14.8.06

9 - Ce n'est donc que de la musique (suite)

Voici un avis d'expert sur le disque proposé ci-dessous (rappel : cet alboume s'appelle "Songs of the Spanish Civil War")

La période de la guerre civile en Espagne (1936-1939) a déjà été évoquée par le monde du jazz au sens large, en particulier par Charlie Haden avec son Liberation Music Orchestra (thématique alors étendue à l'Amérique latine par le musicien), qui a arrangé des chants révolutionnaires, ou par le collectif Los Incontrolados dans un portrait de l'anarchiste Buenaventura Durruti.

Ramon Lopez, batteur et percussionniste, né à Alicante, devenu en quelques années un interlocuteur recherché (avec Denis Colin, François Cotinaud, l'ONJ, Lousadzak de Claude Tchamitchian...) est remonté aux sources de ce répertoire, à savoir des airs traditionnels rendant compte de précédentes révoltes au XIXè siècle, bases mélodiques auxquelles on été ajoutés ou substitués des textes circonstanciés.

Evitant l'emphase qui surlignerait l'aspect martial propre au «genre», préférant la citation rapide à une fidélité systématique, Ramon Lopez fait oeuvre d'arrangeur en valorisant des détails mélodiques et donne à ses compagnons de musique (Daunik Lazro aux saxophones, Thierry Madiot au trombone basse, Paul Rogers à la contrebasse et, ponctuellement, la voix de Beñat Achiary) un espace de liberté formelle que son sujet appelle. Tous musiciens improvisateurs qui donnent d'El Quinto regimiento, La Santa Espina ou Los Cuatro generales des versions lyriques, vibrantes, habitées, sans visée exotique ou virée vers le goût du jour.

SYLVAIN SICLIER. LE MONDE 20/1/2001 (France)

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