3.1.08

306 - une barque, des vies

J’aime des mondes. Des merveilles. Des mondes peuplés de démons. Habités et hantés par des gens qui viennent et partent sur des barques. Qui débarquent. Là. Maintenant, main tendue, main tenue. Prendre des mains. Maintenant.

Vous avez déjà vu des pieds nus dont la trace sur le sable s’efface ? Sommes-nous de sable ? Posez vos mains. Je m’oppose à l’eau noire et épaisse. J’érige des digues. Que les pas tracent. Qu’ils disent les corps et les vies. Sommes-nous la vie ?

Je propose des voyages sans termes, infinis et déroutants. Dans le temps. Poser des bornes sur les nuages, pour enfin dire la route des fous et les suivre à la trace, gouttes d’eau sur les lèvres, peaux humides, regards voilés, pellicule sur les yeux, film, chants, tempêtes, volcans, flux et reflux, ondes et océans.

Qui portent les barques. Qui viennent de tous les mondes.

« Je questionne et mène l’enquête sur l’objet de votre quête. Ah, donc survivre sera votre propos. Je vais ainsi le rendre moins urgent, le lisser, le taire puis vous taire(miner) », dit le récipiendaire.

Appointé, car molosse. Débonnaire mais tortionnaire. Cruel, et paternel.

Vous n’aurez pas ma peau. Il reste de la chair sur mes os. Et je vais nourrir cette chair, et celle de mes proches, et toutes les chairs précaires.

Je serais l’errant éternel, celui qui franchit vos limites. Vous tentez de coloniser les plages pour effacer nos pas et nos vies. Mais il nous reste les grains, de sable et de peau. Toutes nos peaux, soyeuses et rêches, lisses et craquelées, tendues et souples, vivantes et vivantes.

La vie ne peut s’accommoder de barrières. Vos erreurs vous marquent, vos décisions vous traquent, vos errements nous renforcent.

Dressez des murs, érigez des dogmes… vos barrières sont vos prisons.

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