle a une voix éblouissante, un style personnel, un immense talent de pianiste. Pourtant, alors qu'elle a déjà 7 albums a son actif, elle demeure encore trop peu connue du grand public. Patricia a pourtant montré dès la sortie de son premier album de quel bois elle se chauffe. Du bon de première qualité qui ne s'éteint pas d'un souffle. Sur Split, sorti en 1989, elle nous chantait entre autres « Alone Together » d'une façon absolument magistrale, qui nous rappelle un peu le style de Kurt Elling. Dans « Distortion of Love », enregistré en 1992, Patricia nous livre une version de Summertime fort audacieuse et magnifique. « Café bleu », qui date de 1994, est tout aussi brillant que les précédents. Sur « Modern Cool », sorti quatre ans plus tard, Patricia se frotte à la plus célèbre chanson des Doors, « Light my Fire », et en offre une version inoubliable. C'est peut-être d'ailleurs cette interprétation-là qui piquera la curiosité de ceux qui ne la connaissent pas, et fera d'eux des fans à jamais...À moins que le déclic ne se fasse plutôt avec cette incroyable, cette brillantissime version de « The beat goes on » de Sonny & Cher qui figure sur le disque « Companion » datant de 1999 ! Absolument fabuleux ! « Nightclub », sorti en 2000, contient plusieurs chansons très connues auxquelles Patricia donne un second souffle de la plus brillante des manières. Il en va ainsi de cette délicieuse « Summer samba » et « d' Autumn leaves ». Finalement, « Verse » paru en 2002 est extraordinaire et nous offre une merveilleuse chanson en français, « Dansons la gigue », dont les paroles sont de Verlaine. Tous les disques de Patricia sont de pures merveilles, alors pourquoi tarde t-on tant à lui donner la place qu'elle mérite ?
Béatrice André

La nostalgie des formes d'expression modernes à visage humain
Les propos de Patricia Barber sont éclairants pour voir la trajectoire de nos sociétés depuis que le visage de ce qui fait notre ancrage identitaire a perdu tous ses contours, avalé qu'il est par la production technologique et parfaitement anonyme de nos vies. Ses nostalgies quand elle songe aux oeuvres de Cézanne ou à celles de Picasso nous conduisent par la réflexion à voir que ces modes d'expressions, tels qu'ils se manifestent particulièrement chez ces deux peintres, amalgament encore les contenus et les formes dans des structures d'où le contenu et par conséquent la part de l'humain n'a pas encore complètement disparue. Qu'il s'agisse du précubisme de Cézanne ou du cubisme de Picasso, derrière la forme se profile encore le fond. Chez Verlaine, le même amalgame se produit par l'introduction de la ligne mélodique des mots et des assonances parmi les structures des images. En ce début du 20e siècle, la production des artistes reflétait le fait que la production artisanale n'avait pas encore cédé complètement la place dans la production comme dans l'image identitaire de l'humain. En ce début de 21e siècle, il en va tout autrement et le règne des structures sans contenu et de l'art abstrait prend toute la place en attendant que celle des contenus et de l'humain retrouvent les figures qui permettraient leur expression. Les modes d'expression de cette chanteuse comme de celle de Diana Krall, en recourant parfois aux mélodies nostalgiques, confirment que ces attentes sont bien réelles et qu'elles correspondent à des besoins qui ne regardent pas seulement vers le passé mais aussi vers l'avenir.
Marc Audet

Aux antipodes des produits de synthèse virtuels et insipides fabriqués par le Spectacle pour "occuper le terrain" (mythologique mais surtout commercial !), Patricia Barber, la quarantaine anonyme et un brin névrotique, incarne à elle seule le renouveau inespéré d’une espèce terriblement anachronique et qu’on pensait à vrai dire en voie d’extinction terminale : la chanteuse de jazz. Après plus de vingt ans passés à écumer les clubs de sa ville natale, Chicago, approfondissant chaque soir un peu plus un univers personnel parfaitement original, composé d’étranges chansons crépusculaires et tendrement ironiques, ancrées dans un imaginaire résolument jazz mais ouvertes aux diverses formes de la culture pop ambiante, Barber, trois disques confidentiels dans sa musette (Split (1989), A distorsion of Love(1992), Cafe Blues (1994)), sort enfin de ses nuits bleues embuées pour surexposer sa poésie mélancolique au grand jour. En contrat désormais avec le mythique label Blue Note, et après le beau succès d’estime de l’emblématique Modern Cool (1998) où, entre sensualité trouble et cérébralité assumée, toute l’ambivalence esthétique de sa musique de feu trouvait à s’exprimer enfin totalement, Patricia Barber s’attaque aujourd’hui à ce qui pourrait paraître à première vue un exercice de style un peu vain : le répertoire des standards. Modulant de sa voix souple au timbre grave envoûtant ces mélodies intemporelles, déroulant avec un sens exquis de la dramaturgie leurs petits scénarios émotionnels, laissant entendre bien plus qu’il ne se dit, simplement par quelques inflexions, une façon incroyable de se placer sur le tempo, plombant de son lyrisme sombre et très introspectif, leur insouciante légèreté, Barber s’accapare avec beaucoup de douce autorité cet imaginaire collectif.
les inrocks 23 févr. 2001

"J'ai toujours été déterminée à garder l'étiquette jazz et m'assurer que chaque arrangement, quel que soit le thème, ait un certain niveau de sophistication mélodique, rythmique ou harmonique. Difficile de dire exactement ce qu'est le jazz de nos jours. Je suis prête à en discuter avec quiconque le souhaite", répondait récemment la pianiste Patricia Barber à Alain Le Roux du webzine Le Jazz. Et ça n’est certainement pas à l’écoute de Companion qu’on ira lui contester un statut qu’elle défend brillamment, tant ce live enregistré au Green Mill de Chicago, son club habituel, reste à la fois l’une de ses plus belles réussites et l’un des meilleurs disques entendus cette année.
Retraçons rapidement son itinéraire en revenant en 1989, lorsque cette fille d’une chanteuse de blues (et d’un père qui joignait son saxophone au big band de Glenn Miller lors de ses passages par Chicago) enregistre Split avant d’expérimenter la conception de la liberté musicale d’une major, Verve, laquelle lui impose, pour son second album (Distorsion of love), de changer de musiciens. C’est en signant pour le petit label Premonition Records, dirigé par Michael Friedman (en partenariat avec Blue Note), qu’elle retrouve ses compagnons habituels -Michael Arnopol à la basse et Mark Walker à la batterie, rejoints par le guitariste John McLean. Café blue, en 1994, mais surtout Modern cool, en 1998, lui offrent un véritable succès, que devrait entretenir ce nouvel album.
La voix est faussement nonchalante, délicieusement suave et sombre, avec une pointe permanente d’ironie voilée qui lui donne un charme irrésistible ; le jeu de piano est ferme, intense et précis, avec quelque chose d’imperceptiblement féminin. Au Steinway ou au B-3, accompagnée de musiciens irréprochables (Arnopol, McLean, Eric Montzka à la batterie et Ruben P. Alvarez aux percussions), elle crée des ambiances suspendues pleines de mystère, de tensions et de détentes, sans se départir de ce ton qui fascine et ensorcelle (d’autant plus que les textes de ses propres compositions sont d’une rare finesse : écoutez le génial Touch of trash), recourant à des couleurs instrumentales qui permettent autant le groove (jeux rythmiques et basse puissante) que l’incongruité (les solos parfois bizarres de McLean). Avec un Black magic woman noir à souhait s’achève une heure de rare envoûtement musical. La chanteuse de l’année, sans hésitation.
Bernard Quiriny Chronic'Art

le SITE de Patricia BARBER

(lien dans le commentaire)

1 commentaire:

EdkOb a dit…

Split, partie 1 : http://www.mediafire.com/?0l0stadwgoh

Split, partie 2 : http://www.mediafire.com/?bummmmizlzm

Prenez le temps d'écouter, et n'oubliez pas d'acheter les alboumes.

Bonne écoute, en passant