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Six ans après ce début prometteur, Convivencia, dédié au poète Federico Garcia Lorca, se nourrit des mêmes ingrédients originels : musique sérafade du XIe et XVIe siècle, chansons traditionnelles et populaires d’inspiration moyen-orientales - revues à l’aune du rock, du jazz ou de la pop dévoyés - chantées tantôt en arabe, en grec, en espagnol, en araméen et en anglais, participation de nombreux musiciens additionnels, production de John Zorn... Ne serait-ce que sur le papier, ce deuxième album réfute toute idée de frontières et de sclérose culturelle. Lorsque Jennifer Charles interprète en arabe, de façon langoureuse, “Ya Kalbi Khalli Hall”, sa voix suave et volontiers sensuelle se modulant en fonction des arabesques de l’oud joué par Oren Bloedow, sans doute faut-il y entendre beaucoup plus qu’une provocation facile : l’émancipation de la femme se trouve moins célébrée par le biais de la musique qu’elle ne sert de levier à l’expression d’une voix (juive en l’occurrence) qui traverse siècles et territoires pour chanter le partage, la « coexistence » culturelle, autrefois coulant de source, aujourd’hui source de sang qui coule.
De même, l’inattendu finale de “Pali Mou Kanis To Vari”, sorte de montée en puissance soutenue par l’association de plus en plus enlevée batterie/guitare électrique/omnichord, subtilement attisée par une clarinette vindicative, injecte le rock brut dans les veines d’une chanson grecque d’un autre temps. Contraste aucunement artificiel, tout autant actualisation vibrante du passé et mise en perspective d’un dialogue fertile, qui outrepasse la vulgate du choc des cultures et échappe à l’étiquetage worldisant. La Mar Enfortuna n’est pas de ces groupes « nouveaux riches » qui, lassés de leur propre personne, vont chercher ailleurs de quoi se divertir d’eux-mêmes, visiter quelques pays oubliés afin d’en ramener des trésors cachés, brandis ensuite comme des faire-valoir. L’impossibilité reconduite de morceau en morceau à catégoriser la musique entendue, à lui assigner une unique provenance, témoigne de son extrême sophistication et de la fluidité des arrangements d’Oren Bloedow, passé maître dans l’ornementation et l’incursion de détails aussi variés qu’étonnants. Minutieusement incorporés à l’ensemble (guitare, accordéon, piano, dumbek sont souvent utilisés en contrepoint), ces motifs instrumentaux étendent le champ sonore bien au-delà des attentes que suscite un tel projet.
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Six years have passed since La Mar Enfortuna's first, self-titled album, one of the most successful projects from Tzadik's Radical Jewish Culture series, and the concept is even more ambitious on this beautiful release: a modern exploration of lost or forgotten music, mostly of the Sephardim from the 11th to the 16th century, but this time the Sephardic tradition covers everything from Arabic songs through Greek and Balkan influences, Pakistani devotional kawali vocal music and back to modern day Spain.
The suggestive vocals of Jennifer Charles are still at the center, and the addition of Morocco-born, New York-based oud player and vocalist Brahim Fribgane solidifies the distinctive Middle-Eastern sound. Downtown multi-instrumentalists Ted Reichman and Doug Weiselman, who played on the first release, as well as on other Elysian Fields projects, are again on board.
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All About Jazz
3 commentaires:
Je vais partir ur l'ile déserte, ça y est, c'est prévu, avec ce deuxième alboume de ce duo magique et avec Jennifer Charles.
Ne me demandez pas comment c'est possible, même moi je ne sais pas.
Et là, franchement, j'avoue encore ne pas y croire, tellement c'est incroyable.
Plus j'écoute, plus je suis littéralement en transe, tellement c'est beau.
Alors, imaginez le coup de l'ile déserte avec Jennifer.
Surtout, surtout, ne lui dites rien, cela lui fera une surprise.
J'adore faire des surprises.
http://rapidshare.com/files/269461137/JC_OB_LME_C.rar
un grand merci pour le lien vers Pinkushion, c'est toujours agréable de se voir citer en un lieu fort respectable
tu ne me sembles pas si maladroit que ça d'ailleurs pour exprimer tes impressions (cf. ton dernier post plus haut où tu sembles indiquer le contraire), enfin je ne fais que passer (le message)
bien à toi
ff
Hello fabrice,
bienvenue, en passant.
Quand des passionnés de musiques de traverses savent mettre en mots leurs émotions, sans se laisser déborder ni perdre leur sens critique et en assumant toute la subjectivité qui est notre humaine nature, ces combinaisons (et beaucoup d'autres paramètres, la sensibilité en est un) produisent des textes remarquables, donc je cite. C'est le moins que je puisse faire.
Et merci encore d'être passé.
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