31.1.09

730 - Beirut "March of the Zapotec"


Il est question d'Oaxaca.

De l'état d'Oaxaca.
Celui qui pose problème au pouvoir qui règne au Mexique.

29.1.09

729 - Rafles à l'école



La préfecture de Grenoble vient chercher les enfants dans les classes pour les expulser avec leurs parents, c’est arrivé il y a quelques jours à l’école du jardin de ville.

Lundi 24 novembre vers 15h30, nos enfants ont assisté au départ précipité des 3 de leurs camarades. Encadrés par des policiers jusque dans l’enceinte de l’Ecole maternelle, leurs parents sont venus chercher Jashko, Ricardo et Muhamed en pleine classe.

Ils ont été expulsés de Francemardi matin à la première heure sans possibilité effective de recours. Comme nos enfants, nous sommes choqués par cet évènement. Nous tenons à exprimer notre profonde indignation :

- face à la présence de la police dans l’enceinte de l’école,
- face au départ contraint de trois enfants pendant la classe.

Nous demandons au Préfet des explications sur cette intrusion policière dans l’Ecole. Une audience au service de la préfecture a été demandée pour le jeudi 27 novembre à 18h00. Une délégation de Parents d’élèves quittera l’école à 17h45 pour se rendre à la préfecture. La place de ces enfants est à l’école pour poursuivre leur année scolaire au côté de leurs camarades !

Collectif de parents d’élèves du jardin de ville.

(Besson ne doit pas démériter, après Hortefeux. Encore un ministre très zélé, comme le fonctionnaire d'état logé à la préfecture. C'est le zèle qui fait le fonctionnaire).

28.1.09

728 - A Gourdon (Lot), l'ultra-gauche déraille encore

Vous connaissiez Tarnac et son groupuscule de saboteurs de TGV ? Il y a pire. Bien plus dangereux. Beaucoup plus menaçant. Voici Gourdon et ses terroristes anti-SNCF. Dans la paisible sous-préfecture du Lot, l’ultra-gauche a encore frappé. Au grand jour, devant les caméras de TF1 ! Mais que fait Michèle Alliot-Marie ? Elle n’a pas vu le reportage diffusé dans Sept à huit hier soir ? Elle n’a pas vu tous ces trains arrêtés par la seule volonté d’un petit groupe d’anarcho-autonomes ?

Les enquêteurs de TF1 ont réussi à gagner la confiance de Michel et Monique, deux des activistes parmi les plus dangereux. Leur apparence inoffensive ne doit pas tromper. Cette allure de gentils retraités n’est qu’une couverture pour des menées subversives. A leur actif, des dizaines de trains retardés en gare de Gourdon. Pourtant, ils ne cherchent pas à se cacher. « Avec l’habitude, Michel prend le temps de saluer les forces de l’ordre », note le commentaire. La gendarmerie elle-même serait-elle gangrenée ? Il est certain que les terroristes bénéficient de complicités dans la population locale.

Le Blog télé de Samuel Gontier (télérama).

26.1.09

726 - Mickey 3 D "Respire"


Mickey 3 D ~ Respire
envoyé par moriganne

Je cherche "la France à peur".... Cette vidéo aurait-elle disparue ?


Une trace par là : http://video.paroles.net/clip/26183

Soyez rassurées, la France doit avoir peur.

25.1.09

725 - Une centaine de manifestants arrétés à Paris : qui a parlé de rafles ?


Lire sur Rue 89.

Après les irréguliers traqués par Hortefeux, les jeunes.

Chacun y aura droit.
Rappelez-vous : près de 600 000 personnes en garde à vue en 2008.
1 français sur 10.

Enlevez les bébés, les jeunes enfants, les personnes âgées, les femmes enceintes, les veuves de guerre, les retraités du ministère de l'intérieur, du ministère des armées.... les chasseurs qui tirent sur des caténaires (immédiatement absous, à l'inverse de Julien Coupat qui lui, sans la moindre preuve, est encore enfermé), les présentateurs météo, les journalistes du PAF (tous embedded par MAM qui ment) qui en font des tonnes (en voici un exemple, un parmi mille autres), les personnes en situation de handicap (tiens, au fait, quid de l'application stricte et ferme de la loi) qui galèrent comme les valides, ...

Et pourquoi cette centaine d'arrestation ?
Pour délit de manifestation en soutien à des personnes emprisonnées sous l'inculpation de terrorisme.
Si, de terrorisme.

Nous sommes tous potentiellement en état d'être arrêté pour terrorisme.
Ainsi, pas besoin de preuves, de faits, d'éléments indiscutables...
Rien.

Il existe maintenant un délit d'intention, nommé "terrorisme".

Et rien ni personne ne peut savoir ce qui se passe au cours de la période des 96 heures de garde à vue.
Période suivie d'emprisonnement, préventif, quitte à moisir en attente d'un procès qui parfois tarde.

724 - Royksopp - Poor Leno

24.1.09

723 - Buffalo Collision "Live Saalfeden 23 aout 2008"




Tim Berne,as
Hank Roberts,cello
than
Iverson,p

Dave King,dr

Prenez le pianiste et le batteur de "The Bad Plus" Comme ça, en passant. Des artistes fréquentables. De ceux qui pourraient être adopté ici. Et même en phase avec les pas. Des passantEs. Surtout, ne les laissez pas refroidir, car très vite, il faut y ajouter 2 autres phénomènes, pas de foires, mais quand même classés dans la catégories "monstres sacrés".

Tim Berne. Le passant n'a pas d'alboume de Tim Berne sous la main, mais sachez que nous sommes assez nombreux à savoir. Et à suivre depuis longtemps les sons de Berne.

Hank Roberts. Que dire, si ce n'est que cet artiste apporte son âme et des trucs peu explicites, mais essentiels. Voilà pour ce 4tet qui joue ce soir à la Dynamo. Heureux les passantEs qui peuvent s'y rendre. Choc ? Oui, sans l'ombre des doutes de nos époques banalisées.

23.1.09

722 - Brad Shepik Trio live Bremen (12 octobre 2008)


Brad Shepik guitare
Gary Versace orgue
Tom Rainey batterie

Mais qui est donc Brad Shepik ?

C'est le même Brad Shepik de ce trio des âmes errantes.
Et c'est à la demande d'un passant.
Alors, si je peux...

18 02 2009 :
links deleted, by request

22.1.09

721 - Savina Yannatou "Musique des chambres"


1. There was a poem (A)
2. Lord
3. There was a poem (Β)
4. The child and the bandits
5. And the memory of a sun
6. In a springtime meadow
7. Open up to me (Excerpted from "Song of Songs")
8. An evening (A)
9. Marguerite never arrived
10. Is anybody here?
11. Sasi ... - blues
12. You pass your life hidden
13. I
14. Yo
15. Ioanna's absurdities
16. Voyage
17. The space and the objects
18. An evening (B)

Musiciens :
Heracles Vavatsikas – accordion
Dionisis Vervitsiotis - violin
Nikos Veliotis – cello,
Michalis Siganides - double bass.

Narration :
Savina Yannatou, Giorgos Koropoulis, Pedro Olalla.

Chants :
Savina Yannatou, Dimitris Papanikolaou, Kostas Zafiris

Participation:
Yannis Alexandris, Kostas Vomvolos





Every CD of Savina is unique. Every time it feels like a different kind of music that can not fall into any category. The «Musique des Chambres" is brief and has the charisma of a myth. Therefore, their individual voices, the exceptional musical creations and the small number of instruments give another dimension, that will make her take her place in history.
(Ioanna)

****************


The new album of Savina Yannatou, titled "Musique des Chambres", has as its starting point the song by Giorgos Mouzakis, "An evening" and its general theme revolves around the shows of the 3rd Program (Greek Radio program), in 1993, with the same title.
Songs by Hadjidaki, Mouzaki, Aggelaka-Velioti, Siganidi and Savina herself, converse in this album with improvisations and voicing games, which she sings, speaks and at times her voice is utilized as an instrument. Also, poems by T. Sinopoulou, G. Pavlopoulou, T. Livaditi, H. L. Borges, and others where the words take turns with the inarticulate speech on top of a sound bed with elements of Blues, free Jazz, typewriter sounds and overtones of Argentinian bandoneon.

720 - L'impact très positif du "peer to peer" sur l'économie

Après la communauté scientifique (les scientifiques pro Hadopi se comptent sur les doigts de la main, les adversaires sont légion), et après la Commission Européenne, c’est désormais au tour du gouvernement Hollandais d’infliger un camouflet au gouvernement Français et à son projet de loi “Création et Internet”.

Lire ce rapport

719 - 96 heures qui déraillent : Sabotons l'antiterrorisme

20.1.09

718 - Tarnac ou les fantasmes du pouvoir, par Gabrielle Hallez

LE MONDE | 20.01.09 | 09h13 • Mis à jour le 20.01.09 | 09h13

J'ai été mise en examen et mise sous contrôle judiciaire suite aux arrestations du 11 novembre 2008. Sur les neuf personnes inculpées, Julien [Coupat] reste encore incarcéré. L'appel pour sa libération aura lieu dans les jours à venir. A nouveau l'attente. Le lent dégonflement de l'affaire continue, et une nouvelle étape a été franchie, vendredi 16 janvier, avec la sortie d'Yildune [Lévy]. Il en faudra d'autres.


Cette triste affaire aura au moins rappelé l'obsession du pouvoir : écraser tout ce qui s'organise et vit hors de ses normes.

Je ne voudrais pas qu'on puisse prendre cette histoire comme un événement isolé. Ce qui nous est arrivé est arrivé à d'autres, et peut arriver encore.

6h40 : braquée dans mon lit. Cagoulés, des hommes de la sous-direction de la lutte antiterroriste (SDAT) cherchent désespérément des armes en hurlant. Menottée sur une chaise, j'attends la fin des perquisitions, ballet absurde, pendant des heures, d'objets ordinaires mis sous scellés. Sachez-le, si cela vous arrive, ils embarquent tout le matériel informatique, vos brosses à dents pour les traces ADN, vos draps pour savoir avec qui vous dormez.

Après plus de huit heures de perquisition, ils me chargent dans une voiture. Direction : Paris-Levallois-Perret. Les journalistes cernent le village. Personne ne pourra manquer d'admirer le spectacle de la police en action, et les moyens imposants du ministère de l'intérieur quand il s'agit de sécuriser le territoire. Quand cinq flics arrêtent un type, ça peut sembler arbitraire, quand ils sont 150 et avec des cagoules, ça a l'air sérieux, c'est l'état d'urgence. La présence des journalistes fait partie de la même logique. Ce qui s'est passé là, comme les arrestations à Villiers-le-Bel, ce n'est pas un dérapage, c'est une méthode.

Levallois-Perret, locaux de la direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) et de la SDAT. Des préfabriqués sur trois étages, superposition de cellules spéciales, caméras panoptiques braquées en permanence sur toi. Quatre-vingt-seize heures de garde à vue. Mais le temps n'est vite plus un repère. Ni heure ni lumière du jour. Je ne sais pas combien de personnes ont été arrêtées. Je sais seulement, après notre arrivée, les motifs de mon arrestation.

Les interrogatoires s'enchaînent. Une fois huit heures sans pause, va-et-vient de nouveaux officiers qui se relaient. Mauvaises blagues, pressions, menaces : "Ta mère est la dixième personne mise en garde à vue dans le cadre de l'opération Taïga, on va la mettre en détention", "Tu ne reverras plus ta fille". Leur bassesse n'est pas une surprise. Ils me questionnaient sur tout : "Comment vivez-vous?", "Comment êtes-vous organisés pour manger?", "Est-ce que tu écris?", "Qu'est-ce que tu lis?" Ils voulaient des aveux pour donner corps à leur fantasme de cellule terroriste imaginaire.

Un des officiers de la police judiciaire (PJ) m'a annoncé, lors de la perquisition : "Nous sommes ennemis." Ennemis peut-être, mais nous ne sommes pas leur reflet. Il n'y a jamais eu de cellule invisible, et nous n'avons que faire de "chefs" et de "bras droits". La police croit toujours que ce qu'elle traque est organisé à son image, comme en d'autres temps, où elle brandissait le spectre du syndicat du crime.

Un gendarme me lit un communiqué allemand, diffusé le 10 novembre en Allemagne, qui revendique les sabotages dans le cadre d'une action antinucléaire. Sabotages dont ils veulent nous accuser. Le communiqué apparaîtra dans le rapport de la SDAT transmis à la presse dès la première semaine, puis sera quasiment oublié.

Au bout de trois jours, un avocat peut venir assister le prévenu retenu sous le coup d'une procédure antiterroriste. Trois jours pendant lesquels tu n'es au courant de rien d'autre que de ce que la police veut bien te dire, c'est-à-dire rien ou des mensonges. Alors oui, ce fut vraiment un soulagement quand on m'a annoncé que je pouvais voir mon avocate. Enfin des nouvelles de ma fille et de l'ampleur médiatique de l'affaire. Nouvelles aussi du village et du comité de soutien créé dans les premiers jours qui ont suivi l'arrestation.

Puis ce fut le dépôt (lieu de détention avant de comparaître devant le juge). Là s'entassent des centaines d'hommes et de femmes dans la crasse et l'attente. Une pensée pour Kafka dans le dédale de la souricière, infinité de couloirs gris et humides dont les portes s'ouvrent sur les rutilantes salles d'audience. Je suis amenée jusqu'aux galeries toutes neuves de la section antiterroriste pour comparaître devant le juge d'instruction. Puis la prison.

Fleury-Mérogis – la plus grande d'Europe. Tous les charognards gardent cette prison, pigeons, corneilles, mouettes et de nombreux rats. Nous y sommes arrivées, Manon (Gilbert), Yildune et moi en tant que détenues particulièrement surveillées (DPS), ce qui implique des mesures de surveillance plus soutenues, comme, d'être chaque nuit réveillées toutes les deux heures, lumières allumées et sommées de faire signe. Fouilles intensives et répétées. Ce statut, seules les prisonnières politiques basques l'ont à Fleury, et Isa l'avait eu aussi, en détention depuis bientôt un an sous le coup d'une procédure antiterroriste [cette personne est soupçonnée d'avoir posé un explosif sous une dépanneuse de la Préfecture de police de Paris, en mai 2007]. Les fouilles au corps, le mitard, les petites humiliations, le froid et la nourriture dégueulasse : le quotidien de la prison est fait pour écraser.

Par un concours de circonstances favorables, Manon et moi sommes sorties assez rapidement. Circonstances favorables, c'est-à-dire : nous sommes blanches, issues de la classe moyenne, ayant eu l'opportunité de faire des études; grâce aussi à la multiplication des comités de soutien. Et puis, il y avait l'actualité, marquée par des événements révélateurs du climat politique actuel qui ne sont pas passés inaperçus (par exemple cette descente policière musclée dans un collège).

Je dis "rapidement", par rapport aux détentions préventives qui durent, pour la plupart, des mois et des années. Qui durent, notamment, pour ceux pour qui ne jouent jamais ces "circonstances favorables". La plupart immigrés, voués au mépris de la police et des magistrats.

Mais ce qui est encore séparé au-dehors arrive à se reconnaître entre les murs de la prison. Des solidarités se nouent dans l'évidence d'une hostilité commune. La radicalisation de la situation amène de plus en plus de gens à subir la répression et la détention. Des rafles dans les banlieues aux peines de plus en plus nombreuses pour des grévistes ou des manifestants lors de mouvements sociaux.

Finalement, la prison est peut-être en passe de devenir un des rares lieux où s'opère la jonction tant redoutée par M. Sarkozy : "S'il y avait une connexion entre les étudiants et les banlieues, tout serait possible. Y compris une explosion généralisée et une fin de quinquennat épouvantable", avait-il dit en 2006.

Gabrielle Hallez, mise en examen dans l'affaire de Tarnac

18.1.09

717 - Don Cherry Ed Blackwell "MU"



Enregistré en 1969 à Paris, et édité séparément (c’était l’époque du vinyl, souvenez-vous !), puis réunis bien plus tard, voici un magistral témoignage de l’Art de Don Cherry, celui de s’imprégner de toutes les musiques pour les restituer sous la forme d’une langue universelle, celle de la musique mondiale.
Don Cherry (on the top) joue de tout (pas de tous les instruments possibles, mais se joue de tous ceux qu’il utilise), selon son inspiration, selon ce qui lui « parle » à ce moment là, selon sa vision de l’universel en totale immersion dans le temps, avec un grand Maître comme Ed Blackwell qui dicte une sarabande hors du temps (ce qui est paradoxal pour un batteur).
Il y a du free-jazz, mais on sent bien l’inspiration et le souffle de toutes les autres musiques et c’est là que l’on atteint cet universel musical.
Parfois les passants se perdent dans des méandres qui semblent bien dessinés, mais qui se révèlent à l’usage assez peu lisibles.
Ici, rien de cela, mais au contraire un chemin qui se créé selon les pas. Et chaque pas est un nouveau continent.
Alboume évènement qui préfigure, 10 ans avant, Codona.
Indispensable.

Don Cherry (Pocket Trumpet, Piano, Indian Flute, Bamboo Flute, Bells and Percussion)
Eb Blackwell (Drums and Percussion, Bells)

17.1.09

716 - Hot Chip avec Robert Wyatt & Geese


EP 4 titres, dont 3 avec notre ami Robert Wyatt.

1 Made in the Dark [ft. Robert Wyatt]
2 Whistle for Will [ft. Robert Wyatt]
3 We're Looking for a Lot of Love [ft. Robert Wyatt and Geese]
4 One Pure Thought (Geese Remix)

Genre remix.
C'était disponible par ici.

Et maintenant, chez le passant.
Comme une échappée.

15.1.09

715 - Temps mort

Ce blog a commencé avec Mazen Kerbaj.

Souvenez-vous.

C'est maintenant au tour de Gilad Atzmon.








Pour les mots, s'il en faut, en voici, c'est la traduction d'une pensée, celle de Gilad Atzmon.
Mais comme pour les musiques et les dessins de Mazen Kerbaj, c'est le silence qui s'impose.
Même ici.

La primauté de l'oreille

De la musique à l'éthique

Introduction (extraits)
La même question revient fréquemment quand je suis interviewé par des médias arabes: "Gilad, comment se fait-il que vous perceviez ce que beaucoup d'Israéliens refusent de voir?".
Pendant de nombreuses années, je n'avais aucune réponse à apporter. Cependant, j'ai réalisé récemment que cela a probablement un rapport avec mon saxophone. C'est la musique qui a modelé ma vision du conflit israélo-palestinien et qui a formé ma critique de l'identité juive.
Aujourd'hui, je vais vous parler du parcours de la musique jusqu'à l'éthique.
La vie, on le sait, prend tout son sens quand on la passe en revue du moment présent en remontant jusqu'à son origine.
Et c'est pourquoi, je vais tenter d'analyser ma propre lutte contre le sionisme à la lumière de mon évolution en temps que musicien. Et vous parler des blocages que je faisais naguère avec la musique arabe.
C'est, en quelque sorte, l'histoire de ma vie jusqu'à aujourd'hui (du moins l'une d'elles).

***
J'ai été élevé en Israël dans une famille laïque et, disons-le, sioniste.
Mon grand père était un ancien terroriste, d'une poésie charismatique, ancien officier supérieur de l'organisation terroriste de droite Irgoun. Je dois admettre qu'il a eu une énorme influence sur moi quand j'étais jeune.
Sa haine de tout ce qui n'était pas juif était son inspiration majeure.
Il haïssait les Allemands, et donc, il avait interdit à mon père d'acheter une voiture allemande. Il méprisait également les "Brits" parce qu'ils avaient colonisé sa "Terre Promise".
Je suppose qu'il ne haïssait pas les Brits autant que les Allemands parce qu'il avait autorisé mon père à conduire une vieille Vauxhall Viva.
Il était également plutôt remonté contre les Palestiniens pour s'être installés sur des terres dont il était sûr qu'elles lui revenaient à lui, et à son peuple.
Assez souvent, il disait, à propos des Palestiniens: "Ces Arabes, ils ont des tas de pays, pourquoi faut-il qu'ils viennent se mettre juste à l'endroit où nous voulons vivre?"
Mais plus que tout au monde, mon grand père détestait les Juifs de gauche.
Cependant, il est important de noter que, dans la mesure où les Juifs de gauche n'ont jamais produit de voiture, cette haine particulière ne s'est pas traduite par des conflits d'intérêts entre mon père et lui.
Adepte de Zeev Jabotinsky, mon grand père, s'était rendu à l'évidence que la philosophie de gauche et le système de valeurs juif étaient une contradiction en soi.
Ancien terroriste de droite en même temps que Juif tribal sûr de sa supériorité, il savait parfaitement que le tribalisme ne peut pas cohabiter pacifiquement avec l'humanisme et l'universalisme.
Suivant les préceptes de son mentor, Zeev Jabotinsky, il croyait en la philosophie du *"Mur de Fer". Il partait du principe que les Arabes devaient être combattus avec bravoure et férocité. Citant l'antienne du Bétar, il aimait à répéter :"Dans le sang et la sueur, nous construirons notre race".
Mon grand père croyait en une race juive, moi aussi quand j'étais très jeune.
Comme mes pairs, je ne voyais pas les Palestiniens autour de moi. Ils étaient là pourtant, c'est sûr: ils réparaient la voiture de mon père pour moitié prix, ils construisaient nos maisons, ils ramassaient nos ordures, ils trimbalaient les cartons dans les petits commerces locaux, mais ils disparaissaient toujours juste avant le coucher du soleil pour réapparaître le lendemain à l'aube. Ils ne se mêlaient jamais à nos activités. Nous ne comprenions pas vraiment qui ils étaient et ce qu'ils représentaient. La suprématie était, sans aucun doute, infuse chez nous au plus profond de nos êtres et nous regardions le monde à travers le prisme du racisme et du chauvinisme.
A l'âge de 17 ans, je me préparais à effectuer mon service militaire obligatoire dans l'IDF (Israel Defense Forces). Adolescent bien bâti, imprégné de l'âme sioniste et immergé dans le pharisaïsme, j'étais destiné à être incorporé dans une unité spéciale de sauvetage de l'Armée de l'Air.

Mais c'est alors que s'est produit l'imprévisible.
Dans une émission de radio tardive, j'ai entendu des morceaux de l'album "Bird (Charlie Parker) with Strings"

J'étais sonné. C'était, de loin, plus pur, plus poétique, plus sentimental et cependant plus fou que tout ce qui m'avait été donné d'entendre jusqu'à présent. Mon père écoutait Bennie Goodman et Artie Shaw, qui étaient tous deux plaisants à écouter, et jouaient fort bien, ma foi, de la clarinette, mais Bird, c'était une toute autre histoire. C'était une féerie jouissive d'esprit et d'énergie à lui tout seul.
Le lendemain, je décidais de manquer l'école pour me précipiter à Piccadilly Record, le plus grand magasin de musique de Jérusalem. Dans la section jazz, j'achetais tous les albums de be-bop que j'avais trouvés dans les rayons (en tout, deux albums, je crois).
C'est une fois dans le bus, en rentrant chez moi, que j'ai réalisé que Bird était noir, en réalité. Cela ne m'a pas totalement surpris mais c'était une sorte de révélation: dans mon univers, seuls les Juifs étaient associés avec ce qu'il y avait de bien sur terre. Bird, c'était le début d'une aventure.

A l'époque, comme mes semblables, j'étais persuadé que les Juifs étaient effectivement le peuple élu. Ma génération avait été élevée avec, à l'esprit, la victoire magique de la Guerre des Six Jours, nous étions complètement sûrs de nous.
Comme nous étions laïcs, nous associons chaque succès à nos qualités toutes-puissantes. Nous ne croyions pas en l'intervention divine, nous croyions en nous.
Nous croyions que notre force émanait de notre essence hébraïque ressuscitée.
les Palestiniens, de leur côté, nous servaient docilement et il ne semblait pas à l'époque que cette situation allait changer un jour. Ils ne montraient aucun signe de rébellion collective. Les attaques sporadiques soi-disant "terroristes" nous donnaient le sentiment d'être vertueux, et nous enflaient du désir de nous venger.
Mais d'une certaine façon, au milieu de cette fantasia de sentiment de supériorité, à ma grande surprise, j'avais quand même fini par réaliser que les gens qui me procuraient le plus de plaisir étaient une bande de Noirs américains. Des gens qui n'avaient rien à voir avec le miracle sioniste. Des gens qui n'avaient rien à faire dans ma propre tribu sectaire et chauvine.
Il ne m'a pas fallu plus de deux jours pour louer mon premier saxo. Le saxo est un instrument dont on apprend vite les rudiments … si vous ne me croyez pas, demandez à Bill Clinton.
Cependant, aussi facile qu'il soit d'en jouer, de là à jouer comme Bird ou Cannonball, cela me semblait mission impossible. Je me suis mis à m'exercer jour et nuit, et plus je jouais, plus je me sentais écrasé par la réussite extraordinaire de cette famille géniale de musiciens noirs américains, une famille que je commençais à bien connaître désormais.
En l'espace d'un mois, j'avais découvert Sonny Rollins, Joe Henderson, Hank Mobley, Monk, Oscar Peterson et le Duke, et plus je les écoutais, plus je me rendais compte que mon éducation initiale "judéo-centrique" était complètement erronée. Au bout d'un mois passé avec le saxo vissé aux lèvres, mon enthousiasme sioniste s'était complètement évaporé.
Au lieu de rêver de piloter des hélicos au-dessus des lignes ennemies, je commençais à m'imaginer vivant à New York, Londres ou Paris. Tout ce qui m'intéressait, c'était avoir une chance d'aller entendre les grands noms du jazz, et dans les années 1970, il y en avait encore beaucoup dans le circuit.
Actuellement, les jeunes qui veulent faire du jazz vont généralement s'inscrire dans une école de musique, or, à mon époque, c'était tout à fait différent. Ceux qui voulaient faire de la musique classique entraient dans un conservatoire, mais ceux qui voulaient jouer pour le simple plaisir de faire de la musique restaient chez eux et jouaient non stop. D'autre part, vers la fin les années 70, il n'y avait pas de cours de jazz en Israël et, à Jérusalem, ma ville natale, il n'y avait qu'un club de jazz.
C'était le Pargod, et il était installé dans les locaux d'anciens Bains Turcs rénovés. Le vendredi après-midi, ils organisaient un bœuf, et pour mes deux premières années de jazz, ces bœufs étaient l'essence même de mon existence. J'avais, littéralement, arrêté tout le reste et ma seule activité consistait à m'entraîner jour et nuit pour me préparer à la session suivante. J'écoutais de la musique, je retranscrivais certains grands solos, il m'est même arrivé de jouer en dormant.
J'avais décidé de consacrer ma vie à faire du jazz, acceptant l'idée qu'en tant qu'Israélien et blanc, mes chances d'arriver au sommet étaient plutôt minces. Sans m'en rendre compte, à l'époque, ma passion naissante pour le jazz avait englouti mon sectarisme sioniste. Sans m'en rendre compte, je m'étais débarrassé de ce truc sur "le peuple élu". J'étais devenu un être humain ordinaire. Ce n'est que des années plus tard que j'ai compris que c'est le jazz qui m'avait permis d'échapper à tout ça.
En l'espace de quelques mois, je me suis senti de plus en plus déconnecté de la réalité qui m'entourait, me considérant comme le membre d'une famille bien plus large et bien plus géniale.
Une famille d'amateurs de musique, une bande de gens adorables qui s'intéressaient à la beauté et l'esprit au lieu de territoires et d'occupation.
Mais, il me restait toujours à effectuer mon service militaire. Si les générations suivantes de musiciens de jazz israéliens se soustrayaient aux obligations militaires en s'enfuyant à New York, la Mecque du jazz, pour un jeune garçon comme moi, d'origine sioniste à Jérusalem, il n'y avait pas d'alternative possible, d'ailleurs, cette éventualité ne m'avait même pas effleuré.

En juillet 1981, je me suis engagé dans l'armée israélienne, mais, je suis fier de dire que dès le premier jour, j'ai tout fait pour éviter tout appel du devoir.
Non pas que j'étais pacifiste, ni que je me souciais beaucoup du sort des Palestiniens, ni encore que j'étais porté par une passion secrète pour la paix, non, tout simplement parce que j'adorais me retrouver seul avec mon saxophone.

Quand a éclaté la première guerre du Liban, cela faisait un an que j'étais à l'armée. Pas besoin d'être un génie pour deviner la vérité, je savais que nos dirigeants mentaient. Chaque soldat israélien se rendait bien compte que cette guerre était une agression de la part d'Israël.
Personnellement, je n'étais plus du tout attaché à la cause sioniste. Je n'avais plus le sentiment d'en faire partie. Cependant, ce n'était toujours ni la politique ni le sens moral qui me motivaient, c'était mon désir d'être seul avec mon saxo. Faire des gammes à la vitesse de la lumière me semblait bien plus important que de tuer des Arabes au nom de la rédemption des Juifs. Et c'est ainsi qu'au lieu de m'évertuer à devenir un tueur patenté, je concentrais tous mes efforts à essayer de me faire engager dans une des fanfares militaires.
Il m'a fallu plusieurs mois pour y arriver, mais j'ai réussi à atterrir en douceur dans l'orchestre de l'armée de l'air israélienne (Israeli Air Force Orchestra - IAFO). Il n'y avait que deux possibilités pour intégrer l'IFAO: soit on avait décelé en vous un musicien de jazz au talent prometteur, soit vous étiez le fils d'un pilote mort en mission.
Le fait d'avoir été admis, sachant que mon père était encore de ce monde, m'a pour la première fois conforté dans l'idée que j'avais peut-être du talent.
A ma grande surprise, aucun des musiciens de l'orchestre n'était un passionné d'armée.
Nous ne nous intéressions qu'à une chose: développer notre talent musical personnel.
Nous détestions l'armée et il n'a pas fallu bien longtemps pour que je me mette à haïr l'état qui avait une si grande armée avec des forces aériennes si importantes qu'elle avait besoin d'un orchestre qui m'empêchait de m'exercer 24h sur 24 et 7 jours sur 7.
Quand on nous faisait venir pour jouer lors d'une manifestation militaire, nous nous efforcions de jouer le plus mal possible de façon à ne plus jamais être réinvités. C'est au sein de l'orchestre que j'ai appris à être subversif. Comment détruire le système afin d'atteindre la perfection pure au niveau personnel.

A l'été 1984, juste trois semaines avant de me débarrasser de mon uniforme militaire, nous avons été envoyés au Liban pour une tournée de concerts. A l'époque, le Liban était un endroit très dangereux et l'armée israélienne était installée dans des bunkers et des tranchées profondément enfouis pour éviter tout contact avec la population locale.
Le deuxième jour, nous sommes arrivés à Aszar, un camp de concentration israélien de sinistre réputation installé sur le territoire libanais.
Et c'est l'événement qui a changé ma vie.
Il faisait une chaleur d'étuve en ce début de juillet. Un chemin de terre poussiéreux nous a conduits jusqu'à l'enfer sur terre. Un immense centre de détention entouré de barbelés. Pour aller jusqu'au quartier général du camp, nous avons dû passer devant des milliers de détenus à la peau brûlée par le soleil.
C'est difficile à croire, mais les orchestres militaires sont toujours bien accueillis. Une fois arrivés devant le QG des officiers, nous sommes allés faire un tour guidé du camp. Nous avancions le long d'interminables grillages de barbelés et de miradors. Je n'en croyais pas mes yeux.
Qui sont ces gens?, ai-je demandé à l'officier-guide.
Ce sont des Palestiniens, m'a-t-il répondu. Ici, à gauche, vous avez les OLP et là, à droite, les "Ahmed Jibril" (le FPLP, Front populaire de la Palestine), ils sont beaucoup plus dangereux que les autres alors, on les isole.
J'ai regardé les détenus et ils avaient l'air totalement différents des Palestiniens que je rencontrais à Jérusalem. Ceux que je voyais à Ansar étaient en colère. Ils n'étaient pas vaincus et ils étaient nombreux.
En avançant le long des barbelés, je regardais fixement ces détenus et j'ai alors réalisé l'atroce vérité: j'étais vêtu de l'uniforme de l'armée israélienne. Alors que je pensais à mon uniforme, essayant de régler le terrible sentiment de honte naissante, je me suis retrouvé sur un grand terrain plat au milieu du camp. Nous nous sommes arrêtés là, entourant l'officier qui nous servait de guide, et qui nous donnait d'autres informations, d'autres mensonges sur la guerre en cours pour défendre notre havre juif.
Pendant qu'il nous ennuyait à mourir avec ses mensonges absurdes, j'ai remarqué que nous étions entourés d'une vingtaine de blocs de béton d'environ un mètre carré de superficie sur un mètre trente de hauteur. Il y avait une petite porte métallique et j'étais horrifié à l'idée que mon armée avait peut-être décidé d'enfermer pour la nuit dans ces constructions les chiens de garde. Mettant mon "chutzpah" israélien en action, j'ai demandé au guide à quoi servaient ces horribles cubes de béton.
Il a répondu aussitôt: "Ca? ce sont nos cellules d'isolement, deux jours dans une de ces cellules et vous êtes plus sioniste que les sionistes".

C'en était trop pour moi. C'est donc dès 1984 que j'ai réalisé que ma relation avec l'état israélien et le sionisme était terminée.
Et pourtant, je ne connaissais pas grand-chose de la Palestine, de la Nabka ou même sur le judaïsme et la judéité. J'ai seulement réalisé qu'en ce qui me concernait, Israël, c'était pourri et je ne voulais plus rien avoir à faire désormais avec ce pays.
Deux semaines plus tard, je rendais mon uniforme, j'attrapais mon saxo alto, je prenais la navette pour l'aéroport Ben Gourion et je partais pour l'Europe pendant quelques mois.
A l"âge de 21 ans, j'étais libre pour la première fois. En décembre, comme il faisait trop froid, je suis retourné chez moi avec la ferme intention de revenir en Europe.
Il m'a fallu attendre encore 10 ans avant de pouvoir quitter Israël définitivement.
A cette époque, je commençais à en apprendre de plus en plus sur le conflit israélo-palestinien, sur l'oppression. Je commençais à accepter le fait que je vivais sur le territoire de quelqu'un d'autre. Je commençais à intégrer le fait terrible qu'en 1948, les Palestiniens ne voulaient pas réellement partir de leur plein gré, mais qu'ils avaient subi une épuration ethnique brutale de la part de mon grand père et ceux de son espèce. Je me suis mis à réaliser que l'épuration ethnique n'avait jamais rebuté Israël, simplement, elle prenait des formes différentes. Je me suis mis à réaliser que le système judiciaire était totalement raciste.
Un bon exemple en était le "Droit au retour", une loi qui encourage les Juifs à revenir chez eux 2000 ans plus tard mais qui empêche les Palestiniens de retourner sur leur terre et dans leurs villages après deux ans d'absence. Et pendant tout ce temps-là, ma carrière de musicien évoluait. J'étais devenu producteur de musique et musicien de jazz reconnu.
Mais, je ne m'étais toujours pas véritablement investi dans une activité politique quelconque. J'avais étudié à la loupe le programme de la gauche israélienne et j'en avais déduit qu'il s'agissait plus du programme d'une œuvre sociale que d'une structure idéologique fondée sur une éthique.
Au moment des accords d'Oslo (1994), j'en avais assez vu. J'ai réalisé que la paix pour Israël, c'était du pipeau. Elle n'allait pas conduire à une réconciliation avec les Palestiniens, ni à remettre en cause le péché originel des sionistes. Au contraire, elle était destinée à consolider l'existence de l'état juif aux dépens des Palestiniens. Il n'était absolument pas question du droit au retour des Palestiniens. J'ai décidé de quitter ma maison, d'abandonner ma carrière. J'ai tout quitté, même ma femme, Tali, qui est venue me rejoindre par la suite. Tout ce que j'avais emporté, c'était mon saxo ténor, mon seul ami véritable.

Je me suis installé à Londres où j'ai suivi des cours de philosophie en troisième cycle à l'université d'Essex. Et en l'espace d'une semaine à Londres, je réussissais à me faire embaucher au Black Lion, pub irlandais mythique dans Kilburn High Road. A l'époque, je ne réalisais pas la chance que j'avais eue. Je ne savais pas combien il était difficile d'arriver à se produire à Londres. En fait, c'est ce qui a marqué le début de ma carrière internationale de musicien de jazz. En l'espace d'un an, j'étais devenu très connu au Royaume Uni comme musicien de be-bop et d'après be-bop. Et trois ans plus tard, je faisais des tournées dans toute l'Europe avec mon jazz band.
Cependant, je n'ai pas mis longtemps à avoir la nostalgie du pays. A ma grande surprise, ce n'était pas Israël qui me manquait. Ce n'était pas Tel-Aviv, Haïfa ou Jérusalem. C'était, en réalité, la Palestine.
Ce n'était pas le chauffeur de taxi grossier à l'aéroport Ben Gourion, ni un centre commercial à Ramat Gan, c'était le petit restau d'houmous à Yafo au coin des rues Yesfet et Salasa. C'était les villages palestiniens qui s'étendaient sur les collines entre les champs d'oliviers et les figues de barbarie. J'ai réalisé que chaque fois que j'avais le mal du pays, je me retrouvais à Edgware Road, où je passais la soirée dans un restaurant libanais. Et, quand je me mettais à penser à Israël en public, il s'est vite avéré qu' Edgware Road était ce qui se rapprochait le plus de mon pays natal.
Je dois admettre que quand j'étais en Israël, je ne m'étais pas du tout intéressé à la musique arabe. Un colon ne s'intéresse pas à la culture indigène.
J'ai toujours adoré la musique folklorique. En Europe, on me présentait comme un spécialiste de musique klezmer.
Au fil des ans, je me suis mis à jouer de la musique turque et grecque. Mais, j'avais complètement occulté la musique arabe et, en particulier, la musique palestinienne.
Une fois à Londres, dans ces restaurants libanais, j'ai réalisé que je ne m'étais jamais véritablement intéressé à la musique de mes voisins. Plus inquiétant, je l'avais complètement ignorée, même si je l'entendais tout le temps. Elle était partout autour de moi, mais je ne l'avais jamais réellement entendue. Elle était là, à chaque recoin de mon existence. L'appel à la prière qui venait des mosquées sur les collines, Oum Kalthoum, Farid El Atrash , Abdel Halim Hafez , étaient présents à chaque recoin de ma vie, dans la rue, dans les petits cafés de la vieille ville à Jérusalem, dans les restaurants. Ils étaient partout mais je les avais, de façon grossière, totalement ignorés.
Vers l'âge de 34-35 ans, loin de ma terre natale, je me suis penché sur la musique indigène de mon pays. Cela n'a pas été facile. C'était à la limite de l'inaccessible. Autant le jazz, je m'en imprégnais aussitôt, autant la musique arabe, cela m'était pratiquement impossible. Je passais un morceau et j'attrapais mon saxo ou ma clarinette, j'essayais d'en saisir l'essence, mais ce que je faisais avait des sonorités étrangères. J'ai vite réalisé que la musique arabe était un langage totalement différent. Je ne savais pas par où commencer ni comment l'approcher.
Le jazz est une création occidentale. Il a évolué au XX°s et s'est développé en marge du secteur musical classique. Le be-bop, la musique avec laquelle j'ai grandi, se compose de morceaux de musique relativement courts. Les airs sont courts parce qu'il fallait les faire tenir dans le format de disque des années 40 (3 min.). Et la musique occidentale peut facilement se retranscrire sur papier avec les notes et les accords.
Le jazz, comme toute forme artistique occidentale, est en partie numérique. La musique arabe, en revanche, est analogique, elle ne peut se retranscrire. Une fois retranscrite, elle perd toute authenticité. Et alors que j'avais atteint suffisamment de maturité pour affronter la musique de mon pays, voilà que c'était mes connaissances musicales qui constituaient un obstacle.
Je ne voyais pas ce qui pouvait bien m'empêcher de capturer les sonorités de la musique arabe. Je ne comprenais pas ce qui clochait. J'avais beau y consacrer du temps, à écouter et à m'entraîner, rien à faire, ce n'était pas ça.
Les critiques musicaux européens appréciaient de plus en plus mon nouveau style et commençaient à me considérer à la fois comme un nouveau héros du jazz qui avait su rapprocher les genres musicaux et comme spécialiste de la musique arabe. Moi, je savais qu'ils avaient tort, même si je faisais tous les efforts nécessaires pour "rapprocher les genres", je voyais bien que la musique que je produisais était étrangère à l'essence même de la musique arabe.
Et c'est alors que j'ai trouvé une astuce. Dans les concerts, quand je cherchais à reproduire le style oriental, je chantais d'abord le vers d'un chant qui me rappelait les sons que j'avais occultés au cours de mon enfance, essayant de me remémorer les échos de l'appel à la prière du muezzin, qui, depuis les vallées alentour, s'insinuaient dans les ruelles de la ville. J'essayais de me remettre en mémoire la musique surprenante et obsédante de mes amis Dhafer Youssef et Nizar Al Issa
L'an dernier, alors que j'enregistrais un album en Suisse, j'ai réalisé que la façon dont je jouais la musique arabe n'était plus un problème. En réécoutant quelques morceaux, j'ai soudain réalisé que les sonorités de Jenine, d'Al-Quds et de Ramallah jaillissaient tout naturellement des enceintes.
J'ai réfléchi à ce qui s'était passé, à la raison pour laquelle, brusquement, j'avais réussi à produire un son authentique.
Et j'ai réalisé que j'avais laissé tomber la primauté de l'œil et que j'étais passé à la prééminence de l'oreille. Je n'avais pas cherché l'inspiration dans la retranscription, ni des notes, ni des accords. Au lieu de cela, j'écoutais ma voix intérieure. Le fait que j'aie eu du mal avec la musique arabe m'a rappelé pourquoi je m'étais mis à la musique initialement. En fait, je ne regardais jamais Bird sur MTV, je préférais l'entendre à la radio.

J'aimerais terminer cette réflexion en disant qu'il serait temps que nous apprenions à écouter les gens que nous aimons.
Il serait temps que nous entendions les Palestiniens plutôt de que nous référer à de vieux manuels en lambeaux.
Il serait temps.
Ce n'est que récemment que j'ai réalisé que l'éthique intervient quand les yeux se ferment et que les échos de la conscience forment un air au plus profond de notre âme.
S'identifier à l'autre, c'est accepter la primauté de l'oreille.

(traduction française entièrement reprise chez "Des bassines et du Zèle")

Le passant admire depuis longtemps les musiques de Gilad.

Place au silence.

7.1.09

714 - Pusse "Gute Nacht"




Si vous avez aimé "Madame silence", rien ne vous oblige aussi à éprouver pareil pour cette bonne nuit. Mais tout aussi, faut être cohérent.
Toujours pareil, donc impossible à décrire, car le coup des cases à cocher, ce n'est pas le genre de la maison du passant.
C'est même une impossibilité.
De cocher.

Qui sont Pusse ?
Alors là, pour la fiche technique, voyez Mon Slip !
C'est même dans Mon Slip que vous allez vous précipiter pour vous fournir en Pusse.

Mais si vous n'arrivez toujours pas à vous y faire, alors effacez de votre disque dur cet objet.
C'est la règle implicite.
Le but, c'est de vous inciter à acheter.
Puis à vous sortir pour aller voir.
Et écouter en vie.

713 - Ils restent en prison

[AFP 07/01/2008] – La cour d’appel de Paris a refusé mardi la remise en liberté d’Yldune Lévy, compagne de Julien Coupat, mise en examen dans l’enquête sur les dégradations contre des lignes ferroviaires à grande vitesse, a annoncé son avocat, Me Steeve Montagne. La chambre de l’instruction de la cour d’appel a suivi les réquisitions du parquet général qui demandait qu’une décision d’un juge des libertés et de la détention (JLD) s’opposant à la remise en liberté de la jeune femme soit confirmée.

Le JLD avait justifié sa décision par le fait qu’Yldune Levy n’avait pas encore été interrogée par le juge d’instruction chargé de l’enquête, Thierry Fragnoli. Sa première audition par le magistrat depuis sa mise en examen est prévue jeudi après-midi, selon Me Montagne.

Mise en examen le 15 novembre pour destructions en réunion et association de malfaiteurs à visée terroriste, Yldune Lévy est la dernière des neuf personnes dite du “groupe de Tarnac” à être incarcérée avec Julien Coupat, présenté comme le chef de cette “cellule invisible” anarcho-autonome.

712 - Non à la banalisation des législations d'exception ! Michel Terestchenko

Au cours d'un colloque qui se tint à Berlin à la fin des années 1990, le professeur de droit Günther Jakobs recommandait que nos sociétés démocratiques établissent une distinction entre le droit pénal des citoyens et le droit pénal de ceux qu'il appelle "les ennemis de l'ordre public" : "Celui qui veut être traité comme une personne, expliquait-il, doit de son côté donner une certaine garantie explicite qu'il va se comporter comme une personne. Si cette garantie fait défaut, ou même si elle est formellement refusée, le droit pénal n'est plus la réaction de la société contre l'un de ses membres, mais devient la réaction contre un ennemi."

Une telle distinction, qui entend légitimer l'instauration d'une législation de combat, présuppose que tout citoyen soit en mesure d'apporter la preuve que son comportement - non ses actes, serait-il simplement soupçonné de les avoir commis - ne constitue pas une menace potentielle pour la société. Si l'on devait suivre une telle recommandation, s'instaurerait un ordre du soupçon généralisé auquel personne ne pourrait échapper, mettant en cause la présomption d'innocence et les principes fondamentaux de notre conception du droit. S'agit-il là de simples divagations d'un universitaire, conduisant à appliquer à tout citoyen la distinction établie par le juriste Carl Schmitt entre l'ami et l'ennemi ?

Il y a, hélas, tout lieu de craindre que non si l'on considère l'évolution des mentalités gouvernementales et des pratiques judiciaires. Je parle ici de la France, non de l'Allemagne. On en voit un triste exemple dans le sort réservé à Julien Coupat et à sa compagne, Yldune Lévy. Tous deux ont été incarcérés, le 16 novembre 2008, avec plusieurs membres d'une prétendue "cellule invisible", pour leur responsabilité présumée dans le sabotage contre les lignes TGV, qualifiée d'"entreprise terroriste", mais ils sont les seuls à être aujourd'hui encore maintenus en détention sans qu'aucune preuve formelle ait pu, semble-t-il, être apportée à leur participation à cette action. Une action, au reste, qui, en seraient-ils responsables, ce qui n'est pas établi, ne relève nullement de l'intention de faire régner la terreur par un attentat contre des civils innocents, sauf à tomber dans une lamentable et effrayante dérive sémantique. C'est pourtant là le point décisif, car c'est principalement sur la base de cette qualification des faits que la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris a décidé, vendredi 26 décembre, de maintenir Julien Coupat en détention préventive. Quant à Yldune Lévy, elle n'a toujours pas été auditionnée par un juge d'instruction, un mois et demi après son arrestation.

A l'origine de cette étrange rigueur, une circulaire, datée du 13 juin 2008, de la direction des affaires criminelles et des grâces du ministère de la justice, qui s'inquiète de la "multiplication d'actions violentes commises sur différents points du territoire national susceptibles d'être attribuées à la mouvance anarcho-autonome". Il est demandé aux parquets d'"apporter une attention particulière à tous faits (des inscriptions - tags - jusqu'aux manifestations de soutien à des étrangers en situation irrégulière) pouvant relever de cette mouvance afin d'en informer dans les plus brefs délais la section antiterroriste du parquet du tribunal de grande instance de Paris pour apprécier de manière concertée l'opportunité d'un dessaisissement à son profit". Dans un communiqué intitulé "La direction des affaires criminelles voit des terroristes partout" (26 juin 2008), le Syndicat de la magistrature soulignait le risque que cette circulaire pouvait faire courir, celui "de permettre une extension quasi illimitée d'une législation d'exception" et "de renforcer la répression à l'encontre des différents acteurs du mouvement social". Une inquiétude aujourd'hui amplement justifiée par les faits.

Nous apprenons, en effet, que Julien Coupat et Yldune Lévy, incarcérés l'un à la prison de la Santé et l'autre à Fleury-Mérogis, sont traités comme des détenus particulièrement surveillés (DPS), auxquels s'appliquent des mesures de précaution liées à leur prétendue dangerosité.
C'est ainsi que, selon une révélation du Canard enchaîné du 17 décembre, "depuis un mois, à la maison d'arrêt des femmes de Fleury-Mérogis, la nuit, toutes les deux heures, la lumière s'allume dans la cellule d'Yldune Lévy, présumée d'"ultragauche" saboteuse de caténaires SNCF (...). Officiellement, c'est "pour la protéger d'elle-même". En réalité, comme le concèdent des juges en privé, il s'agit d'abord d'"attendrir la viande" de cette "dangereuse terroriste"".
A la question posée par le journal Libération (11 décembre) : "Comment s'expriment leurs velléités terroristes ?", le contrôleur général Christian Chaboud, responsable de la lutte antiterroriste, a répondu : "De par leur attitude et leur mode de vie."

Avec l'altération des rythmes de sommeil, c'est ainsi une des méthodes de privation sensorielle utilisée à grande échelle par les forces américaines dans le cadre de la "guerre contre la terreur", qui serait employée en France à l'endroit d'une personne présumée innocente. Le but est toujours le même : briser la résistance psychique du détenu. Or de telles pratiques, dont la capacité destructrice est indéniable, sont qualifiées, en droit international, d'actes de torture. C'est à ce titre qu'elles font l'objet d'une prohibition inconditionnelle.

Nul besoin d'entrer dans le fond du dossier ni d'être lié à la mouvance de l'ultragauche pour dénoncer et condamner ces méthodes dont l'apparition et la légitimation sont inévitables dans une société où le discours de la menace et de la peur conduit à bafouer les règles de la justice ordinaire. A quoi bon s'indigner de la législation d'exception mise en oeuvre par l'administration Bush à Guantanamo sur des centaines de prétendus terroristes si nous entrons à notre tour dans la même régression, serait-elle de moindre gravité, à la faveur d'un consensus plus ou moins tacite ? Au-delà de décisions de justice qui éveillent, pour le moins, notre perplexité - même si nous ne savons pas tout et qu'une certaine prudence s'impose -, au-delà du traitement carcéral réservé à ces détenus, qui sont toujours, faut-il le rappeler, présumés innocents, et qui soulève notre indignation, au-delà même du développement de l'esprit sécuritaire dont nous devons refuser les pièges parce qu'il ébranle la garantie que la démocratie doit apporter à la défense des libertés publiques fondamentales, c'est d'abord la "métaphorisation" de la notion de terrorisme qu'il faut rejeter absolument.

Lorsque le langage cesse d'établir et de garantir notre relation de confiance avec le monde, il y a tout lieu de craindre que la société vacille dans son ensemble. La justice en particulier. Notre devoir de vigilance a dans les temps présents, ici et ailleurs, trouvé assez de raisons de s'exercer pour que nous exigions que notre démocratie demeure respectueuse des principes qui la constituent et qu'aucune forme de torture, serait-elle psychologique, ne s'exerce à l'endroit de quiconque. Au surplus, l'extension immodérée de la justice d'exception est une dérive dont personne ne peut désormais être assuré qu'il n'en soit un jour victime.

Michel Terestchenko est philosophe et auteur "Du bon usage de la torture" (La Découverte, 216 p., 15 euros).

Le Monde

6.1.09

711 - L'insurrection qui vient


En téléchargement par ici, sur le site de la Fabrique

Le terme "insurrection" vient du latin insurrectio, -onis « action de s'élever ».


S'élever, simplement.

5.1.09

710 - Darcos, encore et toujours (hélas !) de cette droite sans complexe !

Madame, monsieur,

Les citoyens de ce pays se laissent endormir par une sectorisation des attaques incessantes contre le système éducatif. En tant que Maire et ancien instituteur je suis effaré par l'accumulation des mesures destructrices qui laissent préluder à une mise en pièces de l'enseignement primaire.

Depuis sa nomination en mai 2007, le ministre de l'éducation nationale, M. Xavier Darcos, a en effet déjà à son actif :

· la suppression de la carte scolaire, qui institue la concurrence entre écoles et accélère la formation de ghettos scolaires ;

· la promulgation de « nouveaux » programmes (dont les rédacteurs ne sont toujours pas connus !) contraires à l'avis de la profession et des chercheurs, après une mascarade de concertation, menée dans la précipitation ;

· la diminution de 2 h du temps hebdomadaire d'enseignement (l'équivalent de 3 semaines par an !) et la réorganisation de la semaine décidée contre les préconisations des professionnels et des spécialistes des rythmes scolaires ;

· le discrédit jeté sur l'action des enseignants de l'école publique, notamment en trompant l'opinion sur les performances de l'école française dans les évaluations internationales et sur le coût réel de notre école ; il ne cesse d'accréditer l'idée, portée par les groupes ultralibéraux, mais démentie par les spécialistes, que les résultats français sont plus mauvais que la moyenne et en baisse et que les dépenses sont plus élevées que=2 0nos voisins et en hausse ;

· des déclarations fausses et insultantes sur les maternelles considérées comme de simples garderies où le travail des enseignants consiste à « surveiller la sieste et à changer les couches » ;

· la disparition programmée des IUFM, revenant à supprimer la formation professionnelle, au lieu de chercher à l'améliorer ;

· l'étranglement financier des associations éducatives complémentaires de l'enseignement public ;

· les atteintes au droit syndical, au paritarisme et au droit de grève ;

· la mise en place du fichier base-élèves, comportant des données qui mettaient gravement en cause les libertés individuelles et le droit à l'éducation des enfants étrangers, quel que soit le statut de leurs parents ;

· le financement (pour 220 000 euros) d'une officine privée qui doit surveiller les prises de position des enseignants sur le web, « repérer les leaders d'opinion, les lanceurs d'alerte et analyser leur potentiel d'influence et leur capacité à se constituer en réseau ».

Il vient aussi de faire inscrire dans le budget 2009 :

· la suppression brutale de 3 000 postes d'enseignants spécialisés des RASED, tout en proclamant vouloir diviser par 3 le taux d'élèves en grande difficulté scolaire et en tentant de faire croire que la mise en place des 2 h d'aide personnalisée pourrait remplacer le travail des enseignants spécialisés ;

· la baisse de 30 % des postes mis au concours en 2009 et, par voie de conséquence, de la formation continue remplacée par les PE2, avant sa disparition totale en 2010…
> > Tout récemment, il a confirmé que trois autres « réformes » seront mises en place en 2009 :

· la création de l'Agence national et du remplacement, qui pourrait employer des maîtres non certifiés et précarisés ;

· la création des EPEP et la caporalisation des maîtres par des « super-chefs », les directeurs d'EPEP (500 postes ont été budgétisés pour cela) ;

· la suppression de la maternelle entre 2 et 3 ans, remplacée par un « jardin d'éveil » à la charge des communes et des familles, premier pas vers la suppression de la maternelle avant 5 ans, réclamée par des amis politiques du ministre.
> Et voici que, début novembre, plutôt qu'une revalorisation des salaires des enseignants, M. Darcos annonce qu'il octroiera une prime de 400 euros aux maîtres qui feront passer les évaluations nationales au CE1 et au CM2.
> C'en est trop ! C'est maintenant notre dignité qui est bafouée !

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Depuis toujours, les enseignants assument la passation d'épreuves d'évaluation, la correction et l'analyse des résultats, sans penser à demander une rémunération spéciale, car l'évaluation des apprentissages de nos élèves fait partie de nos missions. De plus, quand il s'agit d'évaluations nationales, le plus souvent nous faisons la correction et l'analyse collectivement (en dehors des heures de classe), car les résultats à un niveau donné d'enseignement concernent toute l'équipe des maîtres, en amont et en aval. Alors, pourquoi cette prime, telles des cacahuètes jetées à des singes ? M. Darcos anticipe-t-il des résistances du fait que ces épreuves, entourées du plus grand secret, sont annoncées comme très difficiles par le ministère et qu'elles feront apparaître une énorme proportion d'élèves en grande difficulté, sans rapport avec la réalité ? Redoute-t-il que ces épreuves mettent plus nettement en évidence la malfaisance des programmes 2008 ? Craint-il que la profession y voie une rupture avec les exigences du Socle commun de connaissances et de compétences, conçu à partir des programmes de 2002, et qui est toujours en vigueur ? A-t-il peur que les enseignants refusent de faire passer les épreuves et veut-il acheter notre soumission ? Parie-t-il sur les difficultés financières des enseignants pour les opposer les uns aux autres et diviser les équipes d'écoles ?
>

Demandons la mise en place d'un Conseil national de l'évaluation à l'école comprenant des praticiens, des formateurs et des chercheurs pour mettre au point une politique de l'évaluation et élaborer des outils pour les équipes d'écoles et de cycle, au service des apprentissages des élèves définis par le Socle commun de connaissances et de compétences.
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Appelons les conseils des maîtres et les conseils d'école à prendre, dès à présent, des mesures fortes pour protéger les enfants et les écoles des méfaits éventuels des épreuves nationales CE1 et CM2, que ce soit en raison du contenu des épreuves ou de leur utilisation. Nous les appelons en particulier à refuser fermement toute publication des résultats des écoles.
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Nous ne pouvons plus continuer à subir cette politique scolaire fondée sur la concurrence entre les collectivités, entre les élèves, entre les familles, entre les écoles et entre les maîtres. Elle est contraire à l'idéal de citoyens responsables et solidaires qui fonde notre école laïque et républicaine.

Tous les maires républicains doivent en avoir conscience et dénoncer cette avalanche de coups bas contre le corps enseignant abandonné le plus souvent dans la tourmente de réformes qui visent à le mettre à genoux.

Jean Marie DARMIAN

Maire de Créon

Conseiller général de la Gironde