En 2001, Oren Bloedow et Jennifer Charles enregistraient un album éponyme sous le nom à consonance latine de La Mar Enfortuna. Paru dans la série « Radical Jewish Culture » du label Tzadik de John Zorn - dont le riche catalogue dédié à la musique juive compose une mosaïque de sons particulièrement bigarrée -, un an après la sortie du vénéneux Queen of the Meadow, ce disque montrait une facette insoupçonnée du duo. Accompagné d’une bonne quinzaine de musiciens (clarinette, violon, violoncelle, flûte, accordéon, percussions, trombone...), le groupe y reprenait en effet des chansons traditionnelles, à la fois issues d’un répertoire arabo-andalou et représentatives de la diaspora juive, a priori plutôt éloigné de son univers musical situé aux portes du rock crépusculaire et du jazz charnel. En réalité, loin de constituer une simple pause récréative entre deux albums, La Mar Enfortuna venait prolonger et réinventer l’esthétique du duo (à l’époque en quête d’un nouveau label) en fécondant de nouveaux territoires - comme le funk, la musique hébraïque, le flamenco ou encore l’avant-garde rock -, sans que l’un prenne le pas sur l’autre et l’ensemble ne se transforme en un patchwork indigeste. C’est au contraire la cohérence et l’homogénéité du projet qui impressionna d’emblée, tout comme son pouvoir de fascination et son immédiate beauté.
[...]
Pinkhusion
[...]
Lorsqu'en 2001 sort La Mar Enfortuna, chez Tzadik déjà, le groupe surgit là où, à tort, on ne l'attendait pas. Une veine que, toujours chez Tzadik, le couple poursuivra pour nombre de collaborations : tribute to Serge Gainsbourg ou Marc Bolan, collaboration avec Sasha Argov ou Ben Perowsky.
Le projet La Mar Enfortuna veut donner à entendre des compositions puisées dans le riche répertoire des chansons séfarades. Des chansons d'amour, des chansons tristes, des chansons de dévotion, des chansons sans beaucoup d'illusion. Chantées en judéo-espagnol, en hébreu ou en arabe. Tirées d'un répertoire savant qui emprunte ses constructions au maqam arabe, mais aussi aux canticas, mélodies plus simples et populaires.
[...]
[...]
Guitarist Oren Bloedow and vocalist Jennifer Charles are better know as the axe and voice behind Elysian Fields. La Mar Enfortuna is part of Tzadik's Radical Jewish Culture series, and earns its place. Bloedow and Charles have taken into their collective arms the historical Sephardim melodies and dressed them in modern clothing while retaining their spirit and melodic constructions. Utilizing the talents of many collaborators, including Ted Reichman, Jamie Saft, Ed Pastorini, and Kenny Wollesen, Bloedow and Charles employ dozens of instruments to get at the dark, mysterious spirit of the Sephardim's musical heritage. They go so far as to take a piece of a melody, as in "La Rosa," and color it with enough Spanish musicality, enough Jewish history, and sexy blues, to render it a ghost of its image, to be sure. But it's a ghost that is every bit as potent as the music it was inspired by, loaded emotionally and physically with emotion, sensual grace, and the hint of sound effects trickery, that lends it a slightly creepy air -- especially when we hear the sampled voices screaming in the background. On "A La Uno Ya Naci," Charles takes the Wurlitzer as her chosen instrument of creaky expression, and slips through the snaky lines wrought by Bloedow and Steve Bernstein's elegantly muted trumpet to paint a picture of a love so broken, yet so constant, it could only have existed in antiquity. But in her breathy, subtle vocal timbres and hushed accents, she finds the same passion within herself to carry the lyric into the present and make it believable. La Mar Enfortuna is among the most accessible records issued in the Tzadik series, but it is poignant and provocative nonetheless, full smoldering passions, broken lives, shattered hearts, and a sense of migration and dislocation. It offers a view of the trace, the cipher, the place where something or someone used to be but the only thing left is his possessions. Ultimately, La Mar Enfortuna is a record of disappearance and memory, and from this gorgeous, heartbreakingly beautiful, and sensual account of memory expressed, new traditions are created from the passage of the old.
[...]
1 commentaire:
Juste un de ces alboumes à emporter sur la fameuse île déserte.... mais pas le seul ;) ni tout seul !
http://rapidshare.com/files/269404696/JC_OB_LME.rar
Enregistrer un commentaire