20.7.07

220 - Big Dave Holland




Remarqué et engagé par Miles Davis en 1968, l'Anglais Dave Holland a déjà un beau parcours de jazzman (sideman puis leader) quand à 55 ans, sacré musicien de l'année par la revue Down Beat, il se décide à créer un grand orchestre de treize musiciens qui, comme le Concert Jazz Band de Gerry Mulligan, ne comporte ni piano ni guitare. Artiste en résidence au Festival de Montréal 2000, le contrebassiste avait présenté cinq formations différentes dont un big band qu'on retrouve ici superbement produit et enregistré (en janvier 2001), comme d'habitude, par le label munichois. Sorte d'extension, de prolongement surtout, de son dernier quintette (le troisième disque Not For Nothing), cette formation étonne par son échelle intimiste, la mise en scène des solos, la forme close influant sur l'improvisation avec des lignes mélodiques sur un nombre fixe de mesures et pas seulement des séries d'accords, intrigue par le développement de motifs rythmiques originaux grâce surtout au formidable batteur, Billy Kilson ainsi que les interventions, la ponctuation du vibraphoniste Steve Nelson.

Cette extension du domaine de l'orchestre s'entend nettement lorsqu'on compare les quatre titres sur sept précédemment enregistrés par le quintette, principalement l'étendue et la diversité de la palette sonore.Point de révolution (pouvait-on s'y attendre) de la part de ce musicien aventureux et expérimentateur ; plutôt la recherche d'une nouvelle écriture (Dave Holland est l'auteur des arrangements) dans une configuration nouvelle mais en laissant une grande part aux solistes choisis avec un soin et un résultat remarquables. A écouter, sans modération.On est bien loin du schéma " classique " des grands orchestre de la grande époque su Swing des années 30.

Sitarmag

La première bonne idée de Dave Holland au moment de se lancer dans le défi improbable que constitue la réunion d’un grand orchestre, c’est le nombre : ils sont treize à composer son "big band". Un format assez imposant pour épaissir le son d’ensemble, s’offrir les montées en puissance d’une section de cuivres, ses riffs à l’ancienne, mais aussi susceptible de préserver la souplesse d’une structure plus compacte, sa réactivité. La deuxième réussite tient dans l’écriture. Dave Holland vénère Duke Ellington, Billy Strayhorn, la minutie de leurs arrangements, mais son parcours est jalonné d’expérimentations, rythmiques, collectives. Passeur d’idées, instrumentiste apprécié pour la sûreté de son jeu, Dave Holland fait briller ses partenaires, même lorsqu’il enfile discrètement les habits de leader. Au milieu de ses douze partenaires, il est un peu l’aiguilleur, le “dynamiseur”. Conçue comme une extension naturelle de son travail pour quintet – plusieurs thèmes ont d’ailleurs été préalablement enregistrés par le sien –, la matière abordée par son big band garde son interactivité. Animé par les membres réguliers de ce quintette, le groupe bouillonne là où nombre d’orchestres ronronnent, enflent le trait, jusqu’à l’emphase. Classique dans sa façon d’alterner les mouvements collectifs et de détourer les prises de parole des solistes, Dave Holland trouve un ton original dans la liberté laissée aux intervenants – les saxophonistes Antonio Hart, Chris Potter ou le tromboniste Robin Eubanks –, souvent en duo, en trio, ou en opposition. Surtout, deux musiciens atypiques illuminent cette session de bout en bout. Billy Kilson, dont le drumming explosif dynamite le big band comme il le ferait d’un trio. Et puis Steve Nelson, vibraphoniste lunaire, judicieusement choisi en lieu et place d’un habituel pianiste, enchantement permanent dans ses accompagnements subtils, dont la transparence métallique n’a de cesse de scintiller tout au long de cet enregistrement de grande qualité.

Romain Grosman
lesinrocks

1. Triple Dance
2. Blues For C.m.
3. The Razor's Edge
4. What Goes Around
5. Upswing
6. First Snow
7. Shadow Dance

Dave Holland, bass, leader
Earl Gardner, Alex Sipiagin, Duane Eubanks, trumpet, flugelhorn
Robin Eubanks, Andre Hayward, Josh Roseman, trombone
Antonio Hart, alto sax, flute
Mark Gross, alto sax
Chris Potter, tenor sax
Gary Smulyan, baritone sax
Steve Nelson, vibes
Billy Kilson, drums.

(lien dans le commentaire)

2 commentaires:

EdkOb a dit…

http://sharebee.com/a0cee358

bonne écoute, les passants

Unknown a dit…

Thank you very much for this post! enjoyed the music immensely.

more power!

rom