29.12.08

695 - Hélène Labarrière "Les Temps Changent"



Hélène Labarrière contrebasse François Corneloup saxophone baryton Hasse Poulsen guitare Christophe Marguet batterie Soizig Un jour plus tôt Regard suspendu September the bass Good boy Une cure d'inefficacité Histoire de collection Une femme sous influence La complainte de la butte Donde estan ustedes

À propos de ce disque, on a envie de laisser parler Hélène Labarrière : “Les temps changent”, et nous changent, parce qu’un groupe c’est aussi la somme de toutes ces rencontres, et que le temps déjà passé ensemble et séparément, contribue à nous faire construire, déconstruire et reconstruire la musique dans l’instant.

De "Soizig" qui ouvre cet album jusqu’à "Donde Estan Ustedes" qui le clôture, en passant par l’entêtant "Good boy" et "La Complainte de la Butte" à la sauvage ouverture, on a constamment la sensation d’un terrain mouvant aux multiples possibles. Les quatre musiciens semblent saisir au vol les options qui s’offrent à eux comme on attrape une balle au rebond avant de la renvoyer à son partenaire de jeu. Du jeu, c’est bien de cela dont il s’agit, mais de haut niveau. De la trempe de ceux qui n'oublient jamais leur objectif.

Pour ce second album (le précédent, "Machination", est paru il y a dix ans de cela), Hélène Labarrière, que l’on a eu l’occasion d’entendre de multiples fois, aux côtés de Sylvain Kassap notamment, auprès de qui elle fait merveille, s’est entouré de personnalités dont on ne peut penser que du bien, ne serait-ce qu’à la vue de leurs parcours qui entrent en résonance avec celui de la contrebassiste, mais également de leurs propositions artistiques. Le batteur Christophe Marguet, le saxophoniste baryton François Corneloup et le guitariste Hasse Poulsen apportent chacun une part d’eux-mêmes qui nourri le projet commun. On ressent ce bouillonnement qui ne cesse de maintenir l’attention de l’auditeur et surtout lui procure des sensations diverses, des émotions quelquefois fortes ou surprenantes.

Une œuvre ambitieuse et exigeante pour celui qui la découvre, mais d’une exigence définitivement à la hauteur de son contenu.

Pierre Villeret - Macao

[...] Difficile de chroniquer un album quand il vous embarque aussi loin que celui-là et que vous n’êtes pas encore revenu(e). Plus encore quand son titre vous rappelle l’avertissement d’oncle Bob : "And Keep your Eyes Wide / The Chance Won’t Come Again / And Don’t Speak Too Soon / For the Wheel’s Still in Spin." (The Times They Are A-Changin’)

Les yeux grands ouverts, en effet, et l’esprit : Hélène Labarrière vous emmène au-devant d’un monde aux couleurs et aux formes changeantes, aux ambiances sombres ou faussement simples, calmes ou déchirées/déchirantes.

La visite se fait dans un sens défini : les compositions s’enchaînent dans un ordre précis ; en plusieurs occasions, insensiblement, les dernières mesures d’un morceau appellent le suivant au point qu’on ne conçoit pas d’écouter une plage seule ("Un jour plus tôt" / "Regard suspendu" / "September the Bass" ; "Histoire de collection" / "Une femme sous influence"). D’ailleurs les titres eux-mêmes... [...]

Diane Gastellu - Citizen Jazz


Hélène Labarrière est pour moi une musicienne d’une totale intégrité : maîtrisant physiquement totalement sa contrebasse, elle démontre également une grande force d’abstraction — faisant preuve d’une vraie intelligence dans l’utilisation de ses merveilleuses aptitudes athlétiques. Et surtout (puisqu’il s’agit de musique après tout !) Hélène possède une véritable identité sonore. Sa façon de composer est à la fois érudite, aventureuse et plus que tout, aussi parfaitement organique que son jeu de contrebasse. C’est la Nature même qui semble s’exprimer à travers elle aussi naturellement que les fruits viennent s’épanouir aux branches des arbres après que le soleil et la pluie ont fait leur travail. J’ai eu l’occasion de l’entendre jouer dans de nombreux contextes différents, mais jamais je pense, avant ce magnifique CD, dans le rôle de directeur et catalyseur musical. Le soin avec lequel elle a choisi ici ses camarades démontre son souci du détail : ces musiciens savent jouer ensemble, à la façon d’une entité vivante et cohérente. De toute façon (les mots sont inévitablement maladroits) comme le dit le sens commun : cette musique parle d’elle-même. Portez toute l’attention qu’il mérite à ce fruit arrivé à maturité. Et nourrissez-en vos oreilles !

«Salam and Takadum» Robert Wyatt

Voir la galerie de Christophe Alary, sur flickr.

1 titre en écoute :

Good Boy

Disponible chez les Allumés du Jazz.
Alboume indispensable.

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